LE MALHEUR DES UNS FAIT LE BONHEUR DES AUTRES
DÉMOLITION DU PONT SÉNÉGAL 92

C’est ce vendredi que la cérémonie de démolition du pont Sénégal 92 a eu lieu. Ainsi, cette infrastructure qui date de plus d’une vingtaine d’années va disparaître dans quelques jours. Elle cédera la place aux «voies de l’émergence». Toutefois, si les commerçants et conducteurs de transport en commun ne veulent pas de ces travaux, car leur causant des pertes d’argent énormes, les usagers et populations de Dakar, de manière générale, des quartiers environnants en particulier, saluent la mesure
A quelques heures du lancement de l’opération pour la démolition du pont Sénégal 92, vendredi dernier, Grand Yoff, Hlm Grand Yoff et Grand Médine semblent être prêt à accueillir de nouvelles modifications dans leur circonscription.
Les populations de ces quartiers qui entourent le pont sont habituées aux bruits gé- nérés par les automobilistes mais aujourd’hui elles font face à un bruit plus assourdissant causé par la mise en place des voies de déviation pour réguler la circulation. Les agents de l’Ageroute, les ouvriers de la Cse, les piétons et les marchands ambulants se trouvent entre klaxons, coups de sifflet et l’incessible bruit des moteurs des Caterpillars.
Perdus au cœur de tout ces changements, ils semblent se réjouir de la future démolition de ce pont vieux de plus de 20 ans en espérant que la livraison du nouveau pont se fera dans les délais c’est-a-dire dans un an. En attendant, ils se contentent à contempler les allers et retours autour du pont Sénégal 92.
Parmi eux, des «Boudioumanes », et quelques tabliers qui ont été déguerpis pour laisser la place à l’aménagement des «voies de l’émergence». Par endroit, on constate que quelques uns de ces vendeurs sont encore sur place en attendant l’assaut final.
A eux, se jointent les laveurs de voitures et conducteurs de taxis, habitués à prendre leur pause sous un arbre à quelques mètres du pont. Ici, les commentaires sur la démolition de l’édifice mais aussi sur le type d’infrastructures qui y sera érigé vont bon train.
Entre une tasse de thé ou une gorgée de café Touba chacun essaye de montrer à l’assistance qu’il est le plus informé sur le sujet. «C’est un pont de nouvelle génération qui va remplacer ce vieux bâtisse que le parti socialiste nous a laissés.
Aujourd’hui, je vais rester ici jusqu’à tard dans la nuit parce que je veux entendre les détonations quand les mines vont exploser pour démolir le seul héritage public que les socialistes nous ont laissé après 40 ans de pouvoir», déclare Amadou Guèye, vendeur de café Touba. Il est interrompu par Asse Ndiaye chauffeur au chômage qui espère trouver un travail de journalier dans ce chantier.
«Tu ne maîtrises pas ce que tu dis. Ce n’est pas des mines qu’ils vont poser pour démolir le pont mais plutôt des dynamites », rectifie-t-il. La casquette bien vissée et les yeux cachés derrière des lunettes noires Ismaïla ajoute : «Vous ne savez pas ce que vous dites. Ils peuvent utiliser de gros engins pour faire tomber le pont étape par étape».
Sur ce, la discussion devient impossible. Un peu plus loin un groupe de personnes recrutées par l’Ageroute écoute avec attention les consignes de leur superviseur. Portant des gilets, ces agents sont chargés de réguler la circulation. Ils vont indiquer aux automobilistes les nouvelles voies de contournement. Et, il semble être déjà dans le bain car après avec leur superviseur, ils se sont vite positionner pour rendre la circulation beaucoup plus fluide.
Stade Léopold Sédar Senghor, garage des «Ndiaga ndiaye » et Clandos Cependant les plus malheureux sont les vagabonds qui avaient élus domicile sous le pont. Ils ont été déguerpis. Perdus, sans repères certains d’entre eux squattent les alentours de cette passerelle à la recherche d’un nouveau logis à ciel ouvert tandis que d’autres ont pris d’assaut la nouvelle corniche qui mène aux Hlm Grand Yoff.
Couchés ou assis à même le sol, ils semblent être chez eux. Un d’entre laisse entendre à notre endroit : «Ces travaux n’ont aucun avantage, nous voilà déguerpis à cause de ces infrastructures, nous sommes des chômeurs ». La devanture du stade Léopold Sedar Senghor commence à être envahi par les cars «Ndiaga ndiaye » et les Clandos.
Forcés à céder le passage à l’une des routes de déviation reliant désormais Parcelles assainies et Grand Yoff, les conducteurs de ces véhicules n’ont pas trouvé mieux comme garage. Apprenti chauffeur, habillé en jean déchiqueté et Tee-shirt orange décoloré par l’huile des moteurs Fallou Fall précise : «Les déviations seront les biens venus car si ce n’est pas le cas nous changerons de directions ».
Il poursuit : «Cependant, la démolition du pont est une bonne chose parce que d’ici un an, on aura un nouveau pont qui répondra certainement à l’attente des voituriers et je pense qu’il contribuera grandement à la réduction des embouteillages pour les personnes qui après une journée de dure labeur veulent rallier les Parcelles assainies, Pikine ou Guédiawaye». Sous le pont les ingénieurs font les derniers réglages pour la démolition finale du pont.