LE MUSÉE DE LA FEMME PRÉSENTE ‘’MA CALEBASSE D’HIER... À DEMAIN’’
RÉOUVERTURE DE SES PORTES À LA PLACE DU SOUVENIR AFRICAIN

Le musée de la femme Henriette Bathily a rouvert ses portes samedi dernier. La cérémonie fut un prétexte pour les femmes d’y tenir un panel et une exposition mettant en valeur la calebasse. Ses usages domestiques, musicaux, décoratifs, mystiques, pharmaceutiques et l’imaginaire auquel elle renvoie ont été mis en exergue par les panélistes et les artisans calebassiers qui ont exposé au sein de ce nouveau musée qu’abrite désormais la Place du Souvenir africain.
«Le musée de femme de Gorée a levé l’ancre pour accoster à la Place du Souvenir.» C’est par cette belle anaphore que l’administratrice de la Place du Souvenir africain, Adja Sy, a accueilli ses invités samedi dernier. Ils étaient nombreux à assister à la réouverture du musée de la femme Henriette Bathily.
Cet instant solennel durant lequel Annette Mbaye D’Erneville rompt la ficelle qui révèle ce joyau à la Place du Souvenir a été suivi de près par une foule impatiente de découvrir ce qui se trouve à l’intérieur.
La fondatrice du musée franchit la porte de cette salle qui donne accès à plusieurs objets d’art, tous faits à partir de calebasses. Là, elle affiche un sourire béat, signe de satisfaction. Créé en 1994 à Gorée, «le musée a été déplacé pour la rapprocher davantage de son public», informe Marie Pierre Mbaye, la directrice administrative dudit musée.
Heureuse, elle l’est de retrouver à la Place du Souvenir, une nouvelle maison tout comme la fondatrice, Annette Mbaye D’Erneville. «En quittant Gorée, il nous fallait un point de chute. Ici c’est notre nouvelle maison», dit-elle.
Même son de cloche chez Laurence Maréchal, la commissaire de l’exposition qui est heureuse de trouver une demeure pour ses œuvres d’art qui étaient menacées de détérioration sous l’effet nocif de la mer. Marie Pierre Mbaye, sollicite d’ailleurs à cet effet l’aide des partenaires afin de restaurer les œuvres détériorées.
La femme-calebasse
Même si les installations ne sont pas encore achevées, l’exposition a débuté. Dans cette salle, les femmes côtoient un outil qui leur est si familier et pourtant qu’elles ignorent tant. «Tout le monde connaît la calebasse. Les femmes l’utilisent tout le temps et pourtant elles n’en connaissent pas les multiples propriétés.» C’est l’une des raisons qui a motivé le choix du thème du panel et de l’exposition axé autour de «Ma calebasse d’hier...à demain», note Mme Mbaye.
En effet, si la calebasse était connue pour accompagner la femme ménagère dans ses activités domestiques (assiette, cuvette, récipient, entonnoir, et verre) ou comme instrument de musique (kora, balafon, violon), l’exposition a révélé une autre facette. A partir de la calebasse, on peut produire des parures, des boucles d’oreilles, des sacs, des rideaux et même des vêtements. Objet décoratif, la calebasse peut être un abat-jour, un pot de thiouraye que la femme entrepose dans sa chambre.
Fraîchement récoltée, la courge-calebasse intervient dans les recettes culinaires. Elle sert notamment à l’assaisonnement du couscous. Mais «ce patrimoine alimentaire a tendance à disparaître et à tomber en désuétude. Elle n’est utilisée que pendant les fêtes», regrette la gastronome Salimata Wade.
L’exposition présente en outre une femme-calebasse plantée au centre du décor. Elle surplombe tout. Comme pour dire que la femme ellemême est calebasse. La calebasse comme la femme est un réceptacle de nourriture.
Comme la femme, elle reçoit et protège, couvre, couve et endosse aussi. Ses pouvoirs sont énormes.