LE PM REFUSE DE PORTER LE COMBAT DES LIBÉRAUX
SORTIE DE L’AMBASSADEUR DE FRANCE, AFFAIRES MASSALY, AÏDA NDIONGUE...

Pour les députés libéraux qui se sont adressés hier au Premier ministre à l’Assemblée nationale, il est nécessaire que le gouvernement du Sénégal se prononce sur la sortie de l’ambassadeur de France pour marquer sa souveraineté, ainsi que sur le fonctionnement de la justice et le déroulement du procès de Karim Wade, en particulier. Mahammad Boun Abdallah Dionne les a renvoyés à leurs demandes d’ingérence servies aux puissances étrangères et formulées par leur mentor Abdoulaye Wade.
«De l’ingérence», «une démarche de colon», ce sont entre autres les expressions qui ont été convoquées par les députés libéraux pour inviter le gouvernement du Sénégal, présent hier à l’Assemblée nationale dans le cadre des questions d’actualité, à se prononcer sur la sortie de Jean Félix Paganon. «L’ambassadeur de France a déjà donné son verdict», s’est indignée Woré Sarr.
«Les Sénégalais ont été choqués lundi 9 mars (L’émission Grand jury en question a eu lieu le dimanche). Ils ont été bafoués dans leur dignité. Poussant sa logique de censeur, l’ambassadeur Jean Félix Paganon est allé jusqu’à prédire la réaction des Sénégalais en cas de verdict impopulaire. A ce jour, le gouvernement n’a pas réagi. Qu’est-ce que vous attendez pour vous prononcer ?», a demandé le Libéral Mamadou Lamine Thiam.
Alors que le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne sous-traitait certaines questions, il a décidé de prendre celle-ci en charge.
«Qui a entendu le gouvernement quand il y a eu un appel à l’ingérence par l’ancien président de la République. Qui a demandé à des juges français et américains de venir se substituer aux juges sénégalais ? Vous devriez avoir confiance en la justice sénégalaise. Nous ne sommes pas des manipulateurs de la justice... Cette obligation de rendre compte nous sera appliquée demain. On n’entendra pas le gouvernement sur ce que vous appelez ingérence», a rétorqué le Pm.
Il flatte Aïda Mbodj
Par ailleurs, le délit collé à Karim Wade ne devrait pas se limiter qu’à ce dernier, selon Me El hadji Diouf. Il a demandé au Pm le sort réservé «aux autres présumés milliardaires qui se sont enrichis du temps de Abdou Diouf et de Abdoulaye Wade». «Il faut que la loi s’applique à tout le monde pour qu’on ne puisse pas dire que Karim Wade était la personne visée», suggère-t-il.
Assurant l’intérim du ministre de la Justice, Abdoulaye Daouda Diallo a assuré au député-avocat que cette loi s’appliquera à toutes les personnes concernées. D’ailleurs, rappelle-t-il, «un ancien ministre a été inculpé par la Crei et il a bénéficié d’une liberté provisoire».
Ce que le Parquet a refusé à Mamadou Lamine Massaly. A ce titre, le ministre de l’Intérieur a fait savoir à Woré Sarr que cette affaire a dépassé le niveau «du flagrant délit». «Le dossier est à la Cour d’appel. Il appartient aux juges de se prononcer», dit-il. Comme c’est d’ailleurs le cas pour Karim Wade, selon toujours le ministre.
Concernant le dossier Aïda Ndiongue, le gouvernement a expliqué que la femme libérale est poursuivie pour deux délits : «l’escroquerie et l’enrichissement illicite». Selon Adoulaye Daouda Diallo, il revient aux juridictions d’en décider.
Toutefois, le Pm s’est évertué à flatter le député Aïda Mbodj, lorsque celle-ci a dépeint un tableau noir de l’économie sénégalaise en montrant que le taux de croissance visé est au-dessous de la moyenne dans la zone Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine).
Elle a aussi justifié la nécessité d’un dialogue politique, «condition» d’une éventuelle réussite du Plan Sénégal émergent. Au-delà des précisions apportées sur les taux de croissance comparés, M. Dionne lui a répondu en ces termes : «Le dialogue politique est là. Ça se passe ici à l’Assemblée nationale. Je sais que vous êtes une femme de dialogue et de paix. Vous partagez beaucoup d’idées du président de la République, il veut le dialogue.»