LES MALADES MENTAUX SE CONSOLENT DANS LE CENTRE D’ACCUEIL DU MARABOUT DES BAYE-FALL A TOBOR
FACE A L’IMPUISSANCE DES AUTORITES A GERER LEURS SITUATIONS

ZIGUINCHOR - Il était pourtant difficile, voire impossible, de marcher 100 mètres dans les artères de la ville de Ziguinchor sans croiser un malade mental. Aujourd’hui, une solution semble être trouvée par le marabout des Baye-Fall dans la région méridionale du pays, Serigne Dame Dieng. Ce dernier, très sensible à la situation que traversent ces personnes mentalement atteintes, a ouvert un centre de récupération et de la réinsertion sociale pour les déficients mentaux et les enfants en situation difficile. Ce centre situé à Tobor, un village installé à 10km de Ziguinchor, a pour mission de récupérer ces personnes rejetées par leurs familles et la société pour leur donner une nouvelle chance dans la vie.
«Si je dépasse un malade mental sur la route, je suis aussitôt choqué, et ma première réaction c’est de chercher à savoir qui sont ses parents et aller demander si je pouvais le récupérer dans mon centre. Je ne demande rien en contrepartie, mais l’essentiel, c’est que je puisse offrir à ce dernier une chance de retrouver la raison.
C’est tout le sens de la création de ce centre», explique, Serigne Dame Dieng, marabout des Baye-Fall à Ziguinchor. Ce guide religieux très influent en Casamance est le fondateur de ce centre, mais il est également le médecin traditionnel de ces jeunes. «J’y associe la médecine moderne et je fais appel à des psychiatres qui viennent souvent voir les malades, discuter avec eux et leur prescrire des ordonnances. Dès fois, on fait déplacer les malades à l’hôpital psychiatrique de Kenya (Ziguinchor) pour des traitements et ensuite, on me les ramène pour que j’assure le suivi. C’est vrai que c’est dur ce que je vis, mais c’est ma mission et je dois relever ce défi», confie-t-il.
D’ailleurs, un tour sur les lieux à Tobor a permis de constater que les enfants, en situation difficile, ont un maître coranique qui est chargé de leur enseigner le Coran. Ceux qui ont retrouvé la raison sont à l’école française. «Les gens n’ont pas vu pour l’instant l’importance de la récupération des enfants en situation difficile et déficients mentaux. Mais, je sais qu’un jour viendra, l’Etat se rendra compte que la récupération était une solution meilleure pour vaincre ce fléau, a estimé Serigne Dame Dieng. Homme religieux influent, ce dernier draine des fidèles de partout à travers la Casamance et la sous-région (Gambie et la Guinée-Bissau) et porte seul sur lui toutes les charges.
Une action de grandeur nature qui, pour certains, mérite d’être soutenue et accompagnée par les autorités gouvernementales et politiques pour combattre ce mal.