"MACKY 2012", UNE SI PRÉCOCE AGITATION
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"Macky 2012" se prépare à être aux affaires au second mandat de Macky Sall. Faute d’avoir réussi à desserrer les liens entre Benno bokk yaakaar et le chef de l’Etat, cette coalition investit le créneau d’une pré-campagne prématurée, histoire d’être aux affaires au second mandat.
Rien à faire, "Macky 2012" ne changera pas ! Cette coalition qui revendique avoir, la première, cru en l’étoile de Macky Sall attend toujours d’en être rétribuée.
Le week-end dernier, Jean Paul Diaz et ses camarades d’infortune n’ont pas mis de gants pour clamer tout haut leur déception. Même le Pr Malick Ndiaye dont on croyait avoir consommé son divorce avec le chef de l’Etat était là.
Face à la pugnacité de "Macky 2012", le chef de l’Etat s’est fait mordant. Lui aussi a martelé ne jamais cédé aux pressions. D’où qu’elles viennent ! Finalement tout est rentré dans l’ordre.
Reste que comme en France, soumise à une rude pré-campagne avec le retour de Sarkozy en politique, le Sénégal est dans la tourmente. Quinquennat oblige !
A deux ans de 2017, c’est le temps de la mobilisation dans les états-majors politiques. Mais, fait inédit, le branle-bas normalement attendu du côté de l’opposition se signale plutôt dans les rangs du pouvoir. "Macky 2012" est déjà sur le terrain.
Wade, alors opposant, était à deux ans de ses cinq Présidentielles dans une pré-campagne déchaînée. Déclarations fracassantes, retours mouvementés au pays après de longs séjours à l’étranger, activation tous azimuts des soutiens extérieurs, tout s’entortillait dans un climat d’enfer mettant aux abois le pouvoir socialiste.
Dans le confort de l’opposition, Wade parvenait à agacer Diouf, enfermé dans la discrétion qu’il avait érigée en style politique. On n’ignore si c’était un mot d’ordre de garder un profil bas, mais dans le camp du pouvoir de l’époque, on se retranchait plutôt derrière les éditoriaux au quotidien national Le Soleil ou alors les communiqués naturellement amputés de leur contexte.
Cette époque est, bien sûr, révolue. Les douze ans de Wade ont installé dans le champ politique un nouveau logiciel. Le mode opératoire ? Il suffit que le camp du pouvoir inonde les médias et par un système d’escalier millimétré laisse dégouliner, par saccades, les attaques pimentées à l’opposition pour que ça marche à merveille.
C’est le film qui s’est joué dans l’affaire Marième Faye Sall, assiégée la semaine dernière par des "plaintes" pour avoir, prétendent les plaignants, fait alimenter sa fondation par de l’argent douteux. Une symphonie de réactions indignées a alors occupé la toile, puis les journaux réduisant presque au ridicule les porteurs de la plainte.
"Macky 2012" donc est en ordre de bataille. La coalition qui s’est formée autour du candidat Sall en 2012 a dit à qui veut l’entendre qu’elle se prépare à la réélection du président de la République à la Présidentielle de 2017. Cette prise de position, somme toute prématurée, surprend plus d’un. L’entourage du chef de l’Etat était normalement attendu sur le terrain des réalisations du "Yoonu yokute".
A la place de cette bagarre de séduction, ce sont des militants, pied à l’étrier, lance à la main. "Macky 2012" a clairement annoncé qu’elle s’érigeait en base sociale politique, fer-de-lance de la victoire de Macky Sall en 2017. Cette option n’est pas calcul.
Visiblement, les camarades d’Arona Coumba Ndoffène Diouf et de l’ex-ministre de l’Education nationale Ibrahima Sall veulent inverser le cours politique des choses. Supplantée par Benno bokk yaakaar, cette coalition prend date et s’efforce de montrer que s’il y a victoire en 2017, c’est elle qui en est le socle.
Ce n’est pas, pour le moment, le cas aujourd’hui même si "Macky 2012" a tout fait pour desserrer les liens entre le chef de l’Etat et ses alliés de Bby. Cette sorte d’appendice de l’Alliance pour la République (Apr) annonce la couleur, elle voudrait être aux affaires à partir de 2017.
Pour y arriver, ces alliés de l’Apr font d’abord dans la solennité. Les camarades de Jean Paul Diaz invitent d’abord le chef du gouvernement M. Mahammad Boun Abdallah Dionne à l’ouverture de leur séminaire. A la clôture, ils réussissent un "miracle" : faire venir Macky Sall lui-même.
Même si ce fut houleux, "Macky 2012" est parvenu à prendre à témoin publiquement les plus hautes autorités de l’Etat. Mais que vaut ce "machin" ? Pas grand ’chose en termes de mobilisation électorale. C’est cette première alliance portée sur les fonts baptismaux avant le premier tour. Il s’agit d’un groupe de partis naissants, conscients de leurs limites face à la machine électorale libérale.
Souteneurs de Macky Sall au 1er tour de la Présidentielle 2012, les membres de "Macky 2012" se sont réveillés après quelqu’un an de gestion, une hache à la main. Il n’y a rien à faire, ils veulent se débarrasser à tout prix des alliés, faire leur entrée dans le gouvernement.
Le model du tout premier ministre de l’Education, Ibrahima Sall et le mouvement du Pr Arona Coumba Ndoffène Diouf, Zahra Iyane Thiam, Pr Malick Ndiaye, entre autres, en sont les têtes de file. Leur discours est tellement démolisseur que chaque jour qui passe ressemble à un jour de grâce pour les membres de Bby.
Finiront-ils par avoir gain de cause ? On peut raisonnablement en douter. Parce que le chef de l’Etat a décidé de raffermir ses rapports avec Bby. Il a même abandonné cette idée de grand rassemblement qu’il avait annoncé lors du dernier anniversaire de l’Apr.
Il ne reste donc plus qu’une chose pour "Macky 2012" : faire cap sur 2017. Et là, il faut reconnaître que le pari de la mise en scène est réussi avec la présence de Macky Sall et de son Pm Dionne. Le gros du travail est la mobilisation sur le terrain. Or là, "Macky 2012" a du chemin à faire.