ME NDEYE MATY DJIGUEUL RECLAME 150 MILLIONS A AHMED KHALIFA NIASS
BANQUEROUTE FRAUDULEUSE

Poursuivi par l’ex-épouse de son frère, l’avocate Me Ndèye Maty Djigueul, Ameth Khalifa Niass refuse d’exécuter la décision du juge de première instance qui l’a condamné à la payer 150 millions pour banqueroute frauduleuse. En appel, il continue de nier les faits. La cour se prononcera le 27 avril prochain.
Le leader des Alliances des forces patriotiques (Fap), Ameth Khalifa Niass et l’ancienne épouse de son frère Sidy Lamine Niass n’ont pas encore enterré leur hache de guerre. Condamné en première instance à 2 ans assortis de sursis pour banqueroute frauduleuse et à payer à l’avocate Me Ndeye Maty Djigueul, la somme de 150 millions de francs à titre de dommages et intérêts, Ameth Khalifa Niass a interjeté appel pour s’inscrire en faux contre les accusations portées à son encontre et pour se plaindre sur les intérêts civils.
Devant la barre de la Cour d’appel hier, M. Niass prétend être victime d’un acharnement non justifié de la part de Me Djigueul qui lui réclame ses honoraires après service rendu. En fait, Ameth Kalifa Niass déclare qu’il n’a jamais constitué l’avocate pour défendre ses intérêts.
Selon lui, c’est en se rendant à Bamako pour discuter d’un protocole d’accord avec la société Tac-Aviation qu’ il a partagé le même avion avec l’ancienne épouse de son frère qui y allait pour acheter des tissus maliens communément appelés thioub. Une fois sur les lieux, ils avaient partagé aussi le même hôtel. «Mais, le lendemain matin, au moment de passer aux discussions, mon avocat Sidy Kanouté n’était pas venu. Elle s’est substituée à lui comme cela se fait ici», a-t-il déclaré devant le juge.
Ces allégations ont été battues en brèche par Me Djigueul. «Je n’ai jamais vendu des thioub. Je ne suis pas née dans le besoin. Je suis issue d’une famille riche. Quand j’ai perdu mon père à 11 ans, je me suis battue pour aider ma mère. Il a sali mon nom en me traitant de faussaire. Il a parlé de ma vie privée en disant que je suis répudiée et mes confrères en riaient. Il m’a fait travailler en Guinée à deux reprises pour des dossiers de 600 millions chacun, sans me payer. Pour le Mali, il m’a suppliée, parce que je ne voulais plus travailler pour lui. Mais, il m’a promis de payer les ouvriers. C’est ainsi qu’il a payé le billet d’hôtel. Il a réservé une chambre pour lui et une autre pour moi», a démenti Me Djigueul.
Selon ses révélations, avant même cette rencontre, le directeur général de Tac-Aviation avait même signifié qu’il ne voulait plus le voir parce qu’il avait vendu l’avion et qu’il ne lui restait plus d’argent. C’est ainsi qu’elle est intervenue, dit-elle, pour le ramener à de meilleurs sentiments. «Au cours de l’audience, j’ai réussi à signer le protocole d’accord où Ameth Khalifa devait percevoir la somme de 2 milliards de francs Cfa», a-t-elle dit.
Malheureusement, le leader des Fap a perçu l’argent sans lui payer ses honoraires, poursuit-elle. Et c’est sur ces entrefaites qu’elle a porté plainte contre la société Bestrib, qui appartient à Ameth Khalifa Niass, pour banqueroute frauduleuse. Estimant que son honneur a été bafoué, l’avocate réclame justice dans l’espoir de voir son honneur restauré. Elle aurait pu laisser tomber cette affaire mais elle n’a pas pu oublier certains propos du marabout.
«Depuis mon lit d’hôpital à Paris, j’ai suivi, à travers une chaîne de télévision, Ameth Khalifa Niass soutenir que le bâtonnier tout comme le juge d’instruction étaient dans le coup. Cette attitude m’a fait beaucoup mal», avoue-t-elle.
Le marabout nie
L’avocat de la défense, Me Diouf, se dit très gêné par cette affaire. Cependant, il précise qu’il n’a jamais été constaté que la société Bestrib est en cessation de paiement. Estimant que les éléments qui fondent ce délit ne sont pas établis, il a plaidé l’infirmation. Le Parquet s’est rapporté à la sagesse de la cour. Les avocats de la partie civile ont plaidé la confirmation. Selon eux, le prévenu n’est pas à son coup d’essai. Il a, disent-ils, la fâcheuse habitude d’engager des avocats qu’il ne paie pas.
Selon la citation servie au marabout le 9 juillet, Ameth Khalifa Niass avait requis les services de Me Ndèye Maty Djigueul pour négocier des créances avec Tombouctou-Aviation. Après l’audience qui a duré 3 jours, les parties ont signé un protocole d’accord qui octroie à Ameth Kalifa Niass, la somme de 2 milliards de francs de la part de Tombouctou-Aviation qui est une structure établie au Mali et dont les actionnaires sont des Libyens.
Profitant de son amitié avec Kadhafi, Ameth Niass se serait rendu en Lybie pour percevoir la somme de 1 milliard de francs. Interpellé, il a juré sur tous les saints qu’il n’a rien reçu. C’est pourquoi, Me Djigueul a pris langue avec le bâtonnier malien. Et quand le 2e milliard a été versé dans son compte, son confrère malien a adressé une lettre à Me Djigueul pour lui transmettre les preuves de ce paiement.
Le 17 avril 2010, elle a envoyé un courrier à Ameth Niass qui est resté sans réponse. C’est sur ces entrefaites qu’elle a utilisé la procédure de taxation. Suite à cela, il n’y avait pas d’opposition. Elle a saisi un huissier de justice aux fins d’exécution. Mais, il s’est révélé que c’est le fils de Ameth Niass qui habitait l’adresse que portait la société. Une plainte s’en est suivie. La cour rendra sa décision le 27 avril.