TANOR A LÂCHÉ SES HOMMES

La plupart des grands partis politiques de la scène locale partent tous en vrille. Soit à cause du positionnement de leur leader vis-à-vis du président Macky Sall, soit du fait d'ambitions présidentielles de leur (plus très) jeune garde.
On voit l'Alliance des Forces de Progrès, depuis l'annonce par son patron, Moustapha Niasse, qu'il ne soutiendra personne de son parti contre Macky Sall lors de la prochaine présidentielle, être dans la tourmente. Son numéro deux, Malick Gackou ne fait rien pour arranger la situation quand il va rendre une visite très médiatisée au chef de l'opposition, Me Abdoulaye Wade.
Ce même ancien président de la République n'est pas mieux loti, lui qui voit son parti menacé d'éclatement, depuis qu'il a lancé l'avis d'appel d'offres pour sa succession à la tête du Parti démocratique sénégalais.
Mais c'est au Parti socialiste que les manœuvres sont plus sournoises. D'emblée, une opinion, partie de ses performances à la tête de la mairie de Dakar, fait de Khalifa Sall l'un des principaux outsiders de l'actuel chef de l'Etat dans deux ans. Mais les choses ne sont pas simples et le parti de Senghor, sans doute le plus traversé de courants, est celui qui vit le plus mal ces contradictions liées aux candidatures à la prochaine présidentielle.
C'est la seule formation où on voit trois potentiels candidats. Son secrétaire général, Ousmane Tanor Dieng, n'a jamais renoncé à ses ambitions, contrairement aux apparences, et durablement légitimé par les douze ans des Wade et la plupart des congrès qu'il a organisés ; il a encore des supporters. Il est le premier à pouvoir se présenter devant Macky Sall dans deux ans. Il a quand même lâché ses hommes...
Il y a naturellement Khalifa Sall, adoubé par les Dakarois, mais pas encore sûr d'avoir une emprise territoriale nationale. Il a dirigé la coalition victorieuse de "Benno Bokk Yaakaar" en 2009 dans la capitale (quand personne n'y croyait), mettant un terme aux ambitions de Karim Wade d'être maire de Dakar, alors que le Pds y gagne depuis 1993. Quand Khalifa Sall lance un emprunt obligataire sur le marché de l'Uemoa pour la Ville de Dakar, il y a des fritures sur la ligne avec le ministère de l'Economie et des Finances.
Sans oublier les termes de l'Acte 3 de la décentralisation qui font penser que c'est dirigé contre les grandes villes et leur premier magistrat. Dans tous les cas, le patron de Dakar surfe sur une vague de popularité politico-médiatique, surfaite ou non, mais qui inquiète au plus haut point.
Il est l'un des historiques du Ps, patron des jeunesses socialistes depuis le début des années 80, ancien maire de Grand-Yoff, ancien ministre chargé des relations avec les Institutions, puis du Commerce (il a conduit la délégation sénégalaise au sommet de l'Organisation mondiale du Commerce à Seattle en 1999).
Il est surtout l'un des barons qui ont résisté à la vague wadiste en 2000, quand de larges franges du Ps ont plié bagages et rangé cartes d'électeur pour aller répondre aux sirènes libérales. Lors de l'élaboration du fameux protocole de Savana, c'est lui qui a évité au Ps l'implosion en 2000, il a fermement tenu la barre. Aujourd'hui, comme l'ancien Premier ministre Idrissa Seck, il a choisi la stratégie du silence.
Il y a également Me Aïssata Tall Sall, maire de Podor, et nouvelle chouchou des médias. Elle évite soigneusement les grandes rencontres du Ps, pour ne pas gêner officiellement, mais surtout pour être l'absente la plus présente. Quand elle ne vient pas au Comité central, tout le monde en oublie même à l'ordre du jour. Mais là n'est pas le fait le plus intéressant. Il est dans ce que Tanor a lâché ses hommes.
Quand l'ancien patron des jeunesses socialistes, le maire de Ndindy (département de Mbaché), Cheikh Seck, estime que Khalifa Sall ne serait pas un bon candidat pour le Ps en vue de 2017, il ne faut pas chercher loin. Quand il pose la candidature de l'ancien Premier ministre Mamadou Loum, pour dire que c'est une éventualité, en n'en pensant rien de moins que c'était une sonde, on sent bien que Tanor tient toujours ses troupes.