VIDEOUN SÉNÉGAL-MAROC CULTUREL
Première séance de "Gorée Cinéma" : Projection du film "Fièvres" du Marocain Hicham Ayouch, samedi sur la plage de Gorée – "Diiso Cinéma", une rencontre entre réalisateurs et journalistes spécialisés

(SenePlus.Com, Dakar) - Benjamin, 13 ans, est un petit soldat en guerre contre la vie, contre les adultes, contre lui-même. Tourmenté, écorché vif, il fait des allers-retours entre chez lui et le foyer depuis qu'il a cinq ans. Un jour, sa mère va en prison, lui révèle qu'il a un père. Pour Benjamin, l'objectif est simple : quitter le foyer. Alors quand les assistantes sociales lui donnent le choix, il décide d'aller vivre chez ce père inconnu.
Celui-ci, Karim Zeroubi, est un homme d'une quarantaine d'années, manutentionnaire à la mairie. Il vit chez ses parents en banlieue parisienne. Karim est un homme cassé, qui n'a jamais décollé de la cité, il se contente de vivre, ou plutôt d'attendre la mort. L'arrivée de Benjamin va complètement bouleverser sa vie…
Vous êtes au cœur de «Fièvres», le film du Marocain Hicham Ayouch, Étalon d’or de Yennenga lors du dernier Fespaco. Le film se déroule en banlieue parisienne mais, selon l’auteur, il "pourrait se dérouler dans n'importe quelle ville".
Pourquoi la banlieue, alors ? "En tant que conteur, la banlieue m'inspire, tout y est exacerbé, extrême, il y règne une violence, mais aussi une poésie et une immense envie de vivre, explique Ayouch. Les habitants de ces quartiers sont drôles, attachants et surtout très humains. Cette humanité est un beau matériel cinématographique, car elle est porteuse d'émotion, et en tant que metteur en scène, je ne tends que vers l'émotion."
Le réalisateur marocain de poursuivre : "L'histoire est naturaliste, mais j'ai décidé de prendre des partis pris très affirmés en terme de lumière avec beaucoup de contrastes et de couleurs vives. Le travail sur le décor a été réalisé dans cette optique, certains murs sont peints en vert, en bleu ou en rouge, ainsi chaque personnage a une couleur qui lui correspond. Enfin le travail sur le son et la musique repose également sur cette même volonté de contraste, l'idée étant là encore de réussir à emmener le spectateur dans un autre univers."
"Fièvres" sera projeté samedi soir prochain sur la plage de l’Ile pour marquer l’ouverture du festival "Gorée Cinéma". Un événement mensuel dont le but est "de réunir tous les mois, de mai à octobre, les acteurs du cinéma africain et panafricain, afin de favoriser échanges et innovations audiovisuelles".
Organisé en partenariat avec la mairie de Gorée, ce festival choisit de faire la promotion du cinéma africain en combinant projections de films et mise en valeur de l'existence d'une filmographie et d'une relève artistique sénégalaise et panafricaine.
Ce seront donc principalement les œuvres de jeunes artistes et réalisateurs, dont le regard s’est penché sur le continent africain, qui seront diffusées lors de ces projections mensuelles.
Les films des futures programmations seront le fruit d’une sélection effectué par le comité d’organisation du festival. L’inscription d’une œuvre est ouverte au public et le formulaire disponible directement sur le site www.goreecinema.com. Une fois sélectionnées, les œuvres pourraient bénéficier, en plus d'une projection publique, d'une plus large diffusion employant les nouveaux médias numériques.
La soirée d’ouverture de ce samedi se tiendra en présence d’Hicham Ayouch, de l’ambassadeur du Maroc au Sénégal, Taleh Barrada, du ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, et du maire de Gorée, Augustin Senghor.
"Gorée Cinéma" souhaite aussi le renforcement, par le biais de la culture, des liens déjà solides entre le Sénégal et le Maroc. Pays de Cinéma, avec des infrastructures de haut niveau, des moyens techniques de pointe ainsi que des ressources humaines et financières conséquentes, le Royaume chérifien constitue un partenaire de choix pour faire émerger une industrie du cinéma au Sénégal où le talent et l’envie en ce domaine ne sont pas une denrée rare.
Une piste qui sera certainement explorée lors du "Diiso Cinéma". Une rencontre prévue samedi, en marge de l’événement, et qui réunira autour d’un déjeuner d’échanges et de discussions le réalisateur de "Fièvres", Hicham Ayouch, et des réalisateurs, des journalistes et d’autres acteurs du cinéma.