UNE JOURNEE NATIONALE SUR LE CROISSANT LUNAIRE AU SENEGAL
C'est notre agence nationale de presse qui donne l'information. "Un atelier préparatoire de la proclamation de la journée nationale sur le croissant lunaire au Sénégal" devrait se tenir ce jeudi. La Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire (CONACOC) est à l'initiative de cet atelier dont l'objectif est "d'échanger, dialoguer de façon participative, inclusive et constructive sur les approches relatives au croissant lunaire". On peut présumer que c'est la problématique de la célébration à l'unisson des fêtes religieuses musulmanes qui sera posée et qui est une demande sociale forte.
Cette problématique sénégalo sénégalaise va au delà de la célébration à l’unisson des fêtes religieuses musulmanes ; c’est la question de la détermination du début des mois lunaires qu’elle pose aussi mais surtout la crédibilité et la viabilité de l’utilisation du calendrier musulman dans les affaires de ce monde. Un calendrier dont l’usage dans le cadre de la gouvernance de l’empire musulman a été fixé très tôt et dont l’utilisation profane a encore cours aujourd’hui dans les États du Golfe...
A l’occasion de la célébration des fêtes religieuses musulmanes, le Sénégal vit un véritable désordre : les différentes familles religieuses organisées en autant de communautés fixent les dates de ces fêtes et il arrive que les sénégalais “fassent la fête” sur plusieurs jours... C’est le désordre dans la Ummah observable à l’échelle du monde musulman fort de son milliard et demi d’adeptes répartis sur tous les fuseaux horaires du globe terrestre que la communauté sénégalaise à la petite échelle de ses 14 millions d’habitants parvient à reproduire... Voilà le paradoxe sénégalais.
Quant au paradoxe musulman qui peut malheureusement prendre des tours dramatiques, il est dans ce qu’on pourrait appeler la culture mortifère des divergences. Pour une religion qui proclame que « Tous les musulmans sont des frères », précepte coranique, et dont la divergence d’opinion chez les gens du savoir, les ‘ulamas, est sensée être une miséricorde pour toute la communauté. Une communauté pour laquelle le savoir est d’essence divine, attribut divin qui a conféré à l’homme sa noblesse et que les enseignements prophétiques recommandent d’aller chercher jusqu’en Chine...
En vertu du texte d’une tradition, l’observation du nouveau croissant lunaire marque pour les musulmans le début et la fin des mois lunaires. Les différentes communautés musulmanes ont trouvé le moyen de diverger sur la constatation d’un phénomène astronomique que le Prophète de l’islam a donné à ses Compagnons comme moyen de délimiter le mois : « un nombre de jours comptés » dit le Coran. Une simple leçon d’astronomie destinée à une population qui ne sait ni écrire ni calculer est devenue un principe immuable... Et la source de divergence de toute la Ummah ici et ailleurs.
Le Prophète de l’islam avait enseigné d’aller jusqu’en Chine... Le proverbe chinois dit des simples d’esprit que «...lorsqu’on leur montre la lune du doigt, au lieu de regarder la lune, regardent le doigt ». Une simple leçon d’astronomie destinée à une population d’un autre âge qui ne savait ni écrire ni calculer est devenue un principe immuable... Alors que le texte coranique est le Traité d’astronomie par excellence...
Que la journée nationale sur le croissant lunaire au Sénégal puisse aider à sauver toute cette communauté ici et ailleurs. Amen.
Momar Gassama
Dakar