ÉLARGISSEMENT DU COS-PETROGAZ, LE TEMPS DES ACTES
Le dialogue a des vertus dont l’une est de lever les équivoques sur des questions sujettes à interprétation, sources d’incompréhension. Le débat sur la gestion des ressources pétrolières et gazières passionne depuis les premières découvertes en 2015
Le dialogue a des vertus dont l’une est de lever les équivoques sur des questions sujettes à interprétation, sources d’incompréhension. Le débat sur la gestion des ressources pétrolières et gazières passionne depuis les premières découvertes en 2015.
Aujourd’hui que l’exploitation du pétrole de Sangomar a démarré (juillet 2024) et que le champ gazier Grand Tortue/Ahmeyim est entré en production (31 décembre 2024), la décision du président Bassirou Diomaye Faye d’accorder plus de place à l’opposition, à la société civile, aux syndicats et à l’Ordre national des experts au sein du Cos-Pétrogaz est à saluer. En réalité, il matérialiserait une idée annoncée depuis 2018, mais jamais appliquée jusqu’ici. En effet, les Concertations nationales sur le pétrole et le gaz, tenues à Diamniadio, cette année-là, avaient recommandé l’élargissement de cette structure à la société civile et à l’opposition.
En 2019, en pleine polémique suscitée par le documentaire de la Bbc sur la gestion du pétrole sénégalais, le gouvernement d’alors annonça la décision du chef de l’État d’aller dans le sens de ces recommandations. Mais, c’est resté lettre morte. Cette fois-ci, il faut souhaiter que cette décision passe comme lettre à la poste. Toujours est-il que le président Bassirou Diomaye Faye, comme pour prouver sa bonne foi, a clairement souligné qu’il a déjà pris un nouveau décret qui ira dans le sens d’avoir un Cos-Pétrogaz dont la composition sera plus conforme à la volonté présidentielle et aux réalités du moment.
En effet, le Hcct, le Cese et le ministre en charge du Pse qui en faisaient partie n’existent plus, alors que les ministères de l’Énergie et de Mines sont devenus une seule entité. Faut-il le rappeler, le Cos-Pétrogaz, créé en 2016, est le bras stratégique de l’État dans la gestion des ressources pétrolières et gazières en ce sens qu’il est chargé d’assister le président de la République et le gouvernement dans la définition, la supervision, l’évaluation et le contrôle de la mise en œuvre de la politique de l’État en matière de développement de projets pétroliers et gaziers. Les nouvelles autorités n’auront pas beaucoup de mal à désigner les membres de la société civile, les syndicats ainsi que les experts qui y siégeront, mais le choix de l’opposition risque d’être pour elles la quadrature du cercle. Qui choisir ? En tout cas, dans l’ancien décret, il était clairement indiqué que les modalités de désignation des représentants de la société civile et de l’opposition sont fixées par arrêté conjoint des ministres de l’Énergie et de l’Intérieur.
Cette équation expliquerait-elle pourquoi l’ancien gouvernement n’avait pas pu appliquer cette résolution ? Donnons notre langue au chat. Peut-être que le gouvernement actuel a déjà trouvé la bonne formule, celle qui serait moins sujette à contestation. Cependant, quel que soit le choix des nouveaux entrants, le plus important est de cultiver l’esprit participatif qui fonde cette décision. Les ressources naturelles appartenant au peuple, comme le stipule la charte fondamentale de notre pays, leur gestion doit être la plus inclusive possible. Il faudra aussi éviter d’en faire la chasse gardée d’un petit groupe d’institutionnels.
La voix de chaque composante de la Nation, à travers ses représentants, doit être audible si elle repose sur un esprit constructif. Tout porte à croire que le chef de l’État s’inscrit dans une dynamique consultative sur des questions qui engagent le destin du pays. Il l’a d’ailleurs mentionné dans son discours : « Nous avons choisi la concertation et la consultation comme fil conducteur de notre gouvernance afin de faire de chaque citoyen un acteur décisif de la rupture et de la construction nationale ». S’il le dit, on peut que le croire puisque les Assises de la justice et les États généraux du transport ou de l’industrie se sont déjà tenus, tandis que les Assises nationales des « daaras » et les concertations sur l’enseignement supérieur ainsi que dans d’autres secteurs sont annoncées. La gouvernance participative ne peut avoir que des vertus, alors cultivons la par le dialogue permanent.