ABDERRAHMANE SISSAKO ET MATI DIOP DEMANDENT ENGAGEMENT ET ACTIONS
L’industrie du film en Afrique emploie près de 5 millions de personnes et représente 5 milliards de dollars de Produit intérieur brut (Pib)

D’ici 2025, l’industrie du film en Afrique pourrait créer 20 millions d’emplois et contribuer au Pib à hauteur de 20 milliards de dollars. Selon le rapport de l’Unesco «L’industrie du film en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance» présenté hier à Paris, ce potentiel est largement sous-exploité. Raison pour laquelle le cinéaste Abderrahmane Sissako demande aux Etats de s’engager.
L’industrie du film en Afrique emploie près de 5 millions de personnes et représente 5 milliards de dollars de Produit intérieur brut (Pib). C’est une des conclusions du rapport de l’Unesco «L’indus - trie du film en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance» présenté hier à Paris. Selon ce rapport, le potentiel du continent en la matière lui permettrait de créer plus de 20 millions d’emplois et de contribuer à hauteur de 20 milliards de dollars au Pib combiné du continent d’ici 2025. «Ce potentiel reste largement inexploité en dépit de l’augmentation significative de la production à travers le continent», conclut le rapport qui s’est appesanti sur les 43 pays du continent qui ont répondu au questionnaire malgré l’absence notable de données.
Selon le cinéaste mauritanien, Abderrahmane Sissako, le développement de ces potentialités est le combat de chaque pays. Prenant l’exemple du Centre Yennenga mis en place par Alain Gomis à GrandDakar et qui va permettre à des jeunes du continent de se former à la post-production, M. Sissako appelle les Etats à s’impliquer. «Tant que nos politiques ne vont pas s’engager pour valoriser ce que nous sommes, on ne va pas s’en sortir. C’est le combat de chaque pays et Alain Gomis a montré à Dakar que les choses ne peuvent changer que de l’intérieur.» Le président du jury 2021 du Fespaco intervenait au panel qui a suivi la présentation du rapport. Présente à ses côtés, la cinéaste Mati Diop a estimé que malgré son importance, le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique du Sénégal (Fopica) ne suffisait pas pour développer le secteur. «Il faut une vision, il faut mettre du sens dans le mot culture.
Former des cinéastes, des producteurs et des scénaristes doit être au cœur des préoccupation du pays», a-t-elle souligné en regrettant l’absence de cinéastes vivant au Sénégal pour partager leur vision dans ce panel. «Mon parcours ou celui de Alain Gomis n’est pas représentatif des cinéastes africains», souligne la réalisatrice d’Atlantique qui estime que les expériences vécues par ces deux grands noms du cinéma sénégalais occultent, en quelque sorte, les problèmes de financement que rencontrent les nombreux jeunes réalisateurs du pays.
Entre 1960 et 2020, la Direction de la cinématographie du Sénégal a recensé 900 titres sénégalais réalisés entre par les 110 sociétés de production établies au Sénégal. Et ces dernières années, le cinéma sénégalais s’est distingué notamment par la réalisation de séries à succès comme Maîtresse d’un homme marié, Golden, Impact, etc.
Selon le rapport de l’Unesco, la révolution numérique a grandement favorisé ce développement. Au Nigeria également, l’exemple de Nollywood est assez édifiant. Dans ce pays, l’équipement cinématographique numérique bon marché et les plateformes en ligne, qui permettent une distribution directe aux consommateurs, ont donné naissance à une nouvelle économie pour les créateurs de contenus.