AFFLUENCE DANS LES CONCERTS IN LES JEUNES IMPOSENT LEUR CHOIX
Durant les 4 jours que dure le Festival de jazz de Saint-Louis, les réceptifs hôteliers affichent le plein. Mais cette affluence ne se voit pas dans les concerts In. Ce sont plutôt les boîtes de nuit qui en profitent. Visite guidée pour comprendre...
Durant les 4 jours que dure le Festival de jazz de Saint-Louis, les réceptifs hôteliers affichent le plein. Mais cette affluence ne se voit pas dans les concerts In. Ce sont plutôt les boîtes de nuit qui en profitent. Visite guidée pour comprendre cette situation.
Le jazz est élitiste, dit-on ! La 32ème édition du Festival de jazz de Saint-Louis n’a pas dérogé à la règle. En effet, alors que les réceptifs hôteliers affichent le plein, les concerts officiels organisés dans le cadre du festival ne font pas salle comble. Comment expliquer l’affluence dans les hôtels et l’absence de spectateurs dans les concerts de jazz ? Le Quotidien a cherché à comprendre. Malgré la fraîcheur nocturne, Bouba et Cheikha, deux jeunes Dakarois, se pavanent dans les rues de la vieille ville. Le groupe Pape & Cheikh est à l’affiche dans une boîte de nuit. Il est 21 heures passées, les deux amis s’interrogent sur les concerts qu’ils souhaitent suivre. Mais à aucun moment, le nom de la Hongroise, une des têtes d’affiche de la 32ème édition du festival, n’est mentionné alors qu’elle devait jouer ce jeudi soir. «Qui est Sophie Lucacs ?», se demande Bouba avec étonnement. «Tu connais des jeunes qui ont fait le déplacement sur Saint-Louis pour assister aux concerts de jazz», s’étonne Cheikha. Pour eux, le festival n’est qu’un prétexte. Ils viennent pour les artistes locaux. Une chose que les gérants de boîte de nuit savent. En effet, durant les 4 jours du festival, ils concoctent un programme taillé sur mesure pour capter cette clientèle. A NdarNdar Café Club, les gérants l’ont bien compris. La prestation des artistes commencent à 15 heures pour finir à l’aube. L’entrée est à 5000 Cfa minimum. Parfois, ce sont 3 ou 4 groupes de musiciens qui se succèdent sur la scène jusqu’au petit matin. «C’est le rendezvous des Saint-louisiens», explique Vieux, la trentaine, qui est devant la boîte de nuit. D’après lui, les locaux ont aussi leur propre place pour vibrer. «C’est en allant vers l’Institut français. Vous verrez les gens s’asseoir au bord du fleuve», précise-t-il. Au menu, du poisson braisé accompagné souvent de jus local. Les prix varient entre 2000 et 5000 F. «En général, les musiciens que nous propose le festival ne nous disent rien. D’ailleurs, à part Les Rosettes et Khadim Niang, je ne connais pas les autres têtes d’affiche», explique Ousmane qui est à table entouré de ses amis. Après avoir dégusté leur poisson, les jeunes se dirigent vers les boîtes de nuit et autres bars pour y passer le reste de la nuit.
Interpellé sur cette situation, le président de l’association Saint-Louis Jazz admet le caractère élitiste du jazz. Pour Driss Benjalloun, l’objectif du festival est de permettre aux Saint-louisiens de profiter pleinement des retombées du tourisme. «Vous avez vu la programmation de cette année, nous avons fait le choix d’intégrer cet aspect. On essaie de faire le lien entre nos artistes locaux et ces vedettes qui sont dans la scène In.» Selon le président de l’association SaintLouis Jazz, le festival est en train de chercher les moyens de prolonger les activités sur un mois. «Le festival est organisé durant la semaine de la Pentecôte. On est en train de voir comment organiser 3 ou 4 événements qui vont permettre aux festivaliers de rester à Saint-Louis tout le mois de mai», a-t-il expliqué. Pour y parvenir, Driss Benjalloun estime que les réceptifs hôteliers doivent participer financièrement à la constitution des 250 millions de budget du festival. «Nous prévoyons 250 millions chaque année, mais on n’a jamais su boucler ce budget. Les hôteliers sont les plus grands bénéficiaires du festival, mais ils ne sont que 3 ou 4 à participer financièrement. On va, avec l’aide des autorités, essayer de trouver les moyens de corriger cette situation.» En attendant, les jeunes viennent à Saint-Louis pour d’autres offres, et c’est la ville qui y gagne.