BAABA MAAL REMONTE LE TEMPS
Le Daande Leñol a produit un spectacle de qualité, ce samedi 07, sur la scène du Grand théâtre. Baaba Maal a ainsi reconstitué un répertoire de 38 ans de scène, communiant avec fans, proches et mélomanes...
Le Daande Leñol a produit un spectacle de qualité, ce samedi 07, sur la scène du Grand théâtre. Baaba Maal a ainsi reconstitué un répertoire de 38 ans de scène, communiant avec fans, proches et mélomanes...
C’est un Grand Théâtre comble, debout comme un seul homme, qui a accueilli le roi du yéla. Des notes de guitare et la voix grave d’un griot annoncent El Hadji Baba Maal. Les rideaux s’ouvrent sur un décor avec un Baaba Maal vêtu d’un grand boubou bleu, la voix fluette, chantant « Mali Sadio ». Les retardataires ont négocié des places sans succès. Baaba Maal était accompagné par deux joueurs de xalam, deux percussionnistes et un joueur de Kora au milieu. Voilà pour la partie acoustique. Ce fut aussi l’entrée en salle de la délégation de la communauté léboue conduite par le Jaraaf Youssou Ndoye, vêtu d’un grand boubou et coiffé d’un bonnet de dignitaire.
L’artiste prend le public à témoin pour dire : «Youssou Ndoye est un exemple ; il a fait le déplacement au Fouta à l’occasion des Blues du fleuve. Les Thioubalos et les Lébous sont un exemple de parenté. Les Sérères et les Diolas sont également des cousins, le Sénégal est un exemple de cohésion sociale.» Le public participe au spectacle et scande : Baaba ! Baaba! Une pirogue en arrière-plan crée une profondeur qui rehausse le décor et emporte le spectateur vers les bords du fleuve. Cinq choristes font à ce moment leur entrée, accompagnant la deuxième chanson : Taara d’«El Hadji Umar Tall». La voix de Baba surfe sur les chœurs. Le rythme de la musique monte aussi d’un cran. Deux danseuses assises balancent des bras d’un côté à l’autre. Une chanson dédiée au Jaraaf fait bouger la salle : «Sounou ndaanaan». Les billets de banque jetés par les mélomanes jonchent le plancher du Grand théâtre : hommes et femmes se bousculent pour montrer leur générosité, esquissant des pas de danse. Seulement le défilé pollue les images des télévisions qui assuraient en direct la diffusion du spectacle. Baaba Maal, lors d’un interlude, invite les parents à écouter leurs enfants. C’est, dit-il, le devoir de tous les parents. Il remercie dans la foulée les mélomanes, au nom du Daande Leñol. Il rend aussi honneur aux disparus.
LA DEUXIEME PARTIE DU SPECTACLE S’OUVRE SUR LE SON DU FILM BLACK PANTHER
Lever de rideau. Baaba est perché sur la pirogue, chantant la mythique « Souka Naayo », accompagné de deux vents, d’une batterie, d’une guitare basse et d’une guitare solo. Le percussionniste est au centre tandis que les deux claviéristes sont sur les deux extrémités de la scène. La voix de Baaba Maal emplit le théâtre, avec des notes dans une parfaite harmonie. Il avance, le tengaade sur la tête. Il lance : « aujourd’hui va être un voyage dans le temps, avec le Daande Leñol, les musiciens qui m’ont fait connaître à travers le monde. L’occident avec qui on a eu des clashs parfois, qui nous a donné quelquefois, ne doit pas nous empêcher de chanter dans nos langues nationales », plaide l’artiste. Il enlève le chapeau traditionnel, engage le combat de la valorisation des langues nationales, armé de son micro.
La pagaie à terre, il chante «Poulo...» ; la salle est en transe. Un solo de clarinette avec la voix de l’artiste, meublé par un jeu de lumière, émerveille le public qui chante en chœur avec l’artiste sur un rythme de reggae. Baba esquisse des pas de danse tandis que les billets pleuvent sur lui. Il chante aussi la communauté haal pulaar, et partage la scène avec Mbakhé Sène, dans un battement de tam-tam saccadé. Ils magnifient la parenté entre Sérère, Toucouleur et Diola. L’artiste Kane Diallo, lui, a partagé avec Baaba Maal la chanson « Yerimayo Celebration», du dernier album Being.