CHANTER, C’EST MON DESTIN, MA PASSION, MON METIER…
Coumba Gawlo surnommée « la diva à la voix d’or », avec une vingtaine d’albums dans sa discographie, fête ses quarante années d’une vie artistique ponctuée de succès, d’émotion, mais également d’épreuves. Entretien…

Voix d’Or du Sénégal à l’âge de 14 ans au Concours national de chant, plus tard Double disque d’Or et de Platine en Europe, Meilleure Espoir de l’Afrique de l’Ouest et Meilleure artiste de l’Afrique de l’Ouest aux Kora Awards, ambassadrice de bonne volonté du Pnud et de plusieurs organismes internationaux en faveur d’actions sociales et humanitaires, la chanteuse Coumba Gawlo peut s’enorgueillir d’une carrière musicale féconde. L’artiste surnommée « la diva à la voix d’or », avec une vingtaine d’albums dans sa discographie, fête ce mois de décembre quarante années d’une vie artistique ponctuée de succès, d’émotion, mais également d’épreuves. Entretien…
Que représentent 40 ans de carrière musicale pour vous ?
« Ces 40 années de carrière ont été jalonnées d’intenses moments de satisfaction et d’épanouissement, mais aussi de défis et d’épreuves. Une belle et exaltante aventure, mais parfois contraignante et éprouvante, vécue avec beaucoup d’émotion, mais aussi de fierté et surtout de gratitude et de reconnaissance. Je rends grâce à Dieu et me réjouis de l’affection et la solidarité pour ma personne, au Sénégal comme dans d’autres pays, durant ces quatre décennies de carrière, de musique, d’investissement dans le social et l’humanitaire. Cet événement sera célébré par des rencontres culturelles et artistiques, au Sénégal et dans d’autres pays africains, dans la diaspora sénégalaise en Europe, en Amérique, etc., dans le cadre d’un programme qui démarre le samedi 7 décembre, par un concert, à l’Esplanade du Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar ».
Quels sont les grands moments qui vous ont le plus marquée durant toutes ces années ?
« Il y a véritablement eu de grands moments. Très jeune, à l’âge de 7 ans, j’accompagnais ma mère, Adja Fatou Kiné Mbaye, dans ses prestations de chanteuse, faisant ainsi mes premiers pas dans la chanson. Ce fut ensuite le déclic, à l’âge de 14 ans, au Concours national de chant, Voix d’Or 86, que j’ai remporté, avec la chanson Soweto, écrite par mon père Laye Bamba Seck, en hommage à Nelson Mandela et aux enfants de Soweto, véritable cri du cœur contre l’apartheid.
Autres temps forts de ma carrière musicale, l’obtention de titres et distinctions : double disque d’Or et de Platine, Meilleur Espoir de l’Afrique de l’Ouest, Meilleure artiste de l’Afrique de l’Ouest aux Kora Awards, à Sun City, en Afrique du Sud. Je peux aussi évoquer les succès enregistrés sur l’échiquier musical, avec des albums comme Yomalé, Bine Bine, Pata Pata, entre autres, des prestations dans les grandes scènes du monde (Bercy, Zénith, Palais des Sports, Stade de France, etc.), aux côtés des plus grands chanteurs, le duo avec Koffi Olomidé pour ne citer que cet exemple, ma participation au Club des Enfoirés, initié par Coluche, des invitations sur les plus grands plateaux télé, etc.J’ai eu parallèlement à mes activités artistiques, des moments de communion, d’échanges et de partage avec des femmes en quête de leur autonomisation, parfois victimes de stigmatisation et de toutes formes de violences, au Sénégal, à Khossanto dans la région de Kédougou, au Burkina Faso, au Mali, au Niger, en Mauritanie, pour ne citer que ces pays ».
Un album, une chanson dans votre répertoire dont vous êtes le plus fière… ?
« Citer un album ou une chanson dont je serais le plus fière me semble difficile. De Soweto, en 1986, à Toc Toc Toc, en octobre dernier, en passant par Seytané, Yomalé, Bine Bine, Pata Pata, Khasseniya… Chaque chanson représente une part essentielle de ces 40 ans de carrière.Soweto m’a valu le titre de Voix d’Or du Sénégal en 1986. En 1998, le single Pata Pata de l’album Yomalé produit par le chanteur français Patrick Bruel a contribué à renforcer ma consécration sur la scène internationale, et fut hit de l’été 98 en Europe, avec un double disque d’or et un disque de platine.Sorti en 2018, l’album Terrou Waar a été classé peu après sa sortie, dans le Top 10 des meilleurs albums au monde sur ITunes. J’ai ensuite sorti la chanson Sant Rek, un single dans lequel, après une période de retrait de la scène musicale pour raison de santé, je rends grâce à Dieu, hommage à mes parents, au peuple sénégalais, à toutes les personnes qui n’ont jamais cessé de me soutenir au Sénégal, en Afrique et à travers le monde.
Ensuite, le single Soleil, en octobre 2023, un appel à un retour aux sources et à la résilience. Et en octobre dernier, le single Toc Toc Toc, réalisé par Gelongal, dédié à mes fans en hommage à leur fidélité. Toc Toc Toc comme pour dire que l’aventure continue.
Un concert, ou une tournée, vous a-t-il marquée particulièrement ?
« Dans le cadre de mon engagement pour la cause des enfants, des femmes et des démunis, je me suis rendue avec le Pnud, à Bouaké, en Côte d’Ivoire, en pleine rébellion, pour, à travers ma musique, contribuer à l’instauration de la paix définitive entre le Nord et le Sud, en convainquant des chefs rebelles à déposer les armes et à œuvrer pour la paix.En mars 2010, déplorant le peu d’actions provenant du continent africain en direction du peuple haïtien et consciente que la musique est le meilleur vecteur de communication, j’ai mis en œuvre l’initiative « Afrik for Haïti » à laquelle j’avais invité les plus grands ténors de la chanson africaine pour enregistrer, ensemble, une chanson commune écrite par Lokua Kanza à ma demande ».
Une collaboration musicale, une rencontre avec un ou une artiste dont vous vous souviendrez toujours ?
« « Afrik for Haïti » fut une belle expérience humaine et professionnelle qui a réuni des artistes musiciens de talent pour ensemble exprimer notre solidarité au peuple de Haïti, avec la participation de Oumou Sangaré, Wasis Diop, Sékouba Bambino, Lokua Kanza, Papa Wemba, Alpha Blondy, Youssou Ndour, Omar Pène, Baaba Maal, Aïcha Koné, Idrissa Diop, Ismaël Lô, etc. »
Quel mécène, bienfaiteur ou personnalité publique vous a le plus soutenu dans votre carrière ?
« Parmi ceux qui m’ont fait confiance et m’ont témoigné de leur attachement et leur confiance, je peux citer Maître Abdoulaye Wade qui, étant dans l’opposition, avait accepté de rehausser de sa présence un de mes spectacles au Théâtre national Daniel Sorano et dont j’apprécie l’affection paternelle comme en témoignent ses propos, lorsqu’il est venu chez moi, me présenter ses condoléances, suite au rappel à Dieu de mon père Laye Bamba Seck.Je peux aussi citer mon premier producteur Robert Lahoud qui a très tôt cru en moi, les réalisateurs Frères Gelongal, Papis et Samba, de regrettée mémoire, ainsi que Moussa, les parents, les amis et les proches, les musiciens, les techniciens, mes collaborateurs, les fans, la presse nationale et internationale… ».
Avec le recul, peut-on mesurer le rôle de vos parents, votre papa notamment, dans votre carrière musicale ?
« Mes parents m’ont mis le pied à l’étrier, m’ont motivée, coachée et accompagnée. À l’âge de 7 ans, j’accompagnais ma mère Fatou Kiné Mbaye, lors de ses prestations de chanteuse. Avec une rigueur toute paternelle, mon père m’a encouragée, soutenue et galvanisée. C’est avec la chanson Soweto qu’il a écrite que j’ai gagné, à l’âge de 14 ans, le Concours national de chant, Voix d’Or du Sénégal. Mes parents ont toujours été à mes côtés, avec moi, pour me motiver, m’encourager, me soutenir. Leur rôle a été déterminant dans ma carrière. »
Avec le temps, avez-vous des regrets ou remords par rapport à des choix dans votre trajectoire musicale ?
« On ne peut échapper à son destin. Le mien est de chanter : « Woy reka ma war » (Je suis tenue de chanter). Comme ne cessait de me le répéter mon père : « Da nga wara woy » (Tu dois absolument chanter). Je suis née pour chanter. C’est dire à quel point ce fut dur à supporter, mon retrait de la scène musicale pour raison de santé, de 2021 à 2023. Une épreuve que j’ai pu traverser par la Volonté divine, la foi, le soutien et la solidarité de mes parents, mes proches, mes amis, mes fans, mes musiciens, mes collaborateurs et le public au Sénégal, en Afrique et de par le monde ».
Après 40 ans d’expérience musicale, avez-vous toujours l’envie de continuer à chanter ?
« Entre la chanson et moi, c’est une longue histoire. C’est ma passion et mon métier. J’ai la volonté et la motivation, pour ne pas dire le devoir et l’obligation d’écrire de nouvelles pages de cette aventure, comme y invite ma nouvelle chanson Toc Toc Toc, réalisée comme tant d’autres de mes albums et singles par Gelongal. Je voudrais saluer la mémoire de Samba Mballo dit Bathie Gelongal, un frère, un ami, un confident, récemment arraché à notre affection, et avant lui Aziz Dabala, un fils et un proche qui a apporté ses talents en danse et en chorégraphe dans nombre de mes productions et prestations. Toutes nos pensées et nos prières à tous nos regrettés disparus ».
Si vous n’étiez pas artiste chanteuse, quelle autre profession aimeriez-vous exercer ?
« Je ne m’imagine pas exerçant une profession autre que celle d’artiste musicienne, auteure-compositrice. C’est mon destin, ma vocation, ma passion, mon métier. Si ce n’était pas ma profession, j’aurais peut-être pu être journaliste, ou dans la communication et l’événementiel, domaines qui me passionnent par ailleurs et dans lesquels je m’investis à travers Gawlo Office Médias (Go Media) que j’ai créé en 2016, avec la radio des Femmes de l’Enfant et de la Musique (Fem Fm), Go Media Tv et d’autres supports.
Dans l’événementiel parmi les événements de référence, on peut retenir le Festival international Chant des Linguère, la Kermesse Noël pour Enfants avec Coumba Gawlo…
Le social et l’humanitaire sont aussi parmi mes domaines de prédilection, et c’est pour concrétiser mon engagement dans ce cadre que j’ai créé l’association Lumière pour l’Enfance (Lpe).Ce qui me permet d’apporter ma modeste contribution à la satisfaction de la demande en infrastructures scolaires et sanitaires, entre autres, à l’image de la réhabilitation de l’école Pikine 17… »