CHRONIQUE D’UN SCANDALE FINANCIER
Dans le livre, Birahime Seck révèle également que l’Etat du Sénégal ne s’est pas engagé que sur 29 milliards, mais plutôt sur 36 milliards de francs CFA, suivant une programmation de remboursement.
La création des Domaines agricoles communautaires (Dac), les péripéties de son financement, la gestion «calamiteuse» du contrat liant le Programme des Domaines agricoles communautaires (Prodac) à l’entreprise Green 2000, signé par le ministre de la Jeunesse d’alors, Mame Mbaye Niang, ainsi que ceux liant les entreprises TIDA et 3M Universal au Prodac, c’est un peu tout cela que le coordonnateur du Forum civil, Birahim Seck, explique dans son ouvrage intitulé: «Lettre au peuple: Prodac, un festin de 36 milliards de francs Cfa». Dans le livre, Birahime Seck révèle également que l’Etat du Sénégal ne s’est pas engagé que sur 29 milliards, mais plutôt sur 36 milliards de francs CFA, suivant une programmation de remboursement. Non sans retracer les degrés d’«implication» et de «responsabilités directes» du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Bâ, d’une part et, de l’autre, de Mame Mbaye Niang et de Jean Pierre Senghor et Mamina Daffé, respectivement ancien et actuel Coordonnateur national du Prodac. Dans «Lettre au peuple: Prodac, un festin de 36 milliards de francs CFA», Birahim Seck estime que les intérêts du Sénégal n’ont pas été défendus par Amadou Ba, à travers «l’exploitation de la Convention de financement». Pis, ajoute-t-il, «cette Convention protège plutôt la société Locafrique ayant comme parrain financier le ministre des Finances». Le coordonnateur du Forum civil explicite ainsi tout le «scandale» qui tourne autour du Prodac, à quelques jours de la présidentielle de 2019.
«Lettre au peuple: Prodac, un festin de 36 milliards de francs Cfa» fait une présentation globale du projet des Domaines agricoles communautaires (Dac), à travers une description qui met en exergue ses différents volets et composantes, pour aboutir à l’exploitation du décret de création du Programme des Domaines agricoles communautaires (Prodac), préparé par l’ancien ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de l’Action citoyenne, Benoit Sambou.
Ce livre de 212 pages, revient sur les péripéties du financement «exécrable» pour la réalisation des Dac de Séfa, d’Itato, De Keur Momar Sarr et de Keur Samba Kane. Il étale aussi la gestion «calamiteuse» du contrat signé par le ministre Mame Mbaye Niang, le remplaçant de Benoit Sambou à la tête du département de la jeunesse en juillet 2014, et liant le Prodac à l’entreprise Green 2000 ainsi que ceux liant les entreprises TIDA et 3M Universal au Prodac. De plus, l’ouvrage retrace l’implication et les responsabilités directes d’Amadou Bâ, ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, d’une part et, l’autre celles de Mame Mbaye Niang, et Jean Pierre Senghor et Mamina Daffé, tous les deux respectivement ancien et actuel Coordonnateur national du Prodac.
UN ENGAGEMENT DE 36 MILLIARDS, AU LIEU DE 29, AVEC DES RETRO COMMISSIONS QUI SONT UN SYSTEME DE BLANCHIMENT DE CAPITAUX
Le livre révèle, à travers l’exploitation de la Convention de financement, que les intérêts de l’Etat et de la jeunesse sénégalaise n’ont pas été défendus par Amadou Bâ. Cette Convention protège plutôt la société Locafrique ayant comme parrain financier le ministre des Finances. Contrairement à ce que l’on pense, l’ouvrage rapporte aussi que l’Etat du Sénégal ne s’est pas engagé que sur 29 milliards, mais plutôt sur 36 milliards de francs Cfa, suivant une programmation de remboursement. C’est ce qui ressort de la Lettre d’engagement ferme et irrévocable n°0000305/MEFP/DGF du 15 avril 2016 adressée à Khadim Bâ de Locafrique par le ministre des Finances, Amadou Bâ. En plus, le livre détaille et précise les conditions «criminelles» pour lesquelles l’Etat du Sénégal est engagé, en termes de taux d’intérêt, de frais de dossiers et de commissions de tirage. Il s’agit d’une forme de contractualisation qui aboutit inévitablement à des retro commissions qui produisent un système de blanchiment de capitaux.
En outre, l’ouvrage met au goût du jour l’Ordre de service illégal n°0151/MJECC/SG/CAB/SP du 24 mars 2016 signé par Mame Mbaye Niang qui est à la base de tous les paiements «frauduleux» qui s’ensuivront. Contrairement au propos de ce dernier, qui soutient souvent n’avoir pas signé de contrat financier, le livre démontre que le contrat «cruel et profitable» à Green 2000 qu’au Prodac, contient plus de clauses financières et de clauses techniques.
LE CONTRAT, UNE VOIE OUVERTE A L’ENRICHISSEMENT ILLICITE RAPIDE… A L’ESCROQUERIE
L’ouvrage souligne que l’essence de ce que l’on pourrait appeler «contrat technique» n’y figure pas car, Mame Mbaye Niang a signé un contrat qui n’a ni Cahier de clauses administratives générales (Ccag), ni Cahier de clauses administratives particulières (Ccap), encore moins un Cahier de clauses techniques particulières (Cctp). Il s’agit d’une voie ouverte à l’enrichissement illicite rapide mais aussi à la pratique de faux et d’escroquerie.
Le bouquin détaille également les responsabilités du ministre du Budget, Birima Mangara, dans cette affaire, de Jean Pierre Senghor, ancien Coordonnateur du Prodac et de Mamina Daffé, actuel Coordonnateur du Prodac et tant d’autres personnes. Aussi fait-il un focus sur une Lettre mystérieuse d’un montant de 40 millions d’euros, en date du 15 août 2015 impliquant le Groupe Carrefour automobile SA dans le financement du projet des Dac que Khadim Bâ de Locafrique avait adressé à Jean Pierre Senghor.
L’AUTRE CHAINE DE RESPONSABILITE
En outre, le livre expose les responsabilités:
de l’Armp (Agence de régulation des marchés publics) qui a autorisé illégalement le gré à gré que Mame Mbaye Niang avait réfuté à l’émission “Faram Facce” du journaliste Pape Ngagne Ndiaye sur la Tfm du 20 juin 2018;
de la Dcmp (Direction centrales des marchés publics) qui, malgré son refus d’accorder le gré à gré au Prodac pour le choix direct de l’entreprise Green 2000, a fini par prêté le flanc en approuvant un contrat qui manque de tout;
du président de la République, Macky Sall, qui, par son inaction, semblait encourager les mauvaises pratiques qu’il ne devait pas ignorer, malgré ses nombreux discours sur le Prodac.
En plus de relater les faits, le brûlot contient en son sein des documents signés par les différents protagonistes: Décrets, Décisions, Contrats et Lettres etc. Mieux, le livre revient sur des paiements dépassant 14 milliards de francs Cfa décaissés et payés à l’entreprise Green 2000, sans la validation du Bureau de contrôle Soterco.
LE ROLE AVANT-GARDISTE DE LA PRESSE SALUE
«Lettre au peuple : Prodac, un festin de 36 milliards de francs Cfa» n’a pas manqué de revenir sur le rôle très important joué par la presse dans cette affaire. Les faits relatés par les journalistes et les émissions animées par ces derniers ont beaucoup contribué à la réalisation de cet ouvrage.
Enfin ce «remarquable» travail des journalistes doit être consolidé par des suites judiciaires pour éclairer la lanterne des sénégalais car, une si grosse affaire ne doit pas passer par pertes et profits, selon Birahim Seck. Il est de la responsabilité des citoyens d’être plus exigeants et plus alerte pour instaurer définitivement la culture de la transparence et de la reddition des comptes, pour que l’impunité soit bannie au Sénégal.