JAMRA ET BAYTUL ATFAL RAMENT A CONTRE-COURANT DES PRODUCTEURS
C’est toujours le désamour entre l’Ong Jamra et les maisons de productions des séries télévisées.
Durant le mois de ramadan, on assiste à une diffusion effrénée des séries et autres feuilletons sur les chaînes de télévision. Mais selon l’Ong islamique Jamra, ces séries sont le plus souvent motivées par le gain financier et aux antipodes des valeurs de l’Islam. Pour trouver la parade, Mame Matar Guèye et des jeunes réunis dans Baytul Atfal ont produit des séries et feuilletons qui inculquent les bonnes valeurs aux jeunes.
C’est toujours le désamour entre l’Ong Jamra et les maisons de productions des séries télévisées. Après plusieurs dénonciations suivies de plaintes pour décrier les dérives notées dans certaines séries télévisées, Mame Matar Guèye a décidé de vaincre le mal par la racine. En effet, il a démarché des chaînes privées de la place pour la diffusion, durant tout le mois de ramadan, d’une série produite par des jeunes réunis dans un groupe dénommé «Baytul Atfal» ou «la maison des jeunes». De l’avis de Mame Matar Guèye, il s’agit d’un groupe d’adolescents qui travaillent depuis plusieurs mois avec Jamra et ont réussi à structurer des épisodes de feuilletons «qui rament à contre-courant de ce que nous connaissons déjà : c’est-à-dire des producteurs de séries qui ne sont exclusivement motivés que par le gain financier au détriment de la santé mentale et morale des enfants et au détriment de nos valeurs». Et d’annoncer que les produits sont déjà disponibles. «Ils ont produit un feuilleton d’une vingtaine d’épisodes qui s’appelle Téguine (respect : Ndlr) et Ramadan» qui commence aujourd’hui même pour montrer qu’il est possible «de mettre en valeur ce que nous avons hérité de nos guides religieux», a précisé le président de l’Ong islamique. A l’en croire, «la maison des enfants» et son équipe ont décidé de relever le défi, face à ces «séries télévisées perverses» qui banalisent «l’adultère, la fornication, pis font l’apologie de l’homosexualité comme c’estle cas de la série Rewoolen qui a fait l’objet d’une plainte», indique Mame Matar Guèye. Revenant sur l’initiative du projet, il ajoute : «Des gens voulaient voir des choses positives, mais malheureusement, ils n’avaient pas l’occasion donc nous leur donnons cette opportunité.»
«CERTAINS PLATEAUX TELEVISES SONT TRANSFORMES EN DES ARENES DE RIVALITES ENTRE CONFRERIES»
En outre, le président de Jamra dénonce les rivalités notées durant le ramadan par certaines chaînes de télévision. «Nul n’a besoin d’être instruit pour se rendre compte que le mois de ramadan est un mois béni. A telle enseigne que le Seigneur en a fait un des 5 piliers de l’Islam, à côté de la chahada (la profession de foi), les 5 prières quotidiennes, la Zakat (l’aumône), le pèlerinage à la Mecque», rappelle le religieux». Par conséquent, ajoute-t-il, c’est ce qui traditionnellement donne l’occasion aux prédicateurs de partager avec générosité leur savoir pour les modestes croyants que nous sommes. Cependant avec l’avènement du pluralisme médiatique télévisé, déclare Mame Makhtar Guèye, «nous avons tous constaté durant ces trois ou 4 dernières années des dérives à deux niveaux. D’abord au niveau des émissions religieuses qui se tiennent traditionnellement après le ndogu, sous prétexte de parler des hauts faits d’armes de certains fondateurs de confréries».
Pour le président de Jamra, cela n’est pas une mauvaise chose en soi tant que ça reste dans le cadre de la valorisation des enseignements religieux de ces grandes icônes de nos confréries. Mais malheureusement, «il y a un détournement d’objectif qui fait que la plupart des plateaux télévisés sont maintenant transformés en des arènes de rivalités entre confréries». Des dérives déplorables, de l’avis de Mame Matar Guèye, dans la mesure où elles ne sont mues que par des intérêts financiers personnels. «On peut comprendre qu’il y ait rivalités dans les sports ou dans les arènes, mais il faut éviter de transporter les rivalités dans le domaine religieux. C’est ce qui a mis à feu et à sang la Centrafrique», a-t-il averti. L’autre forme de dérive, poursuit-il, c’est l’utilisation du mois de ramadan pour quémander de l’argent pour des motivations plus ou moins obscures sous forme de téléthons. Même s’il y a des téléthons qui sont louables comme l’exemple de Taib Socé, le président de l’Ong Jamra dénonce «ces téléthons fantaisistes qui profitent du mois de ramadan qui est un mois de pénitence et de solidarité. Je pense qu’on doit y regarder par deux fois. Jamra réitère ses exhortations et ses recommandations aux patrons de presse sur les rivalités malsaines entre confréries sur les plateaux télévisés et l’exploitation opportuniste du mois de ramadan pour organiser des téléthons fantaisistes». Dans le sillage, Mame Matar Guèye salue la position du Cnra qui a pris le taureau par les cornes en rassemblant les imams et les patrons de presse pour faire un rappel et les avertir sur les probables sanctions prévues.
SERIGNE MASSAMBA NDOUR, PRESIDENT DE MARODI PRODUCTION : «Il y a une place à prendre, si on ne l’occupe pas, les autres vont le faire»
De l’avis du directeur du groupe Marodi Production, Jamra donne juste son point de vue. Serigne Massamba Ndour renseigne que Marodi dispose de 4 contenus qui seront diffusés pendant le ramadan. «En plus, nos séries sont financées par des annonceurs qu’on respecte», dit-il. Un respect qui va à l’endroit des Sénégalais également si l’on se fie aux propos de Massamba Ndour. D’autant que leur contenu est dépourvu de choses négatives et d’insultes. S’agissant du contenu des séries qu’ils proposent aux Sénégalais, le jeune producteur précise : « nos séries sont plutôt ludiques, même si derrière il y a des enseignements». Faisant une petite comparaison, il affirme que durant le ramadan les gens regardent sur Netflix les séries qui sont encore pire. « On n’a rien fait de mal, on est responsable», clame le directeur de Marodi Production qui ajoute : «S’ils pensent que respecter les valeurs islamiques consiste à ne pas faire de séries, qu’ils sachent que si on n’occupe pas la place, les autres vont le faire et ce sera pire». Il estime que ce sont les séries occidentales qui font l’apologie de l’homosexualité. «Maintenant si nous ne produisons pas nos séries, les jeunes vont se ruer vers les séries diffusées sur Netflix et autres chaines étrangères». En lieu et place de critiques, il pense que les jeunes producteurs sénégalais devraient plutôt être encouragés et félicités, parce que dans «nos séries on fait la prière… »