LE RECYCLAGE POUR SAUVER L’AFRIQUE DE LA POLLUTION TEXTILE
L'industrie textile, considérée comme le 2e plus grand pollueur après le secteur pétrolier, est sujet de préoccupation pour la styliste Adama Paris. Elle attire l'attention sur la responsabilité des Européens ainsi que des dirigeants africains.
L’édition 2023 de Dakar Fashion Week (DFW) a été axée sur le recyclage. L'Europe est pointée du doigt par la styliste Adama Paris concernant la pollution de l'industrie textile.
L'industrie textile, considérée comme le deuxième plus grand pollueur après le secteur pétrolier, est sujet de préoccupation pour la styliste Adama Paris. Cette dernière attire l'attention sur la responsabilité des Européens ainsi que des dirigeants africains dans ce domaine. Lors de la soirée de lancement de Dakar Fashion Week (DFK), elle a exprimé ses inquiétudes en déclarant : "Nous subissons les conséquences des déchets que d'autres pays déversent sur notre continent. Nos plages sont jonchées de vêtements abandonnés."
Elle a également souligné que nos gouvernants ne semblent pas prendre conscience des dommages causés par les déchets en provenance d'Europe. Selon elle, il est de notre devoir de prendre conscience de cette réalité. Elle souligne que notre société n’est axée sur une consommation de masse, et qu'il est impératif de remettre en question les influences imposées par les Européens et de travailler avec les ressources dont nous disposons. Adama Paris affirme que le soutien aux artistes engagés dans la préservation de l'environnement est une façon de sauver la planète. "Nous collectons les vêtements, leur donnons une nouvelle vie et les revendons. C'est le meilleur moyen de lutter contre cette pollution. Il faut renvoyer à l’Europe ses déchets textiles’’, a-t-elle dit.
Une subvention de 10 millions répartie aux jeunes créateurs
Pour cette édition, l'initiatrice de la Dakar Fashion Week (DFW) a misé sur le recyclage, qu'elle considère comme l'avenir de l'industrie de la mode. Elle met en avant la responsabilité et l'éducation des populations, soulignant qu'il devrait être source de fierté de donner une nouvelle vie aux vêtements. La présente édition compte la participation de 27 jeunes stylistes, avec pour objectif de promouvoir l'amour du recyclage parmi les passionnés de la mode. Forte de plus de vingt ans d'expérience, Adama Paris souhaite soutenir les jeunes créateurs depuis cinq ans. Grâce à sa solide réputation, elle leur offre l'opportunité de participer à des programmes sponsorisés en marge de la Dakar Fashion Week (DFW). "Certains ont gagné de l'argent, d'autres ont pu voyager. Il ne s'agit pas seulement de défiler, mais aussi de construire une carrière et une marque", a-t-elle souligné. Cette année, l'événement a été organisé en collaboration avec l'Ambassade de Turquie.
"L'ambassadrice a exprimé le désir de me rencontrer. Lors de notre rencontre, elle m'a fait part de son souhait de collaborer avec moi et d'aider des associations. Je lui ai répondu : 'Je ne cherche pas à gagner de l'argent avec vous, mais j'aimerais que vous offriez une plateforme à mes jeunes talents"', a-t-elle expliqué. "Pendant longtemps, nous avons connu des difficultés, et maintenant que nous en avons moins, il est normal de les aider", a-t-elle ajouté. Chaque année, une subvention de 10 millions est accordée aux jeunes en fonction de leurs besoins, selon l'initiatrice de la Dakar Fashion Week (DFW). À l'avenir, elle envisage de créer un fonds d'aide pour les jeunes créateurs. "Les banques ne comprennent pas cette industrie informelle. Seuls nous pouvons la comprendre. J'aimerais, par exemple, investir dans la marque de Lakhad", a-t-elle indiqué. En effet, Lahad Gueye, connu sous le nom d'Al Gueye, est aujourd'hui l'un des stylistes les plus talentueux de notre époque. En parlant de lui, Adama Paris témoigne : "Il excelle dans la haute couture et crée des pièces magnifiques. Il a atteint un niveau où il peut défiler à New York, Hong Kong et partout ailleurs. Il est sans conteste le meilleur.
´´Al Gueye est sans conteste le meilleur’´
Al Gueye fait partie ainsi des créateurs sollicités pour participer à la Dakar Fashion Week (DFW). Il a eu à présenter une collection de sa maison de couture dénommée Al Gueye Dakar. Cette collection de haute couture rend hommage aux petites mains qui travaillent dans l'ombre et a été dévoilée pour la première fois à la Faculté des Sciences et de Gestion (Faseg), où il a obtenu une maîtrise en gestion des entreprises. "Les petites mains réalisent d'excellentes créations. Grâce à elles, les vêtements sont aimés et admirés, jouant un rôle essentiel dans la concrétisation des œuvres des designers et des marques de mode", a expliqué le diplômé de l'Institut de mode, coupe et couture où il est sorti major de sa promotion en 2011. Il a ainsi présenté à nouveau cette collection lors du grand défilé du DFW. Une belle occasion de rendre encore hommage à ces travailleurs qui exécutent des tâches manuelles pour fabriquer des vêtements et accessoires, tels que les couturiers (ères), les tailleurs, les brodeurs, les plisseurs, les teinturiers, les modélistes et les artisans du cuir.
Par ailleurs, Zeyna Diakité, fondatrice de la marque Zeyafrica, figure parmi les cinq créateurs qui ont eu l'honneur d'exposer leur travail. Pour sa collection "Assa", l'ancien mannequin a utilisé des draps de lit, des rideaux, et d'autres matériaux récupérés pour créer des tenues originales. De son côté, Sagart, un designer sénégalais, a présenté des tenues entièrement recyclées, chacune avec un thème différent. L'une d'entre elles s'inspire de la mère de Shaka Zulu, la reine Nandi. Parmi les autres stylistes présents, on trouve Maison Audace, Amazing Révolution et Gringo Custum.
Des ambassadrices des plusieurs pays ont défilé
Le défilé était également organisé pour soutenir une noble cause, celle de l'association Solidarité pour les enfants de la rue". Invitée par l'ambassadrice de la Turquie, la chanteuse Coumba Gawlo a déclaré que c'était une excellente initiative que la diplomatie s'engage pour soutenir les plus vulnérables et défendre une cause juste. "Si la mode choisit le thème de l'enfance et s'appuie sur la diplomatie et les ambassadrices, c'est une démarche louable", a-t-elle souligné. Engagée auprès de l'UNICEF, elle salue ainsi l'utilisation de la mode pour véhiculer des messages contre le racisme, le VIH, les violences faites aux femmes et le changement climatique.
De plus, la parade qui s'est déroulée dans les jardins de la chancellerie a vu la participation de modèles hors du commun. Il s’agit d’une quinzaine d'ambassadrices de différents pays, notamment la France, l'Afrique du Sud, Cuba, le Canada, le Pakistan, la Finlande et le Royaume-Uni. Ces ambassadrices ont été vêtues par la créatrice fondatrice de DKF et ont défilé en présentant une collection spéciale entièrement confectionnée à partir de tissus turcs. Les matériaux utilisés dans ces créations ont été fournis par l'Association des Exportateurs de textiles et d'habillement d'Istanbul.