LE THEATRE SENEGALAIS PERD UNE ICONE
Charles Foster est décédé hier dimanche. L’artiste comédien est parti sur la pointe des pieds, en laissant orphelin le monde de la culture
Charles Foster est décédé hier dimanche. L’artiste comédien est parti sur la pointe des pieds, en laissant orphelin le monde de la culture. Engagé pour les causes justes, le mendiant de la paix est qualifié par ses proches et collègues de révolutionnaire, écolo et défenseur des couches démunies.
L’artiste comédien Charles Foster a rendu l’âme. Ancien comédien de la section dramatique de la compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, il était également président de l'association des « maris battus ». Artiste comédien, géant par la taille et par le talent, Charles a fait les beaux jours du théâtre sénégalais. Les férus de théâtre gardent en mémoire son interprétation du personnage de monsieur Kims dans la pièce Fatou... Les amis et proches témoignent unanimement de son engagement pour les causes justes.
Ancien directeur de la compagnie du Théâtre national, Abdoulaye Koundoul, le cœur meurtri, témoigne que c’est avec une grande consternation qu’il a appris le rappel à Dieu de l’artiste comédien Charles Foster alias Kakatar. « Il se définissait lui-même comme le mendiant de la paix, la voix des sans-voix et des couches déshéritées : des femmes, des enfants, des oubliés mais surtout des artistes. Il a défendu durant toute sa vie la cause des artistes», confie monsieur Koundoul avant de se pencher sur ses réalisations au théâtre national et sur toutes les scènes où Charles Foster apparaissait, faisant de lui une icône parmi les figures légendaires de la dramaturgie. « On se souvient de ses combats nobles à travers les multiples projets qu’il portait. C’était une machine à produire des projets, à les porter et à les voir aboutir », ajoute l’ancien directeur des arts qui prie pour le repos de l’âme du défunt. Président de l’Association des artistes comédiens du Sénégal (Arcost), Pape Faye qualifie Charles Foster d’activiste culturel qui avait beaucoup d’idées. Il dirigeait également le mouvement des écolos verts.
Engagé pour les bonnes causes, l’artiste avait tenu à organiser, au mois de ramadan, une journée de prières pour les artistes décédés. Il avait également un projet pour la rentrée des arts, qui associe également des mouvements féministes, de défense des droits de l’Homme et des écolos. « C’est un coup dur ! Charles a toujours eu cette démarche révolutionnaire. Quand il était encore pensionnaire de la troupe dramatique du théâtre Daniel Sorano, il s’est toujours comporté comme ça. C’est de là qu’il avait créé son mouvement culturel, Charles Foster alias Kaakatar… Ce que je retiens chez le personnage, c’est qu’il sort du commun ; il est comme Issa Samb Joe Ouakam. Le personnage qu’il a joué que j’ai en tête, c’est dans la pièce de Ibrahima Sall, intitulée La République. C’est aussi une personne engagée dans l’église. C’est un incompris qui avait ses idées et s’exprimait. C’est encore une grosse perte pour le théâtre sénégalais», pleure Pape Faye.