LES FEMMES APPELEES A JOUER LEUR PARTITION DANS LA LITTÉRATURE
«On dit que les femmes doivent se faire entendre. Ça, c’est vrai mais il faut qu’elles soient visibles. Il faut qu’on vous identifient», a introduit la célèbre écrivaine, Mariétou Mbaye, Ken Bugul, par ailleurs marraine de cette première édition du Salon
Pour faire la promotion de la production littéraire féminine, les femmes doivent oser encore écrire, bien travailler leurs textes et se rendre plus visibles. C’est la conviction de Mariétou Mbaye, dite Ken Bugul, qui s’exprimait ce jeudi, lors du lancement de la premiere édition du Salon du livre féminin de Dakar.
«On dit que les femmes doivent se faire entendre. Ça, c’est vrai mais il faut qu’elles soient visibles. Il faut qu’on vous identifient», a introduit la célèbre écrivaine, Mariétou Mbaye, Ken Bugul, par ailleurs marraine de cette première édition du Salon du livre féminin de Dakar. Selon elle, quand on parle des femmes qui entreprennent, qui écrivent, c’est un défi qu’on lance aux femmes parce que, dit-elle, pour écrire comme pour entreprendre, et pour être visible, il faut une dose de courage et, dans le courage, il y a le refus du déni, du cloisonnement et du cadrage. «Il faut le courage, c’est fondamental et essentiel. Il faut refuser d’être cadré ou affecté dans un rôle. Et pour avoir ce courage, il faut une dose de folie parce que c’est dans cette folie qu’on a cette liberté», a-t-elle avancé.
Très active dans la cause et les activités des femmes, Mariétou Mbaye, auteure du Baobab fou , un roman autobiographique, encourage les femmes à plus oser dans le domaine de l’écriture et se rendre plus visibles. Ken Bugul estime également qu’il ne suffit pas seulement d’écrire, mais il faut aussi maintenir le rythme. «Une femme ne doit jamais entreprendre quelque chose et ne pas continuer. C’est pourquoi il faut bien travailler vos textes. Une femme, celle qui est responsable de la vie, qui donne la vie, qui entretient la vie, qui assure la vie, ne doit pas échouer ; sinon la vie aura échoué. Donc tout ce que nous faisons, nous devons bien le faire», poursuit-elle, tout en indiquant que l’écriture, par son côté intime aussi, permet de s’exprimer. Tout en se félicitant de la participation à ce salon, de plus d’une vingtaine d’auteures, elle a indiqué que cette initiative qui sert comme «un dictionnaire», vise à identifier partout en Afrique, les femmes écrivaines.
Dans la même veine, elle estime que si Sembéne Ousmane était vivant, Amina Seck l’aurait certainement invité à ce salon Ecrire au féminin parce que selon elle, Sembéne Ousmane, dans toutes ses oeuvres, n’a parlé que des femmes. «Il a mis en valeur les femmes. C’était un écrivain pour les femmes», s’est félicité la marraine.
Ce salon, Ecrire au féminin, qui fait la promotion de la production littéraire féminine, a été initié par l’agence «Les Cultur’Elles». Quant à la promotrice de cet évènement, Amina Seck, elle indique que c’est l’occasion de découvrir des livres et idées qui expriment la vision des écrivaines sénégalaises et africaines, en les rendant plus visibles.
A l’en croire, ce Salon du livre féminin de Dakar, qui est le deuxième volet du projet qui a réuni les écrivains pendant 3 jours (du 5 au 7 mai) à l’Hôtel de ville de Dakar, a aussi pour but d’inciter les jeunes à l’écriture, les aider, les orienter et les accompagner pour qu’elles puissent rentrer dans le milieu, afin de pouvoir écrire et s’exprimer à travers le monde. «Il y a plus de 150 femmes, voire même plus, qui ont écrit depuis Mariama Bâ jusqu’à nos jours et la plupart de ces écrivaines, on ne les connait pas. Donc, c’est grâce à ça qu’il faut impérativement avoir un cadre pour se retrouver et exposer les œuvres littéraires féminines, les vendre, les lire et les connaître», a-t-elle fait savoir pour justifier le choix du projet. Avant de regretter le fait qu’il n’y ait pas beaucoup de maisons d’édition qui éditent les femmes. «C’est vraiment dommage et donc on a eu 18 maisons d’édition qui ont exposé», précise Amina Seck, qui est également écrivaine et scénariste.
Au menu de ce salon, plusieurs activités dont une conférence traitant du thème : «Parcours littéraire de Mme Mariétou Mbaye dite Ken Bugul», ainsi que des panels d’écriture pour les féministes, sur le thème : «Quel impact sur les luttes pour les droits des femmes.» En outre, la projection du film-documentaire La fenêtre ouverte de Khady Sylla, est prevue. A la suite de ces ateliers, un recueil collectif de nouvelles sera produit par les participantes et édité par la Direction du livre, informe Amina Seck.