L’UNIVERSITE D’INDIANA MET LA MAIN SUR PAULIN SOUMANOU VIEYRA
Après le fonds documentaire de Sembene Ousmane, le Black film center, Archive (Bfc/A) de l’Université d’Indiana, aux Etats-Unis, vient de récupérer les archives de Paulin Soumanou Vieyra.
Après les archives de Ousmane Sembene, ce sont celles de Paulin Soumanou Vieyra qui prennent le chemin du Black film center de l’Université d’Indiana aux Etats-Unis. Le fils du cinéaste a en effet fait don des 450 kg d’archives laissées par son père à cette institution. Selon Stéphane Vieyra, c’est une façon de s’assurer que le travail de son père «ne soit pas perdu».
Après le fonds documentaire de Sembene Ousmane, le Black film center, Archive (Bfc/A) de l’Université d’Indiana, aux Etats-Unis, vient de récupérer les archives de Paulin Soumanou Vieyra. L’Agence de presse sénégalaise (Aps), à qui le fils du cinéaste a confirmé l’information, souligne qu’il s’agit de documents audiovisuels et papiers de Vieyra, composés notamment de films, de photos, d’archives papiers, d’interviews, de manuscrits d’un volume total de 450 kilos, soit sept cantines, transférés de Tours en France à Indiana aux EtatsUnis. «Il était important que ce travail ne soit pas perdu. Quel que soit l’endroit où il est hébergé», a dit Stéphane Vieyra qui se réjouit que désormais «toute l’Afrique pourra et doit accéder à ces archives».
Selon le plus jeune fils de Soumanou Vieyra qui assurait la gestion de ce fonds depuis le décès du cinéaste en 1987 par le biais de Psv/Films, la structure qui détient les droits du patrimoine de son père, «la condition la plus importante (pour nous) était que l’Afrique puisse disposer de ces archives et c’est ce qui va se passer». Stéphane Vieyra qui a cédé ces archives sans contrepartie financière, contrairement aux archives de Sembene vendues par ses héritiers, perpétue ainsi son combat de vulgarisation des travaux de son père. «Avec ce don, nous espérons que les nombreux manuscrits inédits laissés par mon père pourront être publiés et traduits en anglais», déclare Stéphane Vieyra, jusque-là conservateur des archives cinématographiques et documentaires de son père. «J’ai visité les installations de leurs archives en 2019 et les responsables étaient ravis d’accueillir les archives de Vieyra. On a discuté des modalités. Nous, nous avions une idée très particulière, c’est-à-dire que les archives de Vieyra sont inestimables. On ne pouvait pas déterminer une valeur marchande», a expliqué Stéphane Vieyra à l’Aps.
Ainsi, l’accord signé avec l’université américaine garantit à la famille de conserver ses droits et d’être la seule à autoriser toute exploitation de ces documents. Mais l’accord permettra aussi la traduction et la publication des deuxièmes tomes de deux ouvrages majeurs écrits par Paulin Soumanou Vieyra sur l’histoire du cinéma africain et sur Sembene. Stéphane Vieyra explique que de nombreuses demandes ont été adressées à l’Institut national de l’audiovisuel (Ina) en France et à différents organismes pouvant s’occuper des archives, les traiter et les numériser. Et c’est là que le Bfc/A a fait la différence, puisque ce département de l’Université d’Indiana s’est donné les moyens d’offrir un service entièrement dédié aux archives. Au Sénégal, en 2012, Stéphane Vieyra avait organisé un hommage national à son père dont la bibliothèque personnelle avait été offerte à la Bibliothèque universitaire de Dakar. «A l’époque, on ne pouvait pas conserver ni numériser ces documents écrits et audiovisuels» à Dakar. Et visiblement, les choses bougent très lentement puisque du côté de la direction de la Cinématographie, on semble tout ignorer de cette histoire.
Premier Africain francophone à réaliser un film
Né le 31 janvier 1926 à Porto Novo au Bénin, Paulin Soumanou Vieyra est entré dans la postérité pour avoir été le premier Africain francophone à réaliser un film. Afrique sur seine a été réalisé en compagnie d’autres jeunes cinéastes comme Mamadou Sarr et Jacque Melo Kane. Ce film, réalisé alors qu’il étudiait le cinéma à l’Idhec, ancêtre de la Femis, a bouleversé les codes de l’époque et proposé un regard nouveau de l’Africain sur la métropole. Membre fondateur de la Fepaci et du Fespaco, Paulin Soumanou Vieyra était également le principal collaborateur de Sembene dont il a aussi été le producteur pour des films comme Le mandat, Ceddo ou Xala.Il est l’auteur d’un premier tome de l’ouvrage Le cinéma africain, des origines à 1973.