«NOTRE MISSION AU SENEGAL EST D’ETRE UN VECTEUR DE TRANSFORMATION COMMUNAUTAIRE»
Entretien avec Gilchrist Koutob, Directeur régional de CBN Afrique
Au Sénégal comme dans chacun des 22 pays africains dans lesquels elle est présente, CBN Afrique mène de front des activités médiatiques majoritairement orientées vers une mission évangélique. Mais l’Ong née aux Etats-Unis déploie également un programme social en direction des plus démunis et des communautés frappées par des catastrophes naturelles.
Quel est l’intérêt pour un média américain de se déployer ici en Afrique ?
Les premières interventions de CBN sur le continent furent d’ordre humanitaire. Ce fut lors des crises relatives aux épidémies d’Ebola en Rdc et de mouvements de réfugiés causés par les conflits armés en Afrique centrale pendant la décennie 90 que l’organisation a mis en place un programme humanitaire pour l’Afrique. La production des programmes de CBN en français pour l’audience africaine fut une initiative de certaines personnalités africaines qui désiraient reproduire l’œuvre de Pat Robertson, le fondateur de CBN, au regard du succès fulgurant de ses émissions sous d’autres cieux. Le déploiement de CBN en Afrique francophone fut avant tout dans l’intérêt des africains et des chaînes de télévision qui désiraient voir le contenu de CBN Afrique sur leurs écrans. Aujourd’hui nous sommes en passe de mettre en place un studio de production pour produire un contenu varié et typiquement africain.
CBN Afrique est un média que l’on retrouve dans 22 pays africains mais dont la maison mère se situe en Amérique. Quelles productions proposez-vous ?
CBN Afrique n’est pas un décalque parfait de la maison mère CBN Int’l en termes de réalisation et de production du contenu médiatique. Les programmes produits par le bureau de Dakar sont laborieusement conçus pour se conformer aux réalités africaines. Contrairement à CBN Int’l qui produit une palette d’émissions en tous genres couvrant plusieurs domaines, de la politique au divertissement, le bureau de Dakar produit principalement une version française de l’émission phare de CBN dénommée «Le Club 700». L’émission de 28 min traite de plusieurs thématiques dans une perspective judéo-chrétienne. Nous produisons également «Onecubed», une émission qui met en vedette des jeunes artistes de gospel du continent. Des programmes spéciaux sont aussi produits selon l’actualité qui prévaut dans un secteur donné. Nous proposons également un dessin animé Super BOOK, lequel est produit dans les studios de Virginia Beach. A ce jour, 101 chaînes de télévision diffusent nos programmes.
Beaucoup de vos programmes tournent autour de la proclamation de l’évangile. Comment cette mission se traduit au Sénégal, pays à majorité musulmane ?
Le cœur de CBN est forgé par le binôme média-humanitaire. Cependant, l’un peut être déployé sans l’autre sur un territoire donné. Notre mission au Sénégal, comme dans bon nombre de pays à l’instar du Niger, est d’être un vecteur de transformation communautaire par l’implémentation de programmes de développement socio-économique. Cette mission humanitaire magnifie notre foi et la rend plus pratique car le but ultime de l’évangile est d’aimer Dieu et son prochain. Et cet amour ne s’exprime pas seulement par les paroles mais surtout par les œuvres. Pour ce qui est de la diffusion des programmes télévisés, nous ne diffusons pas encore au Sénégal. Nos programmes sont diffusés sur 101 chaînes de télévision, majoritairement situées en Afrique centrale. Cela est certainement dû au fait que le contenu est beaucoup prisé par une audience d’obédience chrétienne. Et plusieurs de ces chaînes diffusent sur le réseau Canal-sat, ce qui permet une couverture à l’échelle continentale.
Vous avez une branche humanitaire qui apporte son soutien aux populations démunies. Un petit bilan de ces actions depuis 2005 …
De 2005 à ce jour, nous avons réalisé plus de 50 projets majeurs au Sénégal dans plusieurs secteurs, entre autres l’éducation, la santé, la formation professionnelle, l’agriculture, l’élevage, l’aquaculture. Nous avons réalisé 25 projets en approvisionnement en eau potable, forages et puits, 12 projets dans le secteur sanitaire, 8 investissements dans le domaine de l’éducation et 10 projets socio-économiques. Nous menons d’autres projets dans les pays de la sous-région, notamment au Burkina, en Côte d’ivoire, au Niger et dans les pays de l’Afrique centrale.
Comment ces communautés accèdent-elles à l’aide que vous proposez ?
Chaque année au mois de septembre, CBN Afrique lance un appel à projets. Les projets soumis doivent avoir un caractère humanitaire et servir au développement des communautés. Les projets les plus pertinents sont retenus et financés soit totalement soit partiellement. Le département humanitaire de CBN Afrique, Orphans’ Promise, mène aussi des visites de terrain au sein des communautés vulnérables pour recueillir les doléances de la population afin d’y apporter des solutions. Et lorsqu’une catastrophe surgit dans une communauté, nous déployons les ressources nécessaires pour soulager les populations. Par exemple, nous avons jugé nécessaire de remettre aux populations de Keur Massar, quatre motopompes lors des inondations d’août 2020, et récemment nous avons distribué 8 tonnes de kits alimentaires à Dakar et Fatick pour pallier les effets néfastes de la pandémie dans les ménages.
La demande dans les communautés les plus éloignées du pays est-elle plus forte ?
Il est très rare de recevoir les demandes des communautés éloignées d’autant plus qu’elles ignorent l’existence de notre Ong. Cependant, le département humanitaire mène régulièrement des études pour évaluer les besoins des communautés et les conditions dans lesquelles elles évoluent. Ces évaluations concernent aussi les communautés les plus éloignées. Par exemple, les statistiques publiées par le Pro - gramme national de lutte contre le paludisme (Pnlp) montrent que Tambacounda est l’une des zones endémiques du paludisme et, CBN Afrique, en tant qu’Ong, a décidé de distribuer gracieusement des moustiquaires imprégnées dans les communes de ladite région.