«SECK SISTERS N’EXISTE PLUS PARCE QUE…»
Entretien avec Ndickou Seck du groupe des «Seck Sisters»
Elles faisaient figure d’ovnis dans les années 90 avec un groupe entièrement composé de femmes, des sœurs de la diva Coumba Gawlo Seck. Des années plus tard, le groupe s’est dispersé mais Ndickou Seck, la soliste des «Seck Sisters», revient dans le paysage musical. D’Allemagne où elle est en train de poursuivre sa carrière musicale depuis 2013, elle revient avec un nouvel opus. «Bamba wane ma Naby», est sorti depuis le 1er septembre. En séjour au Sénégal actuellement, elle revient sur ce groupe en parlant des raisons qui font qu’il n’existe plus et de l’intention qu’elle a de participer à sa reconstruction, le temps d’une production musicale avec leur grande sœur Coumba Gawlo Seck.
Comment vont les «Seck Sisters» et qu’est-ce qu’est devenu ce groupe ?
Les «Seck Sisters» sont toutes là. Elles se portent bien. Elles vivent toutes en Europe. Anta vit en France, Khady est entre l’Espagne et la France et Courra est la seule qui est au Sénégal. Nous sommes pratiquement séparées. Chacune gère son ménage. C’est ce qui explique que les «Seck Sisters» n’existent plus prati que - ment. Elles n’ont produit qu’un seul album dont le titre est Salar gnikou. Nous y jouions du mbalax.
Comment se passe votre carrière musicale en Allemagne ?
Je vis en Allemagne avec ma famille ; mon mari et mes enfants. Malgré que je sois mariée, il n’y a rien qui s’opposait à ce que je poursuive ma carrière musicale. Je continue ma carrière en solo et mon mari m’encourage à continuer à faire de la musique. C’est quelqu’un qui me soutient aussi. Et je ne fais pas autre chose que de la musique. Je joue dans les festivals et dans certains spectacles. Mon travail se résume à ça. Je suis basé à Munich et c’est à cause de la pandémie du Covid19 que j’ai arrêté mes prestations en Allemagne où je devais jouer durant l’été. Je joue de l’afro-beat, de l’afro-acoustique, la world musique. Je dirige un groupe dont je cherche encore le nom puisque je n’ai pas trouvé le nom idéal. C’est un groupe composé de deux Sénégalais et les autres sont des musiciens allemands. J’ai fondé ce groupe dès mon arrivée en Allemagne en 2013. Après le Magal, je compte retourner en Allemagne
Apparemment vous semblez être la seule parmi les «Seck Sisters» à poursuivre votre carrière dans la musique ?
Mes autres sœurs avec qui on formait les «Seck Sisters» n’ont pas laissé tomber la musique. Anta et Khady poursuivent une carrière solo. Il n’y a que Coura qui jouait la batterie qui ne fait plus de la musique, elle a lâché. Elle s’est mariée, elle gère sa famille. Elle ne peut plus s’encombrer de son instrument (Rire) pour aller jouer par-ci, par-là. «Seck Sisters» n’existe plus parce que nous ne sommes plus ensemble. Nous qui jouions à la guitare et autres instruments poursuivons notre chemin.
Quel est le projet qui vous tient à cœur ?
Dieu fera peut-être qu’on se retrouvera au Sénégal pour faire quelque chose. Je pense que c’est quelque chose qui pourrait se réaliser. J’aimerais voir les «Seck Sisters» et leur grande sœur, Coumba Gawlo Seck se retrouver autour d’une production musicale. D’abord je prie Dieu pour que Coumba Gawlo Seck soit en bonne santé et qu’elle revienne poursuivre sa carrière. Et on verra avec les «Seck Sisters», ce qu’il y aura à faire. Tout cela relève d’une intention de ma part de nous réunir autour d’une production musicale.
Avez-vous des nouvelles de Coumba Seck, votre grande sœur qui a mis en suspens sa carrière après avoir perdu la voix. Comment se porte-t-elle ?
Coumba Seck se porte pratiquement bien Macha Allah. Elle se trouve actuellement en France. Elle est allée se soigner là-bas.
Pouvez-vous nous dire un mot sur vos rapports avec votre grande sœur ?
Nous entretenons d’excellents rapports avec Coumba Gawlo Seck. Nous n’avons aucun problème. Coumba Gawlo nous conseille de ne pas céder, de croire en nous, de foncer et de ne pas lâcher prise. Elle nous conseille de croire à notre carrière musicale.
Que retenez-vous particulièrement de Coumba Gawlo Seck ?
Je n’ai pas grandi avec Coumba Gawlo Seck. J’ai vécu à Touba. A l’âge de 2 ans, ma mère m’avait confiée à sa grande sœur qui vit à Touba. Ce n’est qu’à l’âge de 16 ans que je suis revenue à Dakar. C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à faire de la musique. A chaque Magal, j’avais l’occasion de voir Coumba Gawlo qui venait à Touba accompagné de mon père. De 2011 à 2012, j’étais chez Coumba Gawlo Seck. Je ne garde que de bons souvenirs de Coumba Seck pour avoir vécu avec elle. C’est une grande sœur remplie de bonté, une grande sœur exemplaire. Une sœur qui couve ses petites sœurs et qui veut que rien ne les importune. Mon intention est de nous voir réaliser quelque chose avec Coumba Gawlo Seck. Peut-être qu’on aura la chance de concrétiser ce projet. D’ailleurs, Coumba Gawlo Seck porte le nom de ma mère. Nous avons le même père.
Que pensez de la musique sénégalaise ?
Je reconnais que la musique sénégalaise a connu une évolution positive. On se rend compte que chacun y met du sien. Il y a du bon travail qui est en train d’être bien fait. Je ne vois que du professionnalisme dans ce qui est en train d’être fait dans cette musique sénégalaise
Votre satisfaction contraste avec les critiques qui trouvent qu’il y a des efforts surtout pour améliorer la composition des chansons ?
Je suis parfaitement d’accord avec vous. Si on aborde les choses sous l’angle musical, je peux dire qu’il y a beaucoup de changements que l’on note. Parce que les musiciens ne sont pas seulement dans le mbalax, ils jouent maintenant d’autres genres musicaux. Jadis il y avait du mbalax à gogo. Cela a fortement diminué. Le mbalax est consommé en grande partie au Sénégal même si on reconnait que Youssou Ndour l’a fait voyager partout dans le monde. En ce qui concerne le contenu au niveau des paroles, je suis d’accord qu’il reste beaucoup de choses à faire dans la composition. La majorité des chansons ne traitent que d’amour, on ne chante que l’amour. Il n’y a pas de mal à chanter l’amour, seulement il faudrait penser changer en chantant sur l’actualité ou sur d’autre thèmes.