SAINT-LOUIS JAZZ, SOUS DES AIRS DE SUCCÈS ET D’ANGOISSES
On se projette déjà sur la 31ème édition prévue du 25 au 29 mai 2023. Le plateau de cette 30ème édition a été un véritable succès tant dans l’animation que dans la programmation.
La 30ème édition du Festival international de Jazz de Saint-Louis s’est terminée le lundi 06 juin sur de mémorables prestations du trompettiste italien Flavio Boltro et du contrebassiste israélien Avishai Cohen. Seulement, au-delà du succès musical qui « est l’arbre qui cache la forêt » selon l’expression de Me Ibrahima Diop président de l’Association St-Louis Jazz, se trame annuellement une angoisse existentielle d’un événement qui se cherche un nouveau souffle.
On se projette déjà sur la 31ème édition prévue du 25 au 29 mai 2023. Le plateau de cette 30ème édition a été un véritable succès tant dans l’animation que dans la programmation. Des chanteurs de renom dont le Malien Pédro Kouyaté, le Guinéen Sékouba Bambino et la Française Sélène Saint-Aimé, le trompettiste italien Flavio Boltro et le contrebassiste israélien Avishai Cohen, les musiciens sénégalais Djiby Diabaté et Alune Wade, la chanteuse mauritanienne Noura Mint Seymali et le Tunisien Mounir Troudi ont régalé le public venu des quatre coins du monde. Les séries de spectacles intitulés « Autour de minuit » du koriste Ablaye Cissoko à l’Institut français de St-Louis ont participé à faire éclater le succès de l’événement.
La dimension populaire et surtout économique à travers un impact réel sur le tourisme local a été aussi magnifiée. « L’essence du festival est de porter et de nourrir le tourisme et l’économie locale », souligne le secrétaire général de l’Association Saint Louis Jazz Fara Tall. Même si le président de l’association a préféré, lors de la conférence de presse de clôture, ne pas parler de bilan « sur le plan économique », Me Ibrahima Diop a tout de même souligné que « tous les hôtels étaient pleins ». Ce qui donne, bien sûr, un aperçu sur le chiffre d’affaires de ces réceptifs hôteliers durant la période du festival. La réalité sur le terrain confirme cette posture de Me Diop. Tous les hôtels, night-club, restaurants, bars, galeries, entre autres ont affiché plein.
A la place Baya Ndar (ex Faidherbe) qui accueillait les concerts, il était difficile voire même impossible de passer à l’entrée sans que le regard ne tombe sur les œuvres d’art, les produits agricoles et textiles localement transformés. La foire offrait un décor féérique de l’événement dès l’entrée. Les stands furent assaillis par les festivaliers, locaux comme étrangers qui faisaient quotidiennement leur shopping avant d’accéder à l’emplacement des prestations musicales.
L’arbre qui cache la forêt
Me Ibrahima Diop en vieux chevalier n’est pas grisé par le succès. L’homme se sent plutôt angoissé par l’avenir de l’événement. « Ce festival a réussi, une très grande réussite » dit-il d’entrée lors de la conférence de presse aux côtés de son secrétaire Fara Tall, mais aussi du sponsor leader la BICIS représentée par son directeur général Bernard Flavie. La réussite de la 30ème édition est cependant « l’arbre qui cache la forêt ». Me Ibrahima Diop répétera à l’envi cette phrase. Parce que pour le président de l’Association St-Louis Jazz, bien que Saint-Louis Jazz éprouve des difficultés, notamment financières, à cause de sa forme actuelle (Association), arrêter le festival n’est pas à l’ordre du jour. « C’est un grand événement qui est porté par une association à but non lucratif. Cela nous dépasse.
L’association ne peut pas, seule, continuer à organiser le festival qui se tient annuellement à Saint-Louis depuis 1993. Cet événement est aujourd’hui entièrement porté par une association à but non lucratif, qui est un véhicule non adapté pour ce type d’initiative qui dépasse ses prérogatives. On devrait aller vers un autre mode d’organisation. On avait parlé d’une Fondation (...) Une nouvelle formule devra être trouvée », a déclaré le président de l’Association Saint-Louis Jazz, Me Ibrahima Diop.
D’ailleurs, il ne manquera pas de saluer la présence à ses côtés de la Bicis depuis près de 30 ans, mais surtout du président de la République qui a encore mis la main à la poche pour une subvention de 20 millions de frs. Sans parler de la mairie de St-Louis pour une enveloppe de 6 millions de frs. D’autres sponsors accompagnent aussi régulièrement l’événement. On ne peut pas arrêter le festival, ajoute le secrétaire général de ladite association qui rappelle dans la foulée, que « l’essence du festival est de porter et de nourrir le tourisme et l’économie locale ».
La parade trouvée, selon Me Ibrahima Diop, c’est que l’association Saint-Louis Jazz, chargée de l’organisation du Festival international de jazz de Saint-Louis (nord), va réunir ses membres et toutes les parties concernées par cet événement artistique annuel. Ce, dans le but d’assurer sa pérennité et de mieux l’organiser lors des prochaines éditions, a-t-on appris lundi de son président, Ibrahima Diop. ‘’Sous l’impulsion du maire de Saint-Louis, en concertation avec le gouverneur de la région, un CRD (une réunion dirigée par le gouverneur de région) sera bientôt organisé pour discuter avec tous les acteurs et trouver la formule la plus adéquate pour (…) ce festival’’, a annoncé M. Diop.
‘’L’organisation était techniquement très professionnelle, avec une très bonne programmation artistique’’, a dit Bernard Levie, le directeur général de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Sénégal (BICIS), un partenaire de l’événement. M. Levie estime que ‘’la place Baya (ex-place Faidherbe, où s’est tenu le festival de musique) était pleine, mais elle pouvait l’être davantage’’. ‘’Il est encore possible d’avoir plus de monde et plus de succès, avec la construction de deux ou trois hôtels de plus d’une grande capacité d’accueil’’, a ajouté le directeur général de la BICIS, assurant le Festival international de Jazz de Saint-Louis du soutien de l’établissement financier qu’il dirige.