«TAMA» CHANTE LA RENAISSANCE AFRICAINE
La musique adoucit les mœurs, a-t-on coutume de dire. Mais elle peut aussi être vectrice d’union. Cela, Mamico et Nicole l’ont bien compris. Nous sommes en 2017 et Mamico alias Tama Bou Khess et Nicole dite Tama Bou Nioul se sont rencontrées à l’école.
Une rencontre fortuite à l’école et Mamico et Nicole, deux férues de musique, tissent une relation passionnée autour de leur passion. Mamico et Nicole, telles les deux faces de cet instrument traditionnel bien de chez nous, le «tama» (tamtam d’aisselle), ambitionnent de positivement vibrer sur une scène musicale où il faut jouer des coudes pour se frayer une place. Mamico alias «Tama Bou Xess» et Nicole dite «Tama Bou Nioul» semblent aujourd’hui avoir réussi leur test avec trois singles dont le dernier constitue un hymne pour la renaissance africaine
La musique adoucit les mœurs, a-t-on coutume de dire. Mais elle peut aussi être vectrice d’union. Cela, Mamico et Nicole l’ont bien compris. Nous sommes en 2017 et Mamico alias Tama Bou Khess et Nicole dite Tama Bou Nioul se sont rencontrées à l’école. Très vite, le courant passe et la connexion démarre. Toutes amoureuses de la musique, elles décident de cheminer ensemble alors qu’elles étaient au collège : Nicole en 4ème et Mamico en 5ème. Cerise sur le gâteau, elles font connaissance avec Dj Mbaye, un homme du sérail qui devient de suite leur manager. Ainsi naquit le groupe Tama. Pendant un temps, coronavirus oblige, Mamico est coincée à Dakar par l’état d’urgence. Mais par chance, Nicole, appelée Tama Bou Nioul (du fait de son teint noir), élève en classe de Première, assure. Elle a l’art dans le sang avec un oncle artiste. A la maison et à l’école où elle participait à des concours de danse, elle vit son art jusqu’à la rencontre avec son alter ego Mamico, surnommée Tama Bou Khess (de teint clair). Même passion, même ambition, elles créent le groupe Tama.
Le symbolisme d’un nom à multiples connotations.
Le tama est «un instrument traditionnel ancestral qui éveille et intrigue», explique Nicole. Le choix de ce nom pour leur groupe n’est pas fortuit. Selon elle, l’instrument, recouvert par une peau de chèvre, dispose de deux faces qui symbolisent les deux artistes. Chacune d’elle représente une face. Quant aux cordes qui relient les deux faces, ce sont la population, la famille les musiciens, bref les gens autour d’elles. Et le galagne (nom wolof désignant le bois qui sert à taper sur l’instrument) représente leur manager Dj Mbaye. Leur rencontre avec ce dernier n’a pas été facile. Elles ont essayé de le joindre à maintes reprises en vain, durant deux mois plus exactement. C’est au moment où le drame de Demba Diop survenait que la rencontre a eu lieu. Par la suite, Dj Mbaye est allé voir leurs parents pour discuter avec eux. D’un pacte de confiance signé tacitement entre les parents et le futur encadreur du duo est né le groupe. Comme elles sont deux, l’inspiration du nom du groupe est venue de ce chiffre. Les deux faces du Tama représentant les deux jeunes filles. Leur teint aussi est venu conforter cette dualité, d’autant que l’une est claire et l’autre noire. «Ce qui représente la vie», d’après Dj Mbaye. L’autre particularité en corrélation avec le nom du groupe, c’est leur voix pointue.
Une ambition internationale
Ces deux jeunes filles ne sont donc pas venues en spectatrices dans ce milieu très concurrentiel. Elles veulent se faire entendre partout dans le monde. Déterminées à poursuivre l’aventure au nom de la passion, Nicole et Mamico ont un seul viatique, «seul le travail paie» ; d‘où leur détermination à mener cette mission en vue d’apporter leur contribution à la marche de leur pays. Mbour regorge de talents et le groupe Tama vient s’ajouter à cette liste d’ambassadeurs de la localité parmi lesquels on peut citer Vivianne Chidid, le groupe Ahlou Brik, entre autres ténors de la musique sénégalaise qui ont eu à faire la fierté des mélomanes de la commune. Nicole et Mamico sont bien décidées à tenir le flambeau pour redorer l’image du showbiz, mais aussi celle des filles et fils de Mbour. Comme le pense Nicole, «il est très facile de changer de comportement dans ce milieu, mais toujours est-il qu’il faut croire à nos objectifs et valeurs». En tout cas, de la détermination, Mamico et Nicole en ont. Surtout avec les opus qu’elles viennent de mettre sur le marché. De beaux titres de par leur sonorité, mais aussi leur sens.
Un répertoire qui se forme petit à petit
Sur le marché, trois singles sont déjà disponibles. Sunu gaal qui parle de la diversité culturelle au Sénégal. Yeufou xalé qui éveille la nouvelle génération en passant par l’amusement, et enfin Rootti-waat, comprenez se ressourcer. En termes plus clairs, explique Nicole : «L‘Afrique doit se ressourcer dans ses propres valeurs» ; d‘où cette sensibilisation dans ce dernier morceau. Elle évoque même, à ce titre, la pensée de feu le premier président de la Répu¬blique du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, qui parlait «d’enracinement et d’ouverture». Elle pense que le continent africain est d’une richesse incommensurable et que le moment est venu d’inverser la tendance. «Au lieu d’aller vers les autres continents, le temps est venu pour notre continent d’accueillir les autres», indique-t-elle. Les difficultés ne manquent pas dans ce qu’elles font, car aucun soutien pratiquement ne leur parvient. Les seules sources de revenu dont elles disposent leur viennent de leurs prestations. «Nous ne sommes pas là pour faire le buzz, mais pour contribuer au développement de notre terroir par la musique. Donc, les autorités et partenaires de la localité doivent nous venir en aide», lance Nicole. Et comme un couperet, la pandémie du Covid-19 est venue bloquer toutes leurs activités. «Une situation difficile», selon Nicole. Mais appartenant à la génération 2.0, elles essaient de gérer leurs activités via les réseaux sociaux. En tant que porteuses de voix, elles lancent cet appel à la population mbouroise et surtout à la jeunesse en particulier : «Cette pandémie n’est qu’une épreuve parmi tant d’autres et qu’on doit surmonter. Je vous exhorte à respecter les mesures barrières édictées par le ministère de la Santé.»