UN OUVRAGE D’ORIENTATION POUR LES GENERATIONS FUTURES
Mohamed Lamine Manga vient à nouveau de gratifier la communauté littéraire et le landerneau politique de son deuxième ouvrage. «Gouvernance et luttes d’influence politique au Sénégal de 1960 à 2000»
La cérémonie de présentation et de dédicace de cet ouvrage intitulé «Gouvernance et luttes d’influence politique au Sénégal de 1960 à 2000» a été organisée ce samedi à l’Alliance franco-sénégalaise de Ziguinchor. Une cérémonie qui s’est déroulée en présence de la directrice de l’alliance et de ses collaborateurs, des professeurs Nouha Cissé et Amadou Fall, des étudiants de l’Uasz, de l’intelligentsia locale et d’un public venu nombreux. Tout ce beau monde a eu droit à la présentation du second ouvrage de l’enseignant-chercheur Mohamed Lamine Manga.
Le chef du département d’histoire et de civilisations de l’UASZ et historien de l’époque moderne contemporaine avec Mention histoire politique qui, après son 1er ouvrage «La Casamance dans l’histoire contemporaine du Sénégal», vient à nouveau de gratifier la communauté littéraire et le landerneau politique de son deuxième ouvrage. «Gouvernance et luttes d’influence politique au Sénégal de 1960 à 2000», qui dissèque en réalité la proclamation de l’Union française de 1946 à 2000. Et ainsi à travers cet ouvrage, l’auteur tente d’analyser la trajectoire politique du Sénégal, notamment celle de la période qui a consacré l’avènement de la 4ème République française et qui sera le début d’une recomposition au sein de l’échiquier politique sénégalais. «Parce qu’en réalité, à partir de 1946 ce qu’on a noté, c’est une transition qui s’opère dans le paysage politique et qui va mener à la fin du monopole de la Section française de l’internationale ouvrière (Sfio) exercé sur le landerneau politique sénégalais», explique-t-il.
Et de 1960 à 1980, le Sénégal va connaitre, selon lui, trois grandes mutations. Une première mutation relative, dit-il, au bicéphalisme et de la cohabitation difficile, de 1960 à 1962, entre Senghor et son collaborateur Mamadou Dia. «De 1963 à 1973, c’est l’ère du monopartisme de fait et des restrictions démocratiques. De 1973 à 1976, c’est l’ère de l’ouverture politique sous Senghor. Mais à partir de décembre 1980, c’est le magistère de Abdou Diouf qui démarre», renseigne l’historien de l’époque moderne contemporaine. Et parlant du magistère de Abdou Diouf, l’auteur estime que celui-ci fut ponctué par de nombreuses crises ; et ce, en commençant, informe-t-il, par l’opération Fodé Kaba en Gambie, ensuite la crise casamançaise et les différentes crises connues en 1989 avec notamment la Mauritanie, la Gambie et la Guinée-Bissau.
Toutefois pour le Professeur Manga, Abou Diouf en réalité aurait pu mieux faire ; mais seulement il avait, soutient-il, les mains liées avec les institutions de Bretton Woods qui lui ont imposé des conditionnalités pour le rééchelonnement de la dette, mais aussi, la surenchère des partis d’opposition. «Diouf n’a pas eu la tâche facile et je considère que c’est un incompris» dixit Mamadou Lamine Manga, pour qui l’écriture est d’abord une passion. «Et en tant que jeune sénégalais je devrais essayer de servir mon pays de la meilleure des manières. Et cela, je ne peux le faire qu’à travers l’écriture de l’histoire, la production d’un savoir historique qui puisse servir l’institution qu’est l’université, qui puisse servir la discipline qu’est l’histoire et qui puisse servir le pays», justifiet-il. Car étant d’avis que ce savoir-là, s’il est bien utilisé, peut être en adéquation avec les préoccupations du pays et servir également d’orientation aux générations futures.
Cependant, l’enseignant-chercheur invite l’intelligentsia sénégalaise à prendre conscience de la continuité entre les faits, à mieux s’imprégner du passé pour mieux s’orienter. «Car si le pays est confronté aujourd’hui à des problèmes, c’est parce que nos élites ne prennent pas suffisamment le temps de s’imprégner de ce passé commun pour mieux s’orienter et mieux orienter les politiques publiques», déplore-t-il.