WALABOK, LE QUOTIDIEN DE LA BANLIEUE
Après avoir signé un ouvrage sur le hip-hop, Fatou Kande Senghor propose une série de 30 épisodes de 26 mn qui aborde le thème de la jeunesse sénégalaise à travers le prisme de la culture hip-hop dans les quartiers populaires.
Après avoir signé un ouvrage sur le hip-hop, Fatou Kande Senghor propose une série de 30 épisodes de 26 mn qui aborde le thème de la jeunesse sénégalaise à travers le prisme de la culture hip-hop dans les quartiers populaires. Les trois premiers épisodes de cette série ont été présentés mercredi dernier au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose.
Mossane a bientôt 18 ans. Dans la banlieue où elle vit auprès d’une mère qui porte seule le poids de sa famille, la vie est une lutte constante. Surtout pour cette famille très modeste de 7 enfants dont le père, musicien, est parti à l’aventure, le grand frère en train de purger une peine de prison et la grande sœur qui travaille dans un bar. Passionnée de rap, Mossane veut à tout prix réaliser son rêve de s’imposer sur la scène. Pour cela, elle prend exemple sur la force et la détermination inculquées par sa mère, dont le combat quotidien pour faire vivre sa famille se déroule derrière l’étal qu’elle tient au marché.
Walabok, comment va la jeunesse est une série de 30 épisodes de 26 minutes portée par Fatou Kande Senghor. Ce mercredi 9 juin, qui coïncide avec le 14e anniversaire de la disparition de son mentor Sembène Ousmane, la réalisatrice a présenté les trois premiers épisodes de la série au Grand Théâtre. L’édifice qui a refusé du monde, a vibré au rythme du hip-hop. D’abord par la projection de films retraçant l’histoire du mouvement au Sénégal avec les pionniers comme les Pee froiss, Bmg 44, Rapadio, Pbs, etc.
Le public a également vécu les premiers moments du mouvement rap né dans les années 70 dans le quartier de South Bronx aux Usa. Que ça soit à Dakar ou à New York, le rap est le symbole de cette population défavorisée dont le combat pour la survie trouve son moteur dans ce mouvement. C’est ce que raconte la série Walabok qui aborde de façon très documentaire et réelle, la vie des populations de la banlieue dakaroise.
Dans cette partie de la capitale, les injustices sociales sont criantes. Les jeunes passent leur vie dans la rue, faute d’emplois. Au détour d’une ruelle, ils s’assemblent et pour passer le temps, alignent des rimes, se confrontent dans des battles amicales. Mais l’animosité monte quand la battle devient une compétition à l’échelle nationale et permet d’ouvrir des portes et de réaliser des rêves. C’est le combat dans lequel Mossane compte se lancer. Remporter le flow up et sortir son album. «Walabok est une histoire contemporaine qui mélange drame et humour subtil pour inviter à l’introspection. C’est une série qui aborde le thème de la jeunesse sénégalaise à travers le prisme de la culture hip-hop dans les quartiers populaires», rappelle la réalisatrice Fatou Kande Senghor qui a également travaillé avec deux talentueux réalisateurs, Pape Abdoulaye Seck et Zul Klifi Lawani. Par ses choix techniques, la réalisatrice propose une immersion dans le cœur de la banlieue et étale sans fard, les réalités de cette excroissance urbaine de la capitale.
Pour le directeur de la Cinématographie, Germain Coly, Walabok vient s’ajouter à une production déjà très satisfaisante pour le pays. «Au moment où se pose la problématique des contenus, la série sénégalaise continue d’occuper sa place, d’aller vers d’autres pays pour faire connaître la culture du pays», se réjouit M. Coly. Il exhorte ainsi les télévisions à participer à cet élan. «Le cinéma sénégalais connaît un dynamisme certain. Nous avons su faire des choses pour conquérir nos propres espaces et j’aimerais inviter nos télévisions à accompagner toute cette créativité. C’est comme ça que nous créerons un écosystème qui permettra de porter tous les arts», souligne-t-il