NGŨGĨ WA THIONG'O SE JOINT À WOLE SOYINKA ET AUX 104 POUR DÉNONCER L’INSTRUMENTALISATION DE LA JUSTICE PAR MACKY SALL
L'un des intellectuels les plus célébrés sur le continent africain et dans le monde a exprimé le désir d’être rajouté à la liste des signataires de la tribune des 104 qui dénoncent la véhémente et brutale instrumentalisation de la Justice au Sénégal
Ce dimanche 26 mars 2023, l'écrivain kenyan, Ngũgĩ wa Thiong'o, l'un des intellectuels les plus célébrés sur le continent africain et dans le monde a exprimé le désir d’être rajouté à la liste des signataires de la tribune des 104 qui dénoncent la véhémente et brutale instrumentalisation de la Justice au Sénégal par l’actuel président de la République Macky Sall.
Écrivain de langue kikuyu et anglaise, membre de l'Académie américaine des arts et des sciences aux Etats-Unis, Ngũgĩ wa Thiong'o est actuellement professeur et directeur de l'International Center for Writing and Translation à l'Université de Californie à Irvine.
Régulièrement cité ces dernières années comme l’un des favoris pour remporter le prix Nobel de littérature, Ngũgĩ wa Thiong'o rejoint dans la liste des signataires le Nigérian Wole Soyinka qui a annoncé le 23 mars 2023 être lui aussi fortement préoccupé par la situation au Sénégal du fait de la constante remise en cause par l’administration de Macky Sall des droits fondamentaux des citoyens.
Au moment où les arrestations tous azimuts se poursuivent au Sénégal et où plusieurs sources crédibles indiquent qu’il y aurait plus de 520 prisonniers politiques, l’engagement de Ngũgĩ wa Thiong'o est un signal fort de la communauté intellectuelle internationale.
Bien plus qu’un intellectuel de renom, Ngũgĩ est un combattant des libertés et un militant anti-néocolonial. Arrêté en décembre 1977, ses combats pour la justice sociale le mèneront dans une prison kenyanne de haute sécurité pendant plus d’un an. Enfermé 23 heures par jour, c’est sur du papier hygiénique qu’il écrira son premier roman en kikuyu, « Devil on the Cross » (Le diable sur la croix). Dans la foulée, il prend l’importante décision d’écrire principalement dans sa langue maternelle, le kikuyu.
Dès 1962 il publie son premier roman en anglais qui deviendra un ouvrage de référence, Weep not Child (Enfant, ne pleure pas). Dramaturge, essayiste, romancier, nouvelliste, il publie en 1986 un retentissant recueil d’essais : Decolonising the Mind: The Politics of Language in African Literature, publié en français sous le titre Décoloniser l'esprit. Cet ouvrage sera le dernier qu’il écrira en anglais.
James Gũgĩ à la naissance, il change son nom en 1977 et se présente en public comme un écrivain afro-saxon. Ses pièces de théâtre interdites, sa famille harcelée, lui-même menacé et traqué par le pouvoir kenyan, il s’exile à Londres avant de s’installer aux États-Unis où il enseigne à Yale Unviersity pendant 3 ans, mais aussi à Northwestern University et New York University (NYU).
Ngũgĩ wa Thiong'o rejoint un nombre important de personnalités africaines et de la diaspora qui mettent en garde Macky Sall contre ses excès et sa brutalité. Au-delà de Wole Soyinka, Cornel West, Anthony Appiah, Sophie Bessis ou Aminata Dramane Traoré, cette tribune a été signée par les professeurs de la diaspora, Sada Niang, University of Victoria, British Columbia et Samba Gadjigo, Mount Holyoke University, Massachusets.
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