GESTION DU SECTEUR TOURISTIQUE : UNE GOUVERNANCE EN QUESTIONS
Le secteur touristique reste à la fois vital et malade. S’il est essentiel dans le développement, il est secoué par des problèmes conjoncturels et structurels qui plombent son développement.
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Le secteur touristique reste à la fois vital et malade. S’il est essentiel dans le développement, il est secoué par des problèmes conjoncturels et structurels qui plombent son développement.
Quatre mois après le démarrage de la saison touristique, les acteurs de ce secteur, qui pensaient avoir pansé les blessures provoquées par le Covid-19, sont assommés par la crise politique qui sévit actuellement. Mais, cela serait l’arbre qui cache la forêt, car il y a d’autres problèmes plus complexes qui plombent le secteur du tourisme. Mamadou Diop, gérant d’un grand restaurant à Saly, n’y va pas par quatre chemins. «Nous le disons à qui veut l’entendre, nous n’avons pas de financements. Dans ce secteur, nous n’avons pas d’interlocuteurs. C’est le crédit hôtelier notre problème. Nous étions en agonie lors du Covid, pour nous sauver de cette situation, le président de la République a mis en place le crédit hôtelier pour refaire nos réceptifs. Cela fait deux ans que nous avons déposé tous nos documents avec décharge. Mais depuis lors, nous n’avons rien reçu, même pas de réponse», a déploré Mamadou Diop.
Aujourd’hui, ces acteurs ne savent plus où donner de la tête et dénoncent la façon dont ce crédit hôtelier est géré par le ministère du Tourisme. «Nous l’avons vécu, le partage n’a pas du tout été équitable. C’est pourquoi les acteurs interpellent le chef de l’Etat pour lui dire que ces différents ministres qui ont été au ministère du Tourisme, et qui ont géré le crédit hôtelier, n’ont jamais été justes ni équitables, et il faut qu’il le sache», clame Mouhamed Faouzou Dème, expert en tourisme et conseiller du collectif des acteurs «Parlons Tourisme». Mamadou Diop appuie : «Nous avons demandé des millions, nous n’avons rien reçu. Si on n’était parents avec ces ministres, c’est sûr que nous allions recevoir notre financement. Ceux qui ont demandé des milliards, ils les ont reçus. Nous existons depuis 20 ans, avec 63 emplois déclarés, il n’y a aucun travail au blanc. Nous sommes en règle, mais rien.»
En plus du crédit hôtelier, ces acteurs fustigent la gouvernance de ce secteur secoué à cause de la concurrence déloyale. «Il faut comprendre que dans ce secteur, il y a des hôtels qui paient et d’autres qui ne paient pas. Il y a des hôtels qui sont identifiés et il y en a d’autres qui ne le sont pas, et ça c’est le service de la réglementation qui doit s’en occuper. Il ne doit pas y avoir deux poids deux mesures. Il faut que le chef de l’Etat sache que le secteur du tourisme est un secteur-clé. Nous sommes persécutés. En pleine nuit, on nous demande la licence d’exploitation, on leur montre le document chaque samedi. Comment on peut travailler dans ces conditions ?»
Pour travailler convenablement, ces acteurs veulent la mise en place d’une «administration flexible, généreuse, compétente, qui est à l’écoute et qui va vers les acteurs». «Ce ne sont pas seulement les acteurs qui doivent aller vers l’administration ; ça aussi nous le déplorons. Pourtant, ce sont eux qui créent de la richesse, participent au Pib. Mais, on ne leur donne pas le respect dû à leur statut, à leur engagement.»
Autre problème mis sur la table, celui du personnel. «Les personnes qui travaillent dans les hôtels, les restaurants, dans le milieu du tourisme, sont régis par une convention qui date de 1975. Vous voulez faire travailler quelqu’un toute une journée alors qu’il n’a pas de repos, ni de week-end ni de fête de Tabaski. Il travaille à longueur de journées et il n’a même pas 100 mille francs de salaire. Et aussi, les extras qui travaillent depuis 2003 dans des hôtels, qui n’ont jamais été embauchés, n’ont jamais de contrat. Il faudrait que le président de la République sache que les travailleurs sont d’égale dignité. Il faut qu’il vienne voir ce qui se passe dans le secteur et écouter les acteurs eux-mêmes», invite M. Diop.