LE CONTRAT SENELEC-WEST AFRICA ENERGY FAIT L’APOLOGIE DES LOBBYS ET DE L’ACCAPAREMENT DE NOS RESSOURCES PUBLIQUES
Après sa plainte au tribunal pour dénoncer et faire annuler le contrat Senelec-West Africa Energy, Amadou Ly « Akilee » informe que l’audience a été renvoyée à après-demain jeudi 5 septembre.
Après sa plainte au tribunal pour dénoncer et faire annuler le contrat Senelec-West Africa Energy, Amadou Ly « Akilee » informe que l’audience a été renvoyée à après-demain jeudi 5 septembre. Ceci étant, interrogé sur le point de presse organisé par les acteurs de West Africa Energy (WAE), il répond que c’est de l’agitation et de la poudre aux yeux pour faire croire que la centrale est prête.
West Africa Energy a récemment invité la presse à assister à l’allumage de sa centrale. Cela veut-il dire que cette centrale est prête et disponible ?
Effectivement, je vois beaucoup d’agitation depuis ma conférence de presse avec de la contre-communication et de la communication pour nous dire que la centrale est prête. La vérité est qu’elle n’est pas encore prête car les initiateurs ont annoncé de leur propre bouche que le cycle combiné n’arriverait qu’en février 2025. Or, si le cycle n’est pas complet avec uniquement les turbines à gaz, cela voudrait dire que la centrale ne serait achevée que partiellement. Ce qu’ils ont fait, c’est de la poudre aux yeux pour faire croire que la centrale est prête. Comme pour dire que le jus, pour ne pas dire le vin, est tiré, il faut le boire. Eh bien non, on a le droit de ne pas le boire surtout s’il est de mauvais goût. C’est comme si les gens nous disaient sur les questions du foncier, « ils ont déjà construit laissons passer ». Non, s’il est avéré que les gens ont usé de procédés frauduleux pour obtenir des passe-droits, ou même si ce n’est pas frauduleux mais que c’est par du copinage et du fait de la proximité avec le pouvoir que des titres de propriétés ont été obtenus, il faut tout remettre à plat au figuré, et si nécessaire au propre. Ce contrat avec West Africa Energy, je le répète, en violant les dispositions du Code de l’électricité au moment de sa signature, est nul et de nullité absolue.
Ils disent également que vous agissez pour des motivations personnelles, parce que vous n’avez pas été nommé DG de la Senelec. Qu’avez-vous à répondre à ces promoteurs de WAE ?
Ils disent cela en lien avec mon entrée en politique et du fait que j’ai soutenu le Président Bassirou Diomaye Faye et sa coalition. Mais je veux rappeler que mon engagement politique est porté par autre chose de plus grand que de simples perspectives personnelles de position sociale. Nous travaillons pour le développement du Sénégal. AKILEE serait plus puissante que Senelec si on l’avait laissée travailler comme il le fallait. C’est le Président Macky Sall qui a laissé faire une bande de charognards avides de deniers publics au détriment des intérêts des Sénégalais, et voilà où est-ce qu’on nous a conduits. Mais cela ne pose pas problème parce que 1000 fois ils nous empêcheront de travailler, 1000 et une fois nous recommencerons. En réalité, toute cette agitation procède de la diversion. Etant en manque d’arguments, et reconnaissant les multiples violations qu’ils ont commises, il ne leur reste que tenter de semer la confusion dans l’esprit des Sénégalais. Mais la diversion est rejetée.
Où en est l’assignation que vous aviez faite à Senelec sur ce dossier ? Pensez-vous que cette procédure pourra prospérer ?
En effet, j’ai assigné Senelec parce qu’elle a manqué à sa mission de produire de l’énergie en quantité, en qualité et au moindre coût en signant ce contrat dont les conditions ne sont pas les meilleures qu’on pouvait avoir. Il ne faut pas que les gens se laissent abuser parla potentielle utilisation du gaz qui, effectivement, peut conduire à une baisse du coût de l’énergie. Le gaz va entrer dans le coût variable de l’énergie mais, dans les charges de capacité, on va retrouver l’impact du coût d’investissement. Si on se compare à certaines centrales de même technologie en France ou au Maroc, on voit des surcoûts de l’ordre de 105 milliards à 124 milliards FCFA sur la base des données dont nous disposons. Ceci est une conséquence directe du choix basé sur le copinage et non pas sur les intérêts des Sénégalais. Si Senelec, qui devait défendre nos intérêts, ne le fait pas, il faut qu’on le fasse. C’est pour cette raison que je les ai assignés pour dénoncer le contrat au regard de tout ce que j’ai expliqué. La première audience a eu lieu le 12 août puis a été renvoyée au 5 septembre.
Vous avez récemment organisé une conférence de presse pour dénoncer le contrat de West Africa Energy. Pouvez-vous revenir sur vos motivations ?
En effet, j’ai tenu une conférence de presse le 6 août dernier pour parler du contrat d’achat d’énergie signé entre la Senelec et la société West African Energy. La motivation principale, c’était la défense de l’intérêt supérieur des populations sénégalaises. Ce contrat souffre de plusieurs violations des lois et règlements du Sénégal qui font, au regard de ses incidences sur le coût de l’électricité mais également sur la structure du parc de production au Sénégal, qu’il ne peut et ne doit pas être laissé se poursuivre dans les conditions actuelles. Tout d’abord le contrat, signé le 11 juin 2020, est nul et de nullité absolue par le fait qu’il viole doublement le Code de l’électricité (Loi 98-29) qui était en vigueur et qui exige que si la signature d’un contrat d’achat d’énergie avec la SENELEC résulte d’un processus d’appel d’offres pour choisir le partenaire producteur indépendant, elle soit précédée de l’obtention d’une licence de production et vente d’électricité. L’appel d’offres n’a pas eu lieu. En lieu et place, le contrat avec West African Energy a été signé de gré à gré, sur la base du simple copinage. Or, sur ce point, le ministre des Finances de l’époque a été clair dès les premières discussions en adressant un courrier à SENELEC, le 29 octobre 2019, dans lequel il exigeait le lancement d’un appel d’offres. Cela n’a pas été fait. De même, les promoteurs n’ont demandé la licence exigée comme condition sine qua non pour la signature du contrat d’achat d’énergie que plus d’un an après, en 2021. La CRSE (Ndlr, Commission de régulation du secteur de l’électricité) en charge d’examiner les demandes d’autorisation de production indépendante a attribué aux promoteurs une licence postérieurement à la signature du contrat, en septembre 2021, ce qui constitue une violation grave et inacceptable. Ou alors, autant abroger tous les textes qui régissent le fonctionnement de notre pays. Il faut savoir que le même projet était déjà proposé en avril 2019 par la société sénégalaise ERS, dont SENELEC est actionnaire à hauteur de 49% et avec laquelle elle avait signé un protocole d’entente le 12 avril 2019. Ce que le ministre Abdoulaye Daouda Diallo a rappelé dans son courrier à SENELEC. Mais la direction générale de Senelec a préféré violer la loi en ne procédant pas à un appel d’offres, pis laisser une société dans laquelle elle a 49% et qui peut réaliser le projet sans débours de capital en plus d’avoir une expérience de production indépendante et d’exploitation de centrale à Kahone, pour aller signer avec une nouvelle société West, Africa Energy, qui n’a aucune expérience, qui a été créée en novembre 2019 et pour laquelle il fallait sortir des capitaux pour prendre 15% des parts. Où est l’intérêt des Sénégalais dans cela, abandonner 49% pour gagner 15% avec des aventuriers ? La vérité est que les porteurs du projet ont usé de leur proximité avec le pouvoir sortant pour bénéficier de passe-droits inacceptables dans une République où tous les citoyens sont égaux en droits et d’égale dignité. Est-ce que vous imaginez une société où seuls ceux qui sont proches d’un pouvoir ont le droit d’entreprendre, en faisant main-basse sur les ressources du pays en petits groupes constitués ? Non, cela ne doit pas être, et si cela a été, il faut qu’on revienne à l’orthodoxie, à l’équité et à la droiture : Jub, Jubël, Jubbënti rek. Laisser passer ce contrat, c’est faire l’apologie des lobbys, du non droit et de l’accaparement des ressources publiques. Si on veut être dans la rupture, dans la droiture et dans la probité, nous devons montrer l’exemple. Cela a commencé dans le secteur du foncier, cela a été annoncé dans d’autres secteurs, le secteur de l’énergie qui a fait l’objet d’un braquage au cours du second mandat de Macky Sall ne saurait et ne devrait y échapper, eu égard aux enjeux. On parle ici d’un contrat qui peut rapporter 3.500 milliards FCFA si les conditions contractuelles sont remplies, pendant 25 ans pour un groupuscule de 4 ou 5 personnes.
Mais, nous avons vu les réactions des porteurs du projet à travers la presse. Ils mettent en avant le contenu local, le financement par le privé national. N’est-ce pas cela la voie du développement ?
Je suis le premier défenseur ou parmi les premiers dans la scène politique du secteur privé national. La vision et l’ambition que j’ai à ce propos sont sans équivoque et incommensurables. Cela dit, je ne saurais promouvoir l’accaparement par des lobbys établis épicuriens, chantres de la jouissance aux frais de la princesse, usant de leur proximité avec un pouvoir pour s’arroger des acquis qu’un Sénégalais entrepreneur lambda ne peut avoir. Le contenu local oui, mais il faut aussi s’intéresser au contenu du contenu local. Si ce dernier est plus un contenu personnel résultant de faits du prince, il faut le dénoncer. Dans cette affaire, le contenu local aurait voulu qu’on donne le contrat à ERS, qui est une société fondée par un Sénégalais dans laquelle Senelec possède 49% et qui a déjà une expérience probante de production et d’exploitation. En vérité, c’est de la manipulation. La méthode est connue, on manœuvre pour obtenir un contrat frauduleusement, on fait taire de diverses manières (souvent avec de l’argent, beaucoup d’argent mais des miettes finalement par rapport au hold-up qu’on s’apprête à faire) les potentiels grains de sable qui pourraient s’infiltrer dans la machine d’accaparement mise en place, on use de communication et de contre-communication pour tromper l’opinion pour laquelle on n’a aucune considération, on fait le dos rond, on abuse de nos guides religieux quand on est aculé pour in fine espérer en sortir indemne avec le butin intact. Cela doit cesser ! La voie du développement, c’est d’identifier de vrais entrepreneurs, qui ont fait leurs preuves dans les secteurs clefs et stratégiques pour le développement du pays et de leur confier les projets du pays pour qu’ils les réalisent. Par la suite, fort de l’expérience acquise ici, le chef de l’Etat se positionne en VRP pour porter le pavillon économique sénégalais hors de nos frontières. Ma vision c’est que nous devons produire 10 à 20 champions comme la Sonatel dans le pays et c’est bien possible.