LE GOUVERNEMENT CONTREDIT L’UE AU SUJET DES ACCORDS DE PÊCHE
Vingt-quatre heures après les déclarations de l'UE justifiant la fin de la coopération par des manquements du Sénégal, l'État a livré sa version : c'est lui qui a renoncé à ce protocole dans le cadre d'une politique de réappropriation de ses ressources
(SenePlus) - En marge d'une sortie intervenue ce mercredi 13 novembre, le gouvernement a formellement démenti la version présentée la veille par l'Union européenne concernant la fin des accords de pêche entre les deux parties.
Alors que Jean-Marc Pisani, ambassadeur de l'UE au Sénégal, avait justifié mardi la non-reconduction du protocole par des "défaillances" du Sénégal dans la lutte contre la pêche illicite, le gouvernement affirme que c'est lui qui a choisi de ne pas renouveler ces accords.
"L'État du Sénégal n'était pas dans la logique de renégocier cet accord", a déclaré sans ambiguïté Dr Fatou Diouf, ministre de la Pêche, des Infrastructures maritimes et portuaires. Elle a précisé qu'une évaluation était en cours et qu'il serait "incohérent de penser à un nouvel accord de pêche avant d'avoir les résultats de cette évaluation".
Cette position a été renforcée par Abdourahmane Diouf, ministre de l'Enseignement supérieur, qui a rappelé que le gouvernement avait déjà signalé son intention de ne pas renouveler ces accords de pêche, dans une volonté de protéger les pêcheurs locaux.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce, Serigne Gueye Diop, a apporté un éclairage supplémentaire sur la RTS1, expliquant que cette décision s'inscrivait dans une refonte globale de la politique de gestion des ressources naturelles du pays. "Des dizaines de contrats, y compris celui avec l'Union européenne, sont désormais sous la loupe de l'État", a-t-il précisé, soulignant la volonté gouvernementale de privilégier le développement du tissu industriel local.
Cette position tranche nettement avec les déclarations faites la veille par l'UE. Jean-Marc Pisani avait en effet affirmé que c'était l'Union européenne qui ne souhaitait pas renouveler le protocole, citant une "politique de tolérance zéro" vis-à-vis des États présentant des faiblesses dans la lutte contre la pêche illicite.
Ce protocole, qui expire le 17 novembre 2024, représentait une contribution européenne de 8,5 millions d'euros sur cinq ans, soit plus de 5,5 milliards de francs CFA, sans compter les redevances des armateurs européens.
Le gouvernement sénégalais a indiqué que plus de détails seraient communiqués après les élections législatives du 17 novembre 2024, date qui coïncide avec l'expiration du protocole actuel.