LE TABAGISME A COÛTÉ 122 MILLIARDS EN 2017
D’après l’enquête effectuée par le Cres, si l’on considère la partie des coûts directs du tabagisme supportée par l’Etat (51milliards Fcfa), on constate qu’elle représente une importante proportion du budget national alloué au secteur de la santé
Le Consortium pour la recherche économique et social (Cres) et le Centre de recherches pour le développement international (Crdi) ont organisé hier une conférence régionale de dissémination des résultats du projet de recherche-action sur la taxation des produits du tabac en Afrique de l’Ouest. Ces études ont montré que le tabac a coûté 122 milliards Fcfa au Sénégal pour l’année 2017.
La consommation des produits du tabac procure des recettes fiscales aux gouvernements. Elle permet à une partie de la population d’avoir un emploi dans les manufactures de production et dans le commerce de ces produits. Cependant, elle tue chaque année plus de 7 millions de personnes dans le monde. C’est pour mettre un terme à ce massacre que le Cres a mené des études qui révèlent les pertes économiques que subit le Sénégal chaque année. D’après le Cres, le fardeau économique de la consommation des produits du tabac sur la société sénégalaise en 2017- 2018 est extrêmement lourd.
Les données utilisées proviennent principalement d’une enquête menée dans 14 hôpitaux publics représentatifs de la carte hospitalière du Sénégal. Les informations ont été collectées auprès d’un échantillon de 2001 patients soignés et leurs accompagnants au cours de l’année 2017. Selon les résultats publiés par le Cres, le tabagisme a coûté en 2017 à la société sénégalaise 122 milliards Fcfa. En effet, les pertes de revenus dues à l’absentéisme des patients et leurs accompagnants au travail et celle liées au décès des patients avant la retraite s’élève à 48 milliards Fcfa. Les dépenses directes sont de 74 milliards Fcfa et se répartissent entre les dépenses directes médicales qui sont de 69 milliards de FCFA et celles non médicales qui s’élèvent à 5 milliards Fcfa.
D’après l’enquête effectuée par le Cres, si l’on considère la partie des coûts directs du tabagisme supportée par l’Etat (51milliards Fcfa), on constate qu’elle représente une importante proportion du budget national alloué au secteur de la santé. Cependant, 17% de ce budget est utilisé à soigner les patients atteints de maladies non transmissibles dues à la consommation des produits du tabac. La consommation des produits du tabac contribue considérablement dans l’économie à travers les recettes fiscales collectées, la masse salariale distribuée et les bénéfices commerciaux tirés de leur commercialisation. Si l’on se réfère aux deux premières sources de revenus, les recettes fiscales de l’Etat issues des produits du tabac sont estimées à 20 milliards Fcfa. Tandis que la masse salariale distribuée par l’industrie du tabac s’élève à 4 milliards Fcfa. Compte tenu de tous ces facteurs, le tabagisme a coûté 122 milliards Fcfa à la société sénégalaise en 2017 et ne lui a rapporté que 24 milliards Fcfa.
Pour Abdoulaye Diagne, directeur exécutif du Cres, la consommation de tabac ne connait une diminution significative et continue que dans les pays qui ont adopté une politique d’augmentation forte et régulière des prix de vente, à travers un relèvement important des niveaux de taxes. «Dans les pays de l’espace Cedeao, le total des taxes, hors Tva, ne représente que 30% du prix moyen de vente des cigarettes, 62%, en moyenne, dans l’Union européenne. Alors que la convention cadre de lutte contre le tabac de l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms), ratifiée par l’ensemble des 15 Etats membres, indique en son article 6 que ce taux doit être égal au moins à 70%», se désole-t-il. Abdoulaye Diagne considère que les pays de l’Afrique de l’Ouest qui ont un faible niveau de taxes sont devenues des cibles pour l’industrie du tabac qui y encourage intensément la consommation de ce produit.