LES PRODUCTEURS DE MANGUES AU SENEGAL VICTIMES DE LA MOUCHE DES FRUITS
Pour éviter cette infestation atteint les 40 à 80%, les producteurs sont parfois obligés de faire une récolte prématurée, ce qui entraîne des pertes énormes, avec des fruits de très mauvaise qualité.
Le Sénégal est connu pour ses bonnes productions annuelles de mangues, mais les producteurs tardent encore à en tirer le maximum de profit financier. C’est parce que les vergers subissent l’attaque de la mouche des fruits, qui étouffe ainsi toute la filière. Mais une alternative s’est installée avec Green Valley, à travers un projet pilote portant sur 300 ha et au niveau du verger de Thissé, dans la commune de Pire. L’ennemie de la production de mangues a été vaincue, avec un taux d’infestation de moins 1%
Le Sénégal produit d’énormes quantités de mangues, y compris des variétés d’exportation au goût excellent, et très prisées sur le marché européen, mais depuis quelques années, le péril de la mouche des fruits étouffe la filière. Ainsi, souvent la qualité fait défaut à cause surtout d’une infestation presque systématique, quand les mangues sont mûres, empêchant toutes possibilités d’exportation.
Pour éviter cette infestation qui atteint les 40 à 80%, les producteurs sont parfois obligés de faire une récolte prématurée, ce qui entraîne des pertes énormes, avec des fruits de très mauvaise qualité. Mais avec le projet Green Valley, qui a déployé à l’intérieur des vergers des petits producteurs avec lesquels il travaille, un protocole appelé « des vergers certifiés avec des produits de qualité et très bons pour le commerce », cette page est en train d’être tournée, avec aussi la levée des contraintes d’exportation et la libération de la qualité gustative.
Selon Dr Papa Djibril Faye Manager du projet d’exploitation Green Valley Sénégal, le projet pilote a démarré sur une superficie de 300 ha. L’objectif est de protéger plus de 90% de la production de mangues. En effet, depuis 2004, avec l’entrée dans le territoire de la mouche invasive, les producteurs perdaient entre 50 et 80% de la production. Actuellement, en cette deuxième quinzaine du mois d’août 2021, dans les autres localités du pays telles que les zones des niayes, de la Casamance, il suffit d’entrer dans les vergers pour se rendre compte que la production est à 100% infestée.
Tout le contraire à Thissé, un village de la commune de Pire où intervient Green Walley ; le taux d’infestation a été réduit à moins de 1%. D’ailleurs il indique que la protection n’est qu’une partie de la ligne de travail de Green Valley ; il s’occupe également de la commercialisation en venant avec le marché. C’est ainsi qu’il achète la production à un prix fixe, après concertations avec la coopérative des producteurs de Green Valley qui sera mise en place à la fin de cette phase pilote, pour toute la campagne.
Cette année, avec la phase pilote, la commercialisation va bientôt démarrer mais en 2022, ce sera à partir de la Casamance pour 6 mois. Pour cette campagne, l’objectif est d’exporter jusqu’à 15 000 tonnes de mangues « Kent » et pour 2022, il s’agit de faire en sorte que le volume d’exportation du Sénégal atteigne les 50 000 tonnes en lieu et place des 15 à 20 000 tonnes traditionnelles. Il ajoute que d’ici 2030, il est inscrit sur les tablettes la volonté d’aller jusqu’à 200 000 ou 250 000 tonnes ; et c’est possible d’autant plus que le Sénégal a bel et bien le potentiel. Et ainsi la filière mangue sera la première filière agricole du Sénégal sous Green Valley Sénégal.
Après la visite de la plantation de Thissé, Sory Mamadou, exportateur ivoirien, se dit impressionné par la qualité des fruits car malgré les fortes précipitations, la mangue est encore intacte et il a des clients qui sont prêts à prendre cette production. La mangue est exportable et il est prêt à s’engager pour 50 tonnes au moins par semaine et selon lui, avec cette démarche, la mangue sénégalaise sera davantage compétitive sur le marché. A ses yeux, cette intervention de Green Valley est une réelle opportunité pour le Sénégal, contrairement à la Côte d’Ivoire qui vit encore les méfaits dévastateurs de la mouche des fruits et où les acteurs sont même parfois obligés d’interrompre la campagne durant au moins 45 jours. S
elon Dr Papa Djibril Faye, l’ambition de Green Valley est d’accompagner tous les producteurs qui font face aux dégâts causés par les mouches des fruits. Les producteurs parviennent à écouler une partie des productions, mais dans d’autres pays, c’est 100% de pertes. Il souligne qu’il y a quelques années en Côte d’Ivoire, le niveau d’infestation était tel que le pays avait été mis sur la liste rouge. Il a fallu une forte implication de l’Etat dans l’achat de produits et le soutien des structures de recherches et de services pour pouvoir faire revenir le pays dans l’export. Il renseigne que le Sénégal n’a pas encore été victime de cette mesure de l’Union Européenne (UE) et avec Green Valley, il est clair qu’à partir de 2022, les agriculteurs sénégalais seront les champions de l’exportation de la mangue.
Pour Cheikh Thioune producteur de mangues, secrétaire général de la coopérative des producteurs de mangues de la zone des Niayes, qui regroupe 23 communes, la campagne de cette année bat tous les records depuis 2011, avec des mangues de qualité et en quantité suffisante, mais la grosse difficulté, c’est l’absence des exportateurs. Selon lui, l’ennemi principal des producteurs au mois d’août, c’était la mouche des fruits, mais elle est vaincue comme en atteste la situation de ce verger, avec des fruits intacts. Et si l’Etat du Sénégal a le souci d’accompagner les producteurs, il doit s’intéresser à l’action de Green Valley qui a terrassé leur ennemi principal.