LA SAR DÉVOILE SA STRATÉGIE POUR TRIPLER SON CHIFFRE D’AFFAIRES
Avec le Plan Sar 2.0, la Société africaine de raffinage ambitionne de répondre pleinement à la demande nationale en produits pétroliers tout en s’ouvrant au marché international. Son directeur général détaille les perspectives de diversification.
Avec l’exploitation du pétrole et du gaz au Sénégal, la Société africaine de raffinage (Sar) devrait occuper une place centrale. Dans cet entretien, son directeur général, Mamadou Diop, dévoile les grands axes de cette nouvelle stratégie et les objectifs dans les court et moyen termes.
Pour la relance de la Société africaine de raffinage, vous avez misé sur le Plan Sar 2.0. En quoi consiste-t-il ?
À la Sar, nous avons ce qu’on appelle l’activité industrielle : le raffinage et l’import. L’activité industrielle représente à peu près 50 % par rapport à la demande nationale. Le reste, nous le couvrons par l’importation ; ce qui nous permet de couvrir à peu près 80 %. Donc, vous voyez qu’il y a une marge en termes de couverture. L’objectif, c’est d’aller au-delà de notre capacité de raffinage, voire dépasser les besoins nationaux. L’idée, c’est même d’aller vers un deuxième site de raffinage qui ferait à peu près quatre millions de tonnes par an. Aujourd’hui, sur le site actuel, nous sommes à 1,5 million de tonnes. Donc, le tout fera 5,5 millions de tonnes par an pour une demande nationale qui est autour de 3 millions de tonnes. Cela va nous ouvrir le marché de l’export.
Quid de la souveraineté énergétique ? Et est-ce qu’elle est dans vos cordes ?
Nous ne pouvons pas parler de souveraineté énergétique si nous n’arrive pas à couvrir toute la demande nationale en termes de produits pétroliers. On ne peut pas, en effet, comprendre que le Sénégal commence à exploiter son pétrole et qu’il continue à importer. Cela dépasse l’entendement. Je salue la vision du président de la République et du Premier ministre. À ce propos, il faut d’ailleurs préciser que le Projet Sar 2.0 est même inscrit dans la « Vision Sénégal 2050 ». C’est pour dire que nous avons le soutien de l’État. C’est pourquoi nous comptons aller au-delà de la sphère raffinage en diversifiant nos activités. Il y a énormément de filières que l’on peut créer avec le pétrole et le gaz.
Est-ce que ce ne sont pas des niches que le secteur privé national pourrait explorer ?
Absolument ! Quand je parle de dérivés, il y a la production d’urée, d’engrais, de butines, de granulés de plastique… J’ai d’ailleurs échangé avec le patronat national. En effet, ils importent tout ce qui est granulés de plastique et à un coût assez élevé. Demain, le Sénégal peut en exporter et à des prix compétitifs. Sur ces aspects, nous pourrons aider nos capitaines d’industrie à être plus compétitifs. D’ailleurs, c’est cela le sens du patriotisme économique.
Le document de programmation pluriannuelle budgétaire fait état d’importantes perspectives pour la Sar. Quels sont les objectifs en termes de chiffre d’affaires sur la période 2025-2027 ?
Cette année, nous étions dans un contexte assez difficile, assez complexe. Nous savons tous que le secteur des Btp connaît un certain nombre de difficultés. Et qui dit difficultés dans ce secteur, dit consommation moindre en carbone. Mais, on verra que nous avons atténué cette tendance baissière en faisant de l’optimisation des coûts. Dès ma prise de fonction, j’ai inculqué la culture d’amélioration. Nous avons fait énormément d’économies sur nos charges fixes, mais aussi en matière d’approvisionnement. Nous avons optimisé tout ce qui est approvisionnement ; ce qui nous permettra d’espérer de très belles perspectives. Nous allons continuer dans cette dynamique d’amélioration continue, d’optimisation des coûts.
Nous allons également améliorer les processus. Là, nous venons de finir un audit organisationnel, plus l’audit financier qui est en cours. Aujourd’hui, nous avons une dizaine d’investisseurs prêts à financer le projet. Le retour sur investissement est hyper intéressant. Je ne peux pas aller en détail parce que nous avons la priorité sur le marché national en termes d’activité industrielle. Cela veut dire que ce cap que nous allons couvrir, c’est forcément des bénéfices qui seront générés. C’est pour cela qu’il y a énormément d’investisseurs intéressés. L’objectif, c’est de tripler le chiffre d’affaires. Aujourd’hui, on parle de 1.000 milliards de FCfa. L’objectif, c’est d’aller jusqu’à 3.000 milliards de FCfa en termes de chiffre d’affaires avec la pétrochimie et avec le deuxième site.