CHEIKH MBOW DONNE SON SATISFECIT MAIS CRITIQUE LA POSTURE DU GOUVERNEMENT
La volonté affichée par le gouvernement de réviser les programmes scolaires est bien accueillie par les acteurs du système éducatif

Le Directeur exécutif de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) a longuement abordé hier sur iRadio la question de la révision des programmes scolaires au Sénégal. Invité de l’émission Jury du dimanche (Jdd), Cheikh Mbow a estimé que c’était fondamental vu la surcharge des enseignements. Seul bémol, il soutient que l’etat fait montre de faiblesse en prenant cette décision, après des manifestations constatées ci et là dans le pays, alors que des éminences grises ont soulevé ce débat depuis des années.
La volonté affichée par le gouvernement de réviser les programmes scolaires est bien accueillie par les acteurs du système éducatif. Parmi eux, le Directeur du Cosydep, Cheikh Mbow qui soutient que c’était une demande forte formulée depuis les assises nationales de l’Éducation en 2014, et réaffirmée pendant la Covid-19. A en croire monsieur Mbow, on est actuellement dans un encyclopédisme qui ne dit pas son nom. Et que les enfants sont quelque part surchargés. Il pense que cette nouvelle donne permettra de faire face au bourrage qui devenait inquiétant. «Il y a aussi une exigence de réadapter les programmes et les curricula à nos réalités», a-t-il laissé entendre hier lors de l’émission JDD. Pour autant, Cheikh Mbow soutient que ce qui est problématique dans cette affaire, c’est que le gouvernement a été contraint par les élèves de prendre cette décision. «Cette décision du ministre arrive juste après des manifestations notées ci et là. Pourtant, des gens plus mûrs qui sont dans des postes de responsabilité, des organisations de la société civile, des partenaires, des syndicats, avaient réclamé cela. Mais on ne semblait pas être entendus», fait-il constater à l’opinion. Il souligne que c’est parce que les élèves sont sortis manifester dans la rue que le ministère a décidé d’aller vers ces réformes, renvoyant l’image que pour être entendu, il faut être violent, il faut manifester. Or, souligne-t-il, des gens l’avaient déjà démontré à travers des études réelles, à travers des processus plus responsables, pour demander à ce qu’on aille vers ces réformes. L’émission JDD sur iRadio a permis par ailleurs au Directeur de Cosydep de revenir sur l’approche par les compétences qui gouverne aujourd’hui le système et qui a coûté une quinzaine d’années (2000 à 2014) et douze milliards F CFA en termes de réécriture du programme mais ensuite en termes de formation des enseignants.
Cheikh Mbow a appelé en outre à travailler pour avoir «une école qui nous ressemble» avec différentes portes d’entrée. A l’en croire, les Sénégalais pourraient ainsi choisir d’amener leurs enfants soit dans un daara, soit dans l’école classique ou dans les ateliers de formation de métiers comme la couture, la menuiserie, la mécanique. «Si nous voulons construire une nation, on ne peut pas avoir des Sénégalais qui sortent d’écoles différentes et qui se regardent en chiens de faïence, qui s’opposent. Combien de fois vous avez vu quelqu’un qui vous dit : ‘’je suis un produit du daara, et donc, j’ai plus de valeur’’. L’autre vous dit : ‘’écoutez, je suis un produit des écoles classiques, j’ai plus de connaissances’’», fait-il constater en réclamant de lever tous ces clivages non fondés.
Il a salué en définitive la commande du président de la République Macky Sall pour la réécriture de l’histoire générale du Sénégal entamée par le défunt Pr Iba Der Thiam. Ce, pour proposer son inclusion dans le nouveau programme. «Vous ne pouvez pas dire : je vais enseigner les grandes figures emblématiques mais à partir de l’œil du colon. La plupart de nos figures ont été décrites par d’autres personnes. Nous devons avoir notre propre perception, notre propre analyse de ces figures. C’est à partir des polémiques qu’on va vers la construction de consensus », at-il conclu à ce propos.