EL HADJ MALICK YOUM, DEMANDE DE MAINTENIR LA PRESSION CONTRE LE REPORT DE LA PRESIDENTIELLE
Le SG du Saemss était présent à Mbour hier pour soutenir un enseignant jugé pour manifestation non autorisée Le prof d’espagnol jugé hier écope de deux mois avec sursis.

Massouka Ndiaye, le professeur d’espagnol arrêté le 09 février dernier à Mbour et poursuivi pour les délits de participation à une manifestation non autorisée et actes de nature à compromettre la sécurité publique, a écopé d’une peine de deux mois assortie du sursis. Venus nombreux le soutenir hier mardi au tribunal, ses collègues ainsi que ses élèves, ont reçu les remerciements de la synergie des syndicats d’enseignants au niveau national par la voix de El Hadj Malick Youm, le secrétaire général national du SAEMSS. Interpellé sur les perspectives de la grève des enseignants, le leader syndical a assuré que ce mouvement d’humeur pour exiger aux côtés des autres forces vives du pays la tenue de l’élection présidentielle dans les délais requis par la Constitution, va se poursuivre jusqu’à obtention de gain de cause.
Le tribunal de grande instance de Mbour a été assiégé hier par une foule des grands jours venue faire corps avec un enseignant qui était jugé après son arrestation le 9 février dernier pour participation à une manifestation non autorisée et actes de nature à compromettre la sécurité publique.
Tôt dans la matinée, la salle des audiences a été prise d’assaut surtout par les enseignants qui ont fait vaquer les cours dans quasiment tous les établissements de la commune, sans compter une forte mobilisation des élèves notamment ceux du nouveau lycée de Mbour venus eux aussi manifester leur soutien à un de leurs professeurs.
Les moins privilégiés, qui n’ont pu accéder à la salle, se sont massés dans le couloir qui y mène, d’autres dans le hall, tandis que les « retardataires », eux, étaient obligés de patienter aux alentours du tribunal, près du portail pour attendre l’issue de ce procès. Il aura fallu patienter plus de quatre tours d’horloge avant que l’affaire ne soit appelée à la barre. Massouka Ndiaye, drapé dans un ensemble sportif de couleur bleue assorti de chaussures de sport noires, se présente, l’air serein. Il n’est assisté que d’un seul avocat mais dans la salle on sent une effervescence du public pour sa cause.
Au bout de quarante minutes, le verdict est prononcé, le prévenu est condamné à une peine de deux mois assortie du sursis. Dans la salle, on sent un grand soulagement. A preuve, les lieux se sont rapidement vidés de leurs occupants après le prononcé du verdict. Le juge était même obligé d’attendre que tout ce beau monde évacue la salle pour que les autres affaires inscrites au rôle soient appelées.
« Nous avons envisagé de maintenir l’épée de Damoclès … »
Au dehors, le soulagement était perceptible chez les nombreux soutiens de Massouka Ndiaye dont des ténors syndicaux. Face à la presse, EL Hadj Malick Youm, le secrétaire général national du Syndicat autonome des enseignants du Moyen-Secondaire du Sénégal (SAEMSS), qui avait fait spécialement le déplacement, s’est tout d’abord félicité de la forte mobilisation constatée sur place dont élèves et enseignants ont fait montre.
« Nous sommes satisfaits de ce verdict et nous pensons que les syndicats, les enseignants, les élèves, bref toutes les parties prenantes de l’école ont joué leur rôle et nous demandons que l’on continue de respecter les principes de l’Etat de droit au Sénégal », a-t-il souligné.
« Au Sénégal, il faudrait que tout le monde comprenne qu’on est à une ère où on ne peut plus continuer à embrigader les libertés mais plutôt à les accompagner. C’est dans ce sens que nous estimons que la plupart d’entre nous qui refusent de porter le combat doivent comprendre qu’ils sont en sursis. C’est pourquoi, nous saluons la tenue de ce procès et l’engagement et la détermination dont les enseignants ont fait montre pour qu’on obtienne ce résultat Je dois rappeler que nous sommes dans une dynamique où tout le monde constate que les syndicats à l’unanimité ont décidé de porter un combat citoyen suite à la signature du décret abrogeant le décret qui avait convoqué le corps électoral le 25 février et le vote de la loi actant le report », a ajouté le syndicaliste.
Pour autant, estime le secrétaire général du SAEMSS, l’heure n’est pas au relâchement, tout au contraire. C’est pourquoi, il confie que la grève des enseignants contre la suspension « unilatérale » du processus électoral va devoir se poursuivre jusqu’à ce que l’élection présidentielle se tienne dans les délais requis. Selon lui, les enseignants constituent par excellence le corps qui doit incarner l’esprit citoyen. « Nous avons envisagé de maintenir l’épée de Damoclès sur la tête de ces acteurs politiques qui pensent que tout doit se faire sur le dos du peuple, pour leur rappeler que nous exigeons totalement qu’ils se soumettent aux populations pour fixer dans les meilleurs délais cette date de l’élection présidentielle », a martelé M. El Hadj Malick Youm.