LES ENSEIGNANTS RAPPELLENT LEURS DOLÉANCES ET AFFICHENT DES CRAINTES
Les enseignants dressent déjà la liste de leurs attentes et demandent au ministre Cheikh Oumar Anne de camper sur des principes d’ouverture, d’inclusion, de concertation et de partage pour une stabilité de l’Ecole sénégalaise.

La poursuite des négociations avec les partenaires syndicaux, le respect du protocole d’accord du 26 février dernier, les lenteurs administratives et la situation des décisionnaires... Les enseignants dressent déjà la liste de leurs attentes et demandent au ministre Cheikh Oumar Anne de camper sur des principes d’ouverture, d’inclusion, de concertation et de partage pour une stabilité de l’Ecole sénégalaise.
La rentrée scolaire est prévue le 03 octobre prochain pour le personnel enseignant et administratif, et le 06 pour les élèves. Au cours de cette année académique 2022- 2023, les secrétaires généraux des syndicats d’enseignants ne vont plus se retrouver autour d’une table de négociations avec Mariama Sarr, Abdoulaye Daouda Diallo ou encore Mamadou Talla qui ont changé de portefeuille ministériel. Du moins pour certains.
Désormais, Saourou Sène, Abdoulaye Ndoye, Abdou Faty, Amidou Diédhiou, Dame Mbodj... vont devoir continuer les pourparlers avec des ministres nouvellement nommés. Leurs interlocuteurs seront Mamadou Moustapha Bâ, ministre des Finances et du Budget, Oulimata Sarr, ministre de l’Economie, Samba Sy, ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les Institutions, Gallo Bâ, ministre de la Fonction publique et de la Transformation du secteur public et surtout, surtout, Cheikh Oumar Hanne, ministre de l’Education nationale.
En effet ce dernier, qui était ministre de l’Enseignement supérieur dans le précédent gouvernement, remplace Mamadou Talla au département de l’Education nationale. Dans son discours, le tout nouveau Premier ministre, M. Amadou Bâ, a parlé d’un gouvernement «de combat» et «d’attaque».
Le secrétaire général du Sels (Syndicat des enseignants libres du Sénégal) Authentique, Abdou Faty, dit espérer que ce sera comme annoncé. C’est-à-dire un gouvernement d’attaque effectivement. Il émet tout de même des craintes par rapport à la continuité du service, du moins celle relative au circuit des actes administratifs. «Nous exprimons notre inquiétude sur le départ de ces ministres qui ont signé le protocole du 26 février. Nous osons espérer que chacun d’entre eux comprend les enjeux de son département. De ce point de vue, il invite les mouvements syndicaux, les partenaires et les autres acteurs autour des questions essentielles du secteur qui relèvent de son département. Nous prenons acte de ce changement au niveau gouvernemental. J’ose espérer que c’est un gouvernement d’attaque. Etant donné qu’il y a changement de gouvernement et de dénomination de certains ministères, tous les actes administratifs qui sont dans le circuit vont retourner à la base et au ministère qui les a initiés. Le circuit ministériel est extrêmement long. Nous sommes dans le temps de la dématérialisation. Il faut que ce gouvernement qui se dit d’attaque fasse que ces actes-là ne reviennent pas à la case départ» estime le patron du Sels/Authentique. M. Faty espère aussi que l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, qui atterrit à l’Education nationale, fera tout pour régler la lancinante question des lenteurs administratives et aussi faire respecter le protocole d’accord du 26 février dernier. Le respect des accords signés, c’est la préoccupation de Amidou Diédhiou.
Le secrétaire général du Sels émet des craintes relatives surtout au respect des accords signés avec le gouvernement. En effet, dit-il, tous les ministres qui ont signé ce protocole ont changé de poste. Une situation préoccupante pour le Sels qui invite les nouveaux ministres à poursuivre les négociations. «Le jeu de chaises musicales nous préoccupe parce qu’on a un problème de suivi des accords qui ont été signés. Je rappelle que, pour chaque ministère, il y a encore des questions essentielles à régler. Au niveau de la Fonction publique, c’est l’épineuse question des enseignants décisionnaires qui n’est pas encore vidée et pour laquelle nous avions entamé un processus. Nous interpellons le ministre nouvellement nommé à la tête de la Fonction publique sur cette question. Nous l’attendons fortement. Nous interpellons le nouveau ministre de l’Education nationale sur les questions résiduelles. Il y a également des questions nouvelles. Par rapport à ce ministère, nous l’interpellons et lui demandons de rester sur des principes d’ouverture, d’inclusion, de concertation, de partage. Parce que le système nous appartient à nous tous», a-t-il expliqué.
Abondant dans le même sens, Abdou Faty du Sels Authentique considère que les acteurs de l’Education nationale ont réussi à construire ensemble, et durant des années, une stabilité à l’école. Mieux, indique-t-il, « on s’est inscrit dans une dynamique de réforme majeure au niveau du ministère». A travers ce remaniement, dit-il, «on nous amène quelqu’un qui doit tout recommencer». «La rentrée scolaire c’est pour bientôt. De toutes les manières, nous sommes des syndicalistes et nous serons là à rappeler à qui de droit que l’éducation doit être une priorité». Amidou Diédhiou, lui, veut un «système éducatif solide» et «sans partie pris». Il en a profité pour rappeler au nouveau ministre que la rentrée scolaire, pour les enseignants et l’administration de l’école, est prévue le 03 octobre prochain. C’est dans deux semaines alors que des écoles sont inondées, d’autres occupées par des sinistrés. Telle est la première préoccupation du moment qui vient s’ajouter au volumineux dossier des doléances se trouvant déjà sur le bureau de Cheikh Oumar Hanne...