MOUSTAPHA GUIRASSY VEUT HISSER LE SYSTEME EDUCATIF AU RANG DE REFERENCE
Le nouveau ministre de l’Education nationale s’engage pour une éducation de qualité à travers le changement et l’innovation
Les syndicats d'enseignants souhaitent "une école qui nous ressemble, qui produit des ressources humaines et appelée à développer ce pays ".
Le nouveau ministre de l’Education nationale, Moustapha Mamba Guirassy, s’engage pour une éducation de qualité à travers le changement et l’innovation. Un engagement qui demande beaucoup de «pasteef» vu les maux et les défis à relever concernant surtout la situation des enseignants décisionnaires, les lenteurs administratives, la formation « diplômante », les abris provisoires, le déficit d’enseignants et d’infrastructures...
L’un des plus grands ministères du pays, celui qui a incontestablement le plus lourd budget, est désormais confié à Moustapha Mamba Guirassy qui fait ainsi son retour aux affaires en remplacement du Pr Moussa Baldé. De la communication sous le magistère de Me Abdoulaye Wade, il atterrit à l’Education nationale dans le premier gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko. Homme du sérail, il est certes en terrain connu mais beaucoup de défis l’attendent. Les problèmes de l’école sont très nombreux. Et à entendre parler les syndicalistes et les présidents d’associations de parents d’élèves, les choses peinent à bouger dans ce secteur vital. Les premiers évoquent surtout la question des lenteurs administratives portant sur les examens pratiques et les validations des expériences acquises tels que le Ceap, le Cap, la signature des arrêtés, projets et autres actes de rappel, d’avancement ou d’intégration. Il y a aussi les abris provisoires, le déficit d’enseignants et d’infrastructures scolaires, le problème de la formation. Sans compter la situation des enseignants décisionnaires concernant surtout ceux qui sont sur les listes d’attente et passerelles... !
S’attaquer aux problèmes avec des mesures fortes
Le mal est profond et complexe. Du préscolaire au supérieur, qu’il s’agisse des daaras, du privé comme du public, tout va mal. Des maux qu’il urge aujourd’hui de guérir «avec les acteurs de l’éducation notamment les inspecteurs d’académie, de l’éducation et de la formation, les directeurs d’écoles, les syndicalistes, les présidents des associations de parents d’élèves (Ape) et les élèves pour poser les problèmes sur la table et prendre des mesures fortes. Déjà, le maintien des enseignants dans les zones dites éloignées et une indemnisation d’éloignement mensuel pour résoudre le problème du déficit d’enseignants en zones éloignées sont une demande sociale, l’annulation de tous les ordres de services récemment signés par l’ancien ministre Cheikh Oumar Hann, supprimer aussi le dernier recrutement illégal basé sur le clientélisme et le militantisme politique. Oui au recrutement démocratique tout en évacuant les dossiers de milliers d’enseignants en instance et qui impactent négativement leur carrière. Les enseignants, dans leur grande majorité, pensent qu’il faut réformer le système, éradiquer les lenteurs administratives, changer les programmes scolaires qui, selon eux, «contient trop de matières inutiles». Ils demandent de faire de sorte que l’élève, à travers ses compétences, puisse être orienté trèstôt au métier du travail. Maintenir les enseignants dans le secteur avec plus de motivation, d’équité et de justice. Ce sont là en résumé les doléances des enseignants qui se félicitent de la nomination de Moustapha Mamba Guirassy à la tête du ministère de l’Education nationale.
Le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels) Amidou Diédhiou a réagi à cette nomination. «Je me félicite de la formation du nouveau gouvernement et félicite par la même occasion le ministre de l’Education nationale Moustapha Mamba Guirassy et nous lui souhaitons plein succès. Au regard de son parcours et de son profil, nous avons une bonne appréciation de lui et espérons qu’il accomplira avec brio sa mission». Après les civilités, le leader du Sels, Amidou Diédhiou, rappelle au nouveau ministre que le secteur de l’éducation connait des crises cycliques qui durent depuis plus de 10 ans. «Il faut donc chercher à en comprendre les causes. Pour notre part, nous considérons qu’elles sont pour la plupart liées à des engagements pris ou accords signés mais qui n’ont pas été respectés. Il faut par conséquent cultiver le culte du respect de la parole donnée. Pour réussir sa mission, Moustapha Mamba Guirassy devra impérativement rester très ouvert et accessible mais aussi favoriser le dialogue social qui avait connu une panne. Il lui faut également tenir un langage de vérité et s’attaquer enfin aux dossiers qui sont sur sa table parmi lesquels on peut citer la question des décisionnaires, le résiduel du protocole d’accord de février 2022, les actes de nomination des directeurs d’écoles, le problème du déficit d’enseignants, la problématique des abris provisoires, la révision des curricula. Ce sans oublier la question de l’introduction des langues nationales dans les écoles. Bref le système scolaire doit être réformé à tous points de vues : gouvernance, contenu d’enseignement...».
Quant à Ndongo Sarr, le secrétaire général du Cusemss (Cadre unitaire des syndicats du moyen et secondaire du Sénégal), il dit prendre acte de la nomination de M. Guirassy pour qui il a des «préjugés favorables en raison de ses qualités humaines et intellectuelles. Cela dit, nous attendons de le voir à l’oeuvre pour aviser. Parmi les attentes, nous demandons surtout une rupture dans la démarche avec plus d’écoute et de réactivité pour une prise en charge des préoccupations avant qu’elles ne lui valent des crispations. Il y a aussi l’apurement du passif des accords signés avec ses prédécesseurs. L’Etat est une continuité. Entre autres éléments de ce passif, on peut noter la situation des décisionnaires, la formation « diplômante », les lenteurs administratives, le paiement des rappels, l’équité dans le système de rémunération, le recrutement conséquent d’enseignants par voie de concours et leur formation initiale, la résorption des déficits d’infrastructures, de tables-bancs, d’outils didactiques...». Ndongo Sarr plaide aussi pour une refondation du système et la construction d’une école «qui nous ressemble, qui produit des ressources humaines et appelée à développer ce pays». Last but not least, le patron du Cussems soulève la situation des enseignants contractuels et celle des décisionnaires ainsi que les lenteurs administratives... Avec Amidou Diédhiou, ils invitent ainsi le ministre à privilégier la concertation et le dialogue avec les acteurs. Ce qui ne semble pas tomber dans l’oreille d’un sourd.
Une éducation de qualité
A peine nommé, Moustapha Guirassy s’est engagé pour une éducation de qualité au Sénégal. Son ambition est de hisser le système au «rang de référence», en intégrant l’innovation tout en préservant les précieuses valeurs culturelles du pays. Il souhaite faire faire à ce secteur vital des progrès significatifs contribuant ainsi au développement du pays. «En tant que nouveau ministre de l’Education nationale, je prends conscience de la lourde responsabilité qui m’incombe et accueille humblement ma nomination. Je mesure pleinement les nombreux défis qui se dressent devant nous et je m’engage résolument à consacrer toutes mes énergies à l’amélioration de notre système éducatif. Mon objectif est de le hisser au rang de référence, en le dotant d’une dimension innovante tout en préservant jalousement nos valeurs culturelles et traditionnelles, qui constituent le fondement même de notre identité nationale», a indiqué Moustapha Mamba Guirassy, le nouveau ministre de l’Education nationale.