REPERCUSSIONS NEGATIVES CHEZ LES FILLES EN PERIODE DE MENSTRUES
L’absence de toilettes ou leur manque d’hygiène influe négativement sur la fréquentation scolaire des filles, notamment celle des adolescentes.
L’absence de toilettes ou leur manque d’hygiène influe négativement sur la fréquentation scolaire des filles, notamment celle des adolescentes. Elles ratent souvent les cours pendant leurs menstrues. Une situation qui risque d’être exacerbée par cette réouverture des classes en pleine pandémie du Covid-19. Le Chef de la section éducation du Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef), Matthias Lansard, trouve qu’il faut apporter des améliorations dans la prise en charge de cet aspect dans les écoles.
Ce 28 mai, date à laquelle est célébrée la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, coïncide cette année avec la propagation de la pandémie à Covid-19 et la reprise annoncée des cours, pour les élèves en classe d’examens, le 2 juin prochain. Une situation qui risque d’être inconfortable pour les potaches, notamment les filles en période de menstrues, à cause de l’absence d’un système d’assainissement adapté. Le Chef de la section éducation de l’Unicef, Matthias Lansard, en se fondant sur des données du ministère de l’Education nationale publiées en 2018, soutient que 69% des établissements préscolaires ont des latrines, et ces données sont portées à 77% pour l’élémentaire et 84% pour le moyen.
Par contre, ajoute-t-il, de fortes disparités existent selon les milieux urbain ou rural. En guise d’exemple dit-il, «seules 54% des écoles élémentaires ont des toilettes à Kédougou». En conséquence, il trouve que «les conditions d’hygiène sont malheureusement loin d’être optimales dans les établissements scolaires, et ce particulièrement en milieu rural. Cette situation s’illustre en termes de disponibilité de toilettes, mais c’est également le cas en termes d’accès à l’eau potable, et à des dispositifs de lavage de main».
Pis, ajoute-t-il, le nombre de toilettes est souvent insuffisant et les infrastructures qui existent ne permettent pas toujours d’offrir des toilettes séparées aux filles et garçons. Mathias Lansard déplore, en outre, le fait qu’au-delà de la disponibilité, ces équipements posent souvent la question de leur entretien et de leur utilisation. «Si les toilettes ne sont pas propres, elles ne sont forcément pas utilisées de manière optimale. L’usage du savon fait également souvent défaut et les environnements scolaires sont parfois sales, sans système de nettoyage vraiment effectif et systématique».
S’agissant des conséquences de ce manque d’hygiène sur la scolarisation, surtout sur chez les adolescentes en période de menstrues, il estime qu’il ne peut pas manquer d’avoir des répercussions sur leur présence à l’école. «Ce n’est pas encore bien documenté au Sénégal, mais il est indéniable que les filles, en période de menstrues, manquent régulièrement l’école lorsque les conditions d’accueil des établissements scolaires ne sont pas optimales», a-t-il soutenu.
Pour changer cette donne, Mathias Lansard juge qu’il faut promouvoir l’intégration de la gestion de l’hygiène menstruelle dans les établissements scolaires (élémentaire et moyen) avant que les filles n’aient leurs premières menstrues. Il trouve aussi qu’il faut donner une voix aux élèves pour qu’ils puissent exprimer leurs besoins et leurs demandes, notamment à travers la généralisation de la mise en place des gouvernements scolaires. Pour lui, il convient aussi de promouvoir le développement des réseaux d’enseignantes à travers le ministère de l’Education et la mise en place de modalités de soutien et d’entraide pour les filles.