LES «JIGUENN PASTEF» ONT RENDU HOMMAGE A LEURS SŒURS DETENUES ET VIOLENTEES
Les femmes du mouvement «Jiguenn Pastef», qui organisaient hier une cérémonie «Sargal les détenus politiques», ont fait focus sur leurs objectifs. La crise politique actuelle semble leur montrer la voie.
Les femmes du mouvement «Jiguenn Pastef», qui organisaient hier une cérémonie «Sargal les détenus politiques», ont fait focus sur leurs objectifs. La crise politique actuelle semble leur montrer la voie. Elles parlent de leviers sur lesquels s’appuyer en tant que femmes pour rebondir.
Un évènement exceptionnel découlant d’une situation de crise inattendue a réuni, hier, les femmes du mouvement «Jiguèn Pastef». Ces braves dames, plus que jamais debout sur leurs... talons, ont parlé et fait vibrer les cœurs. Comme dans le roman «Le rouge et le Noir» de Stendhal! Les mots qu’elles ont choisis étaient lourds de sens, leurs discours forts captivants et émouvants. Toutes vêtues de blanc avec des foulards ou écharpes rouges, elles sont venues en masse à cette cérémonie. Un habillement aux couleurs «rouge et blanc» qui symbolise à la fois, selon elles, la pureté de leur âme et le sang versé au cours des manifestations politiques. Elles ont essayé de faire sortir la douleur de leurs cœurs, refusant d’oublier l’atrocité avec la loi d’amnistie votée mercredi dernier à l’Assemblée nationale. La plupart de ces femmes ont été emprisonnées, violentées ou brutalisées. C’est le cas de la journaliste Thioro Makhou Mandela. Alors qu’elle portait une grossesse de sept mois, elle s’est retrouvée en prison. Face à ses sœurs, elle est revenue sur les conditions presque inhumaines de sa détention. Un séjour qui a été un obstacle à sa vie de femme de média. Cependant malgré sa peine et les rigueurs de la prison, elle a su tout surmonter pour rester debout avec des convictions chevillées au corps. Elle et toutes les autres femmes dudit mouvement pleurent surtout la disparition de leurs camarades. Il s’agit de Mariama Sagna, partie dans des conditions tragiques, la linguère Marième Mbaye, Mme Cissokho de Guédiawaye, Mounass bou Sonko parmi tant d’autres... Cette année, pour les braves amazones du parti Pastef, point de folklore. En lieu et place de la chanson son «Jiguenne gnééko yor» de l’artiste Fatou Guéwél Diouf, qui ouvrait chaque année la cérémonie, une minute de silence a été observée en hommage à leurs sœurs de parti disparues. Une innovation dictée par la situation actuelle du pays. L’ambiance était triste malgré la présence massive de femmes à la rencontre. Elles ont tenu des discours responsables, mâtures et radicaux. Les « Jigeenu Pastef » ont voulu, à travers cet évènement, commémorer «Talatay Nder». Nder, un village de Linguères de la riche province du Walo où les femmes, pour échapper aux envahisseurs maures qui les auraient réduites en esclaves, avaient préféré s’immoler par le feu, affirmant ainsi leur liberté et dignité. « Le symbole est ainsi tout trouvé», selon la présidente du mouvement «Jiguèn Pastef», la mairesse de la Patte d’Oie, Maïmouna Dièye. Elle aussi a failli perdre une jambe durant cette page sombre de notre histoire que constituent les événements de mars 2021 et juin 2023. Comme bon nombre de militants du parti de l’opposant Ousmane Sonko, cette élue aussi a fait la prison avec d’autres femmes d’une bravoure inégalée à l’image de l’environnementaliste Yacine Diagne qui raconte avoir piqué 15 crises d’asthme en deux semaines pendant son séjour en prison.
Ces «jiguènn Pastef» ont choisi de se faire entendre, la veille de la journée du 8 mars, en organisant une journée «Sargal les détenues politiques». «Le 08 mars, marquant la célébration au plan international des droits des femmes, est une date de référence pour promouvoir nos droits. Nous avons choisi cette date doublement symbolique pour mener une série d’activités découlant d’une grande stratégie de mobilisation des femmes du Sénégal de tous bords dans ce contexte que nous connaissons. Au nom du mouvement Jiguénn Pastef, les femmes de la coalition Diomaye président, nous avons voulu magnifier l’élan de dépassement et de solidarité qui nous a animées en tant que femmes malgré la diversité de nos appartenances politiques», a déclaré leur présidente Mme Maïmouna Dièye selon qui ces femmes savent se retrouver autour de l’essentiel. Elle a surtout rendu un hommage appuyé et très ému à l’ensemble des femmes de leur mouvement. De braves femmes qui ont toujours exigé la libération des détenus politiques à l’image de Mère Amy Dia qui a enfin été libérée et se trouve désormais sous contrôle judiciaire. Elle a aussi tenu à féliciter tous les Sénégalais ainsi que le Conseil Constitutionnel, ce dernier pour «sa posture historique de défense de la Constitution et des valeurs démocratiques». La mairesse de la Patte d’Oie, Maïmouna Dièye, a vanté les mérites de Mbène Faye, vice-coordonnatrice de «Jiguèenn Pastef», Mmes Fatou Blondin Diop et Aïda Mbodj, des députées Daba Wadiane et Marième Soda Ndiaye, Yolande Camara, Fatima Mbengue, Mme Aminata Touré dite Mimi, Mme le maire de Golf Sud Khadija Mahécor Diouf, entres autres «jiguèn Jambaar»...
Ces femmes ne veulent plus entendre parler de « femmes objets». Elles restent focus sur leurs objectifs. «Une fois la crise constatée, nous devons parler des leviers sur lesquels nous appuyer pour rebondir. Au-delà des constations et dénonciations, il y a des étapes essentielles dans le processus de réconciliation. Nous devons donc réfléchir sur les voies et moyens de manière durable pour un développement inclusif», a indiqué la présidente des « Jigeenu Pastef », Mme Maïmouna Dièye, devant les panélistes. Chacune d’entre ces femmes a abordé le sujet en proposant des pistes sur lesquelles elles pourront s’appuyer pour construire la résilience et repositionner la Femme dans notre pays.