Transferts: voir Dortmund et mûrir

Hier Götze et Hummels, aujourd'hui Dembélé ou Guerreiro. Dortmund, qui vient d'acquérir la perle suédoise de 17 ans Alexander Isak, est un club capable de faire éclore au plus haut niveau de jeunes surdoués en leur donnant du temps de jeu.
"Pour un jeune joueur comme moi, Dortmund est le meilleur endroit pour continuer à progresser", a déclaré Isak à son arrivée, répétant presque mot pour mot ce qu'avait dit le Français Ousmane Dembélé, débarqué dans la Ruhr en août dernier à 19 ans, et devenu un pilier de l'équipe en quelques mois.
Isak, qui a refusé une offre du Real Madrid, n'a pas choisi Dortmund pour le salaire, mais pour les perspectives que ce club offre à des joueurs avec son profil.
Comme le prouvent cette saison Dembélé, Raphaël Guerreiro ou encore Julian Weigl, un jeune peut espérer à Dortmund devenir très rapidement titulaire dans une équipe qui joue les premiers rôles en Bundesliga et qui, ces dernières années, joue régulièrement la Ligue des champions.
Avec en prime un projet de jeu enthousiasmant porté par l'entraîneur Thomas Tuchel, adepte d'un football spectaculaire, fondé sur le pressing, la vitesse et l'adaptation aux qualités des joueurs.
Parmi les 16 équipes qualifiées pour les 8e de finale de la Ligue des champions cette année, Dortmund est celle qui a utilisé en phase de poules l'effectif le plus jeune, avec 25 ans de moyenne d'âge, derrière Leverkusen (24,73 ans).
Car contrairement au Bayern, à Barcelone ou au Real, Dortmund ne s'autorise pas l'achat de stars à 50, 60 ou 80 millions.
- 'La seule voie possible' -
Les transferts d'André Schürrle (30 millions) ou dans un passé récent de Henrikh Mkhitaryan (26 millions) sont restés des exceptions. En moyenne, Dortmund a dépensé depuis un an 11,2 million par nouveau joueur: un risque raisonnable qui laisse en outre la porte ouverte à une énorme plus-value si la nouvelle recrue s'impose au plus haut niveau.
Cette philosophie, devenue l'image de marque du Borussia depuis le passage du charismatique entraîneur Jürgen Klopp, aujourd'hui à Liverpool, est en fait dictée par le réalisme.
Sans mécène ni investisseur pour soutenir le club, "c'est la seule voie possible pour nous", admet même le directeur sportif Michael Zorc: "Notre chiffre d'affaires est d'environ 200 millions d'euros inférieur à celui des cinq ou six plus grands clubs d'Europe, et notre masse salariale inférieure de 100 millions".
Autour de Zorc, une équipe de recruteurs menée par le "dénicheur de talents" Sven Mislintat s'affaire donc à longueur d'année pour débusquer les pépites. Sur le Net, dans la presse spécialisée, en déplacement, avec l'idée d'être plus rapide que la concurrence.
L'un des premiers gros coups de cette politique avait été le transfert du Japonais Shinji Kagawa, arrivé à 20 ans en 2010 pour... 350.000 euros, et qui joue toujours à Dortmund.
La même année, un certain Robert Lewandowski, Polonais totalement inconnu de 22 ans, arrivait de Lech Poznan. Dortmund a fait de lui l'un des meilleurs attaquants du monde, avant de le voir partir pour le Bayern Munich en 2014. Dembélé et Isak peuvent rêver.