À GOMA, LA DIPLOMATIE DANS L'IMPASSE
René Lake dévoile sur VOA Afrique, les mécanismes d'un conflit en RDC où la dimension identitaire se mêle aux enjeux économiques. Selon lui, l'intervention de Marco Rubio pourrait marquer un tournant pour l'implication américaine dans la région
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La situation à Goma, grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), semble irréversible ce mercredi 29 janvier 2025. Le mouvement rebelle M23, soutenu par l’armée rwandaise, contrôle désormais la quasi-totalité du centre et des faubourgs de la ville. Cette crise, qui s’est étendue à Kinshasa où plusieurs ambassades ont été attaquées, soulève des questions cruciales sur les perspectives de sa résolution.
Interrogé par VOA Afrique sur la possibilité d’une solution diplomatique, René Lake, analyste politique, a exprimé ses doutes. « Il est très difficile de répondre à cette question avec certitude* », a-t-il déclaré, soulignant le refus catégorique du gouvernement congolais de dialoguer avec le M23, qu’il considère comme un groupe terroriste. En revanche, le Rwanda insiste pour que le M23 soit inclus dans les négociations, une demande rejetée par Kinshasa.
L'invité de VOA Afrique a évoqué le processus de Luanda, initié il y a deux ans, comme le cadre de négociations le plus abouti jusqu’à présent. Comme le rappelle René Lake, ce processus, qui avait réuni les présidents congolais, rwandais, angolais et burundais, avait abouti à un communiqué final appelant à un cessez-le-feu, au retrait du M23 et à la poursuite du dialogue politique.
Cependant, les récentes tensions et le refus du président congolais Félix Tshisekedi de participer à une réunion de la Communauté des États de l’Afrique de l’Est (CAE) convoquée par le Kenya ont jeté un froid sur les efforts régionaux. « C'est malheureux que cette réunion n'ait pas pu se tenir au Kenya, en tout cas avec la participation des principaux acteurs, le président Kagame et le président Tshisekedi », a regretté Lake.
Lake a également souligné les dimensions politiques et économiques du conflit. Il a évoqué les accusations de « haine anti-tutsi » en RDC, un sentiment qui alimente les tensions identitaires. « Les Congolais très clairement ont indiqué qu'il s'agit d'intérêts économiques et financiers, notamment dans l'exploitation des mines, qui poussent le Rwanda à maintenir cette instabilité au Congo parce que cela leur profite économiquement », a déclaré Lake.
La réaction du département d’État américain, marquée par l’intervention du sénateur Marco Rubio, a suscité des interrogations. « L'intervention directe de Marco Rubio qui a appelé Kagame, son implication plus importante me semble indiquer qu'il se pourrait que l'administration Trump soit plus engagée dans l'espace africain et dans ce conflit en particulier », décrypte René Lake.
Cette implication accrue des États-Unis pourrait marquer un tournant dans la gestion internationale de la crise. « On ne sait pas encore si cela est dû à un ajustement de la politique étrangère américaine de Trump ou à la personnalité de Marco Rubio, qui est un spécialiste des relations internationales et qui s'intéresse à l'Afrique », a-t-il conclu.