GOMA SOUS LE FEU DU M23
Les hôpitaux sont débordés, comptabilisant déjà 17 morts et plus de 360 blessés. L'onde de choc se propage jusqu'à Kinshasa, où la colère populaire vise les ambassades occidentales
(SenePlus) - La situation s'aggrave dramatiquement dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), où la ville stratégique de Goma est devenue le théâtre d'intenses combats entre les forces armées congolaises et les rebelles du M23, soutenus selon les autorités par l'armée rwandaise. D'après l'AFP, la ville d'un million d'habitants, qui accueille presque autant de déplacés, est sous le feu des combats depuis dimanche soir.
Les conséquences humanitaires sont déjà catastrophiques. "Nous avons vu des corps sur la route", témoigne auprès de l'AFP un habitant du quartier du marché de Kituku. La population, privée d'eau et d'électricité depuis trois jours en raison des bombardements, commence à sortir pour chercher des provisions essentielles. Selon Shelley Thakral, porte-parole du Programme alimentaire mondial, "les prochaines 24 heures seront cruciales car les gens commencent à manquer de provisions et devront voir ce qu'ils peuvent trouver pour survivre."
La situation sécuritaire se dégrade rapidement. Des témoins rapportent à l'AFP avoir vu "plusieurs dizaines de combattants du M23 reconnaissables à leurs tenues et équipements" remonter l'une des principales artères de la ville. Les pillages se multiplient, comme en témoigne Jospin Nyolemwaka, qui a fui son quartier : "Ils nous ont tout volé, nos téléphones, même nos souliers. On les a vus se déshabiller et jeter leurs tenues et leurs armes."
Les hôpitaux de la ville font état d'au moins 17 morts et 367 blessés au cours des deux derniers jours. L'armée sud-africaine annonce la mort de quatre soldats supplémentaires, portant à 17 le nombre de victimes parmi les forces de la SAMIRDC et de la Monusco.
À Kinshasa, la capitale, des manifestants ont pris pour cible plusieurs ambassades, notamment celles du Rwanda, de la France, de la Belgique et des États-Unis. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a qualifié ces attaques d'"inadmissibles".
Face à cette escalade, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies est prévue. Selon l'AFP, le président Félix Tshisekedi devrait s'adresser à la nation dans la journée, alors que son gouvernement affirme vouloir "éviter le carnage". Une rencontre entre les présidents Tshisekedi et Kagame est également programmée à Nairobi mercredi, dans une tentative de désamorcer la crise.
Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, rapporte que "un demi-million de personnes de plus ont été déplacées rien que ce mois-ci". Le CICR alerte par ailleurs sur les risques de dissémination de virus, dont Ebola, à partir d'un laboratoire à Goma.
Cet embrasement survient après l'échec, mi-décembre, d'une médiation entre la RDC et le Rwanda sous l'égide de l'Angola, ravivant les tensions dans une région déjà marquée par plus de trente ans de conflits.