L'ÉCONOMIE NIGÉRIENNE SOUS PERFUSION
Sous le coup de sanctions économiques de la CEDEAO depuis début août, le nouveau pouvoir militaire dirigé par le général Abdourahamane Tiani a dû réduire de 40% le budget national et connaît des difficultés d'approvisionnement
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Trois mois après le coup d'État militaire du 28 juillet 2022 au Niger, qui a renversé le président Mohamed Bazoum, l'économie du pays s'enfonce dans la crise, selon des informations rapportées par RFI le 25 octobre. Sous le coup de sanctions économiques de la CEDEAO depuis début août, le nouveau pouvoir militaire dirigé par le général Abdourahamane Tiani a dû réduire de 40% le budget national et connaît des difficultés d'approvisionnement.
"La pénurie s'installe de plus en plus dans de nombreux foyers", constate l'économiste Ibrahim Adamou Louché, interrogé par RFI. Les stocks locaux s'épuisent et les prix flambent, avec une inflation galopante. Pour ravitailler le pays, la junte tente de faire venir des vivres du Burkina Faso, mais "ça devient de plus en plus compliqué d'escorter des camions" face à la dégradation de la situation sécuritaire, souligne le chercheur.
Cette crise économique pousse les militaires à durcir le ton pour se maintenir au pouvoir. Plusieurs figures de l'opposition sont détenues et les partis politiques suspendus. Le général Tiani tente aussi de mobiliser via un "fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie", à l'aide de reportages dans les médias publics mettant en avant des "gestes patriotiques".
Mais selon Arthur Banga, chercheur ivoirien cité par RFI, "la junte reste l'acteur incontournable", ce qui pourrait la pousser à reprendre le dialogue avec la CEDEAO, bien qu'elle se soit "un peu disqualifiée". La reprise d'un sommet sous-régional est évoquée. Les États-Unis entendent également peser sur les négociations. Reste à voir si le nouveau pouvoir accepte de revenir à l'ordre constitutionnel pour sortir le pays de la crise.