SOUS LE SIGNE DU NATIONALISME, UN MESSAGE D’ESPOIR AUX OUBLIES DE L’AMERIQUE
Le 20 janvier 2017, Donald J. Trump a prononcé son discours d’investiture, marquant le début de son second mandat en tant que 45 président des États-Unis. Cependant, pour ce qui est de l’Afrique, ce continent a été absent de ses priorités exprimées.

Le 20 janvier 2017, Donald J. Trump a prononcé son discours d’investiture, marquant le début de son second mandat en tant que 45 président des États-Unis. Ce discours, très attendu tant par ses partisans que par ses adversaires, a été un condensé des thèmes qui ont structuré sa campagne : nationalisme économique, protectionnisme, et rejet des élites politiques traditionnelles. Cependant, pour ce qui est de l’Afrique, ce continent a été absent de ses priorités exprimées.
L’afrique, grande absente du discours
Dans ce discours très orienté vers les problèmes internes des États-Unis, et contrairement à ses prédécesseurs (Bush et Obama notamment), Trump n’a pas mentionné le continent, signalant un désintérêt pour les enjeux globaux au profit d’une approche transactionnelle centrale sur les bénéfices immédiats pour les Américains. L’Afrique n’a pas été mentionnée, même implicitement. Ce silence n’est pas anodin. Alors que ses prédécesseurs immédiats, comme Barack Obama ou George W. Bush, avaient évoqué le rôle des États-Unis dans le développement mondial, y compris sur le continent africain, Trump a choisi d’ignorer ce volet de la politique étrangère
Cette omission reflète une priorité délibérée : sous son premier mandat, les relations avec l’Afrique se sont limitées à des enjeux économiques ou stratégiques précis, comme la lutte contre le terrorisme dans le Sahel ou la concurrence avec la Chine sur le continent. Cependant, ces thèmes ne faisaient pas partie du discours de cette investiture, soulignant que le continent africain était, aux yeux de Trump, loin des priorités immédiates de sa politique
Ce silence n’est pas seulement symbolique, mais porteur d’un message diplomatique. Sous Trump, les États-Unis ont réduit plusieurs programmes d’aide internationale, notamment ceux touchant l’Afrique, et adopté une posture plus transactionnelle dans leurs relations internationales. Les partenariats traditionnels, souvent motivés par une vision de long terme du développement mondial, ont cédé la place à une logique immédiate de rapport coût-bénéfice
Cette approche s’est traduite par une politique africaine réduite au minimum nécessaire. Les initiatives comme le plan Émergence de l’Afrique subsaharienne, soutenues par l’administration Obama, n’ont pas été renouvelées sous Trump. En revanche, l’administration s’est concentrée sur des enjeux géopolitiques clés, comme la présence militaire américaine dans les zones de conflit ou la protection des intérêts économiques stratégique
Comme lors de son premier mandat, Donald Trump confirme la rupture dans la façon dont les États-Unis envisagent leur rôle mondial. Si l’Afrique est absente, c’est parce que le président des Etats-Unis souhaite (ré)oriente sa politique extérieure vers des engagements qui, selon lui, apportent un retour direct et immédiat aux les Américains
Cette posture laisse les pays africains face à une réalité : celle d’un partenaire américain moins impliqué dans leurs problèmes structurels et plus concentré sur ses propres intérêts. Pour le continent, cette (ré)orientation ne signifie-t-elle pas une plus grande dépendance envers d’autres puissances mondiales, comme la Chine ou l’Union européenne, pour les questions de développement et d’investissement.
Une rhétorique à l’image de sa campagne
Dès les premières phrases de son discours, Donald Trump a donné le ton : « Nous ne transférons pas seulement le pouvoir d’une administration à une autre ou d’un parti à un autre, mais nous rendons ce pouvoir au peuple. » Ce populisme assumé s’accompagnait d’une critique virulente des politiques établies. Son discours a peint un tableau sombre des États-Unis, qu’il a décrit comme affaiblis par la corruption, les délocalisations industrielles et une gouvernance qu’il a jugé inefficace
En décrivant son projet de « Make America Great Again », Trump a promis de réorienter les ressources américaines vers les problèmes domestiques : lutte contre le chômage, développement des infrastructures, et priorité donnée à la classe moyenne américaine. Son leitmotiv « America First » a résonné comme un appel à la réduction de l’engagement international des États-Unis, au profit d’un repli sur les problèmes nationaux. Il a déclaré l’instauration d’un « âge d’or pour l’Amérique » tout en annonçant des mesures fermes contre l’immigration clandestine
Parmi les initiatives immédiates, le président Trump a décrété l’état d’urgence à la frontière sud avec le Mexique, autorisant le déploiement de l’armée pour renforcer la sécurité et prévenir les entrées illégales. Cette décision s’accompagne de l’envoi de 1 500 soldats supplémentaires à la frontière, s’ajoutant aux forces déjà présentes, afin de renforcer les mesures de surveillance et de contrôle.
Donald Trump a également promis l’expulsion de « millions et de millions » d’immigrés en situation irrégulière, réaffirmant une position centrale de sa campagne électorale. Il a souligné la nécessité de protéger les citoyens américains en durcissant les politiques migratoires et en renforçant les contrôles aux frontières.
S’agissant des immigrés, le président fraîchement investi a adopté une rhétorique ferme, voire alarmiste. Il a lié immigration illégale et criminalité, affirmant que l’afflux de personnes sans papiers mettait en danger les communautés et la classe ouvrière américaine. Cette représentation de l’immigration comme une menace, plutôt que comme une opportunité, s’inscrit dans la continuité de ses discours de campagne. Par ailleurs, le président a annoncé la suspension de l’application CBP One, utilisée auparavant pour faciliter les demandes d’asile et les inspections de cargaisons, laissant de nombreux migrants dans l’incertitude.
Il faut signaler qu’en réponse et dans la foulée, le gouvernement mexicain a lancé le programme « México te abraza » pour soutenir les Mexicains expulsés, offrant une aide financière et des services sociaux pour faciliter leur réintégration.
Le président Donald Trump a exprimé sa volonté de reprendre le contrôle du canal de Panama, qualifiant sa cession en 1999 d’« erreur stratégique ». Il a également annoncé son intention de rebaptiser le golfe du Mexique en « golfe d’Amérique », affirmant que ces mesures renforceraient la souveraineté et la sécurité des États-Unis.
Ces déclarations ont suscité des réactions immédiates de la part des autorités panaméennes. Le président José Raúl Mulino a fermement rejeté les propos de Trump, affirmant que « le canal appartient et continuera d’appartenir au Panama ». Il a souligné que son pays s’appuierait sur le droit international pour défendre sa souveraineté.
Pour la petite histoire, le canal de Panama, achevé en 1914 sous la direction des États-Unis, est une voie navigable stratégique reliant les océans Atlantique et Pacifique. En 1977, les traités Torrijos-Carter ont été signés, prévoyant le transfert progressif du contrôle du canal au Panama, effectif depuis le 31 décembre 1999. Depuis lors, le canal est administré par l’Autorité du canal de Panama, qui assure son fonctionnement et son entretien.
Les intentions de Donald Trump ont également suscité des préoccupations internationales. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a prévu une visite en Amérique latine, incluant le Panama, pour discuter de cette question et d’autres enjeux régionaux.
Toutefois, les experts estiment que toute tentative de reprise de contrôle du canal par les États-Unis serait complexe et risquerait de détériorer les relations diplomatiques avec le Panama et d’autres nations latino-américaines. Le canal de Panama demeure un symbole de la souveraineté panaméenne et joue un rôle crucial dans le commerce maritime international.
En somme, le discours d’investiture de Donald Trump a été marqué par un recentrage nationaliste qui ne laisse aucune place à l’Afrique dans la vision du président. Cette absence est le reflet d’une priorité politique tournée vers l’intérieur, où les relations internationales, en particulier avec le continent africain, sont reléguées à un rang secondaire. Pour l’Afrique, ce discours est encore une fois, le présage d’une période de relations diplomatiques plus distantes et pragmatiques avec les États-Unis.