IDRISSA SECK ACCELERE SON OPERATION REDEMPTION

En consommant la rupture avec "Benno Bokk Yaakaar" lors de la réunion de son secrétariat permanent qui s'est tenu hier, mercredi 11 septembre, Rewmi d' Idrissa Seck se situe désormais, clairement dans le camp de l'opposition. Il augure ainsi de farouches batailles de positionnement, à quelques mois des élections locales et à moins de 4 ans de la présidentielle (si le Président tient parole en ramenant son mandat de 7 ans à 5 ans).
Et ça promet ! Déjà, par le biais du député Thierno Bocoum, rendant visite au secrétaire général de l'Union des jeunesses travaillistes libérales (Ujtl), Bara Gaye, à la prison du Cap Manuel, son leader, Idrissa Seck, qui s'est toujours proclamé actionnaire majoritaire du Pds, et qui a toujours refusé de démissionner de ce parti, rappelant qu'il en a été écarté par un père qui avait pris fait et cause pour le "fils biologique" au détriment du "fils d'emprunt" essaie de se rabibocher avec ses "frères". Même s'il n'est pas encore question de retrouvailles, il est clair qu'il y a une volonté de décrispation.
Sans compter que, libéré du corset que constituait le fait d'avoir un pied dedans et un pied dehors, Idrissa Seck va surement s'employer à sortir du bois, pour se faire entendre et mettre toute son éloquence à déstabiliser le pouvoir en place taxé d'être incapable de gérer les problèmes du pays (Lire ci-contre). La nature ayant horreur du vide, il va s'installer dans le fauteuil d'opposant en chef que n'a pas réussi à occuper le Pds du fait tout simplement que personne d'entre les potentiels prétendants au trône ne déroule un charisme encore moins une légitimité incontestée.
La bataille de la présidentielle 2017 a d'ores et déjà démarré. Avec la rupture assumée par Rewmi d'Idrissa Seck, le président Macky Sall se retrouve dans une situation qui l'oblige à être plus regardant vis-à-vis de ses troupes toujours prompts à jeter l'anathème sur les allies de Benno Bokk Yakaar et dont il va falloir réfréner les ardeurs. A l'évidence il serait suicidaire de s'engager dans une logique de rupture comme l'y encouragent des caciques de l'Apr et ses alliés de Macky 2012.
Au-delà de son positionnement dans le camp de l'opposition, Idrissa Seck va sans nul doute poursuivre ses efforts de polissage de son image. Il va s'employer à faire oublier le "Idy" en mode clair-obscur, incapable de position tranchée vis-à-vis de l'ancien président Wade, le "Idy" qui avait fini par désespérer ses plus fervents partisans qui avaient du mal à comprendre ce qu'il voulait traficoter avec l'ancien président de la République à travers des allers et retours incompréhensibles et d'interminables tête-à-tête au Palais de la République.
C'est ainsi que, tirant les leçons de ses déconvenues, Idrissa Seck a indiqué à Macky Sall, candidat de l'opposition arrivé au deuxième tour, qu'il n'avait pas besoin de le démarcher encore moins de le convaincre pour un quelconque soutien. Sa religion était toute faite, et cela en fidélité avec la parole donnée. A savoir que si ce n'était pas lui, il soutiendrait le candidat de l'opposition arrivé au second tour dans ce qui apparaissait comme une opération "Tout sauf Wade". De façon subliminale, Idrissa Seck tentait du même coup de déconstruire le regard qui était jeté sur lui , à savoir un politicien versatile, porté par une parole mouvante et instable. Après ce premier saut d'obstacle, il en a engagé un autre.
Dès la victoire annoncée de Macky Sall, Idrissa Seck qui en était certainement à essayer de digérer sa déconvenue électorale a clairement fait savoir au nouveau président tout occupé à ses tractations pour la mise en place de son futur gouvernement qu'il ne voulait pas l'encombrer sachant qu'il serait trop occupé à trouver des solutions aux nombreux problèmes qui assaillent les Sénégalais.
En embuscade, ayant en ligne de mire les prochaines élections locales et la présidentielle, Idrissa Seck a du même coup essayé de solder ses comptes avec une autre image qui lui colle à la peau. Celui d'un calculateur qui ne s'embarrasse pas de compromis voire de compromissions, prêt à tous les coups fourrés pour arriver à ses fins. Cette image aussi il a voulu la corriger après avoir laissé le camp du président donner le sentiment d'être l'agresseur avec des tentatives de débauchages dont le récent ralliement de Me Nafissatou Diop Cissé, présentée comme son égérie et qui avait négocié le fameux "Protocole Rebeuss". Il reproche aussi au président d'avoir reconduit Pape Diouf et Oumar Guèye, les deux ministres proposés dans le premier attelage gouvernemental par Rewmi et avec lesquels le parti est actuellement en délicatesse.
Le basculement de Rewmi dans le camp de l'opposition va surement sonner le glas du consensus mou et entrainer dans son sillage une reconfiguration des forces politiques. Après les larmes versées en direct sur le plateau de la Tfm et un long round d'observation, Idrissa Seck a donc décidé l'accélération de son opération rédemption en se positionnant hardiment dans un camp : celui de l'opposition, espérant incarner à terme une alternative. Sûr qu'il va bientôt remettre sa caravane au goût du jour, sillonnant comme un certain Macky Sall, les hameaux les plus reculés du pays, au contact des populations. Une autre manière de montrer l'empathie en direction des populations qui souffrent et de se défaire de cette suffisance qui est prêtée. Reste à savoir si cela va lui réussir.