UN CHAUFFEUR DE TAXI DEVENU HOMME D’AFFAIRES
PAPE SONGO DIOUF, TETE DE LISTE BBY A MBOUR

C’est comme dans un rêve. La trajectoire de Pape Songo Diouf, maire de la commune de Nguekokh est assez atypique. Il y a quelques années, son nom était méconnu dans le département de Mbour, jusqu’au soir du 9 Juin 2017. Date à laquelle, le président de la République a porté son choix sur cet ancien chauffeur de taxi, devenu émigré avant de se jeter dans le business, pour diriger la liste de BBY dans le département de Mbour. «L’As» vous livre le portrait d’un homme qui s’est fait tout seul et qui a toujours évolué dans l’ombre.
Il ne lui a fallu que 7 petites années en politique, pour diriger la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) dans le département de Mbour. Un choix qu’il doit à Me Omar Youm, directeur de Cabinet du président de la République et à sa base affective de Nguekokh. Pape Songo Diouf, puisque c’est de lui dont il s’agit, a gravi les échelons à pas de géant. Né en 1954 à Nguekokh, de parents sérères, il a grandi au sein d’une famille wolof, ce qui a fait de lui, un ‘’sérère galé’’ (qui ne parle pas sa langue maternelle). Comme les jeunes de son âge à l’époque, il fut envoyé à l’école par son père. Mais l’enfant ne voyait pas son avenir dans les études. Tel Yadicone (ancien militaire qui fut la terreur des colons avant les indépendances et originaire de la même localité), Pape Diouf abandonne les bancs en classe de CM2 sans obtenir le moindre diplôme. Mais, il fut contraint par son père, Yaram Diouf, à exercer un métier pour éviter de verser dans le banditisme comme Yadikone qui était l’idole des jeunes de sa génération. Il obtient son permis de conduire et exerce comme chauffeur de taxis bagage et taxis clandos. Avec ses économies, il se lance dans le commerce des pièces détachées.
Une activité lucrative qui le mènera à faire ses premiers voyages au Nigeria où il se ravitaillait en marchandises. Peu de temps après, ce fut le temps de l’émigration. Pape Songo Diouf dépose ses baluchons aux Etats Unis d’Amérique. Au pays de l’oncle Sam, il fut vendeur à la sauvette comme la plupart de ses compatriotes. Il était très connu et célèbre parmi les marchands ambulants de la 47e Avenue à New York. Par un coup de chance, il trouve un emploi fixe et gravit rapidement les échelons. Après avoir travaillé comme domestique, il est recruté comme standardiste dans un hôtel. En 2005, après avoir économisé assez de dollars, il rentre au bercail et monte une entreprise de construction. Sous l’aile protectrice de son frère Ibou Diouf, il fait ses premiers pas en politique dans le Pds. Aux élections locales de 2009, il essuie sa première défaite, ce qui ne le décourage nullement.
Très ambitieux et patient, l’ancien émigré crée une tendance au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds) et se constitue une masse électorale impressionnante dans la commune de Ngekokh pour devenir une force incontournable. Entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012, Ousmane Tanor Dieng le sollicite et ensemble, ils battent campagne pour la coalition Bby qui va sortir victorieuse de la présidentielle. En 2014, au lendemain des élections locales, il remporte sa première victoire sous la bannière de la coalition Askan Wi et transhume à l’Apr grâce à la médiation de Omar Youm. L’homme aime relever les défis. Et c’est ainsi que lors d’une réunion de l’Apr au mois d’avril dernier, alors que les partisans de Cheikh Issa Sall et de Oumar Youm se donnaient en spectacle, il manifeste publiquement
sa position sans ambages : «Je suis du côté de Youm, même si je reconnais la valeur de Cheikh Issa Sall qui m’a beaucoup aidé» avait-il martelé. Aussi, le fait que la commune de Mbour qui détient 42% de l’électorat du département était un critère brandi par les apéristes de la capitale de la Petite Côte pour s’emparer de la tête de la liste de Bby ne l’inquiétait nullement. «Non, vous n’avez rien gagné depuis que le Président est élu sinon que vous diviser dès qu’on parle de poste de responsabilité. C’est nous (les autres collectivités locales) qui avons donné au Président son poids électoral réel», avait-il protesté. Aujourd’hui, il a la lourde responsabilité de diriger la liste de la majorité en lieu et place des ténors politiques de la trempe de Ousmane Tanor Dieng ou de Oumar Youm, qui étaient pressentis. «Nous ne devons rien laisser à l’opposition. Le département de Mbour doit servir de grenier au Président Macky Sall. Mais il faut que tout le monde mette la main à la pâte. Si nous perdons, ce sera une honte pour l’ensemble des Dg, Pca et élus du département», a déclaré Pape Songo Diouf.
Pour ses adversaires qui ne ratent aucune occasion pour le brûler, Pape Songo Diouf confond l’administration et ses relations avec les militants. Son bureau au niveau de la mairie ne désemplit jamais. En plus, ils le traitent d’homme belliqueux et téméraire, qui a fini d’imposer sa loi dans la commune. Ce qui fait, du reste, que ses adversaires les plus tenaces ont fini par courber l’échine et lui laisser la voie libre. Toutefois, il devra batailler ferme face à la candidature du jeune Malick Guèye investi sur la liste nationale de Taxawu Sénégal et aussi faire taire les querelles internes qui fragilisent sa coalition, Benno Bokk Yakaar.