CONFLIT ARMÉ EN CASAMANCE-LA PAIX S'IMPOSE
Depuis plus de 35 ans, la Casamance est le théâtre d’un conflit larvé. Des attaques armées, des accrochages, des braquages, bref, le regain de la violence a installé la terreur dans cette partie méridionale du Sénégal
Depuis plus de 35 ans, la Casamance est le théâtre d’un conflit larvé. Des attaques armées, des accrochages, des braquages, bref, le regain de la violence a installé la terreur dans cette partie méridionale du Sénégal.
Elle a provoqué la mort de militaires et de paisibles citoyens. De nombreux rebelles présumés auraient aussi été exécutés, mais aucun bilan indépendant du nombre de personnes décédées n’est disponible.
Cependant, les accords de paix signés entre l’Etat du Sénégal et le MFDC, souvent en terrain neutre, n’ont jamais permis de trouver une issue à ce conflit. Le mouvement indépendantiste casamançais est aujourd’hui divisé, notamment depuis le décès en 2007 de son leader charismatique, Abbé Diamacoune Senghor. Ce qui a, aujourd’hui, comme conséquence de rendre plus difficiles encore les négociations, en dépit de la volonté affichée par l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall par une approche pourtant saluée de tous. Comme en atteste son dernier appel de paix à l’occasion de son message de fin d’année.
Le dernier accord de paix signé en décembre 2004
Le gouvernement sénégalais sous Wade en 2004, a obtenu du Mfdc, la signature d’un accord de paix. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Me Ousmane Ngom et l’abbé Augustine Diamacoune Senghor, leader historique des indépendantistes casamançais, main dans la main, ont signé en grande pompe un accord à Ziguinchor. Il s’est agi officiellement, de mettre un terme à plus de vingt-deux ans de conflit armé. Même si certaines franges du mouvement ont contesté la valeur du texte paraphé.
Pourtant, des délégations du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) sont venues de tous les coins de la Casamance et de l’étranger.
Les accords allaient permettre désormais de circuler librement, là où les combats ont fait rage au plus fort de la crise. Ce, après deux précédents accords de paix en 1999-2000 et 2001.
Cependant, le constat, au sortir de ces accords est patent, la division au sein du Mfdc, devenu un monstre à plusieurs têtes, ont fini par avoir une conséquence négative sur l’évolution du processus de paix.
Signature de paix, une impérieuse nécessité
C’est effectivement la conviction de l’actuel pouvoir. Dés son arrivée à la magistrature suprême, Macky Sall a fait de cette question de conflit en Casamance, une super-priorité, même si un accord n’a pour le, moment été officiellement signé entre les deux parties en conflit.
Il a porté Robert Sagna à la tête du Groupe de Réflexion Pour la Paix en Casamance en abréviation (GRPC). Selon le professeur Ama Diémé, membre du groupe, «il arrive que l’ancien ministre de Diouf, se retrouve tard dans le maquis pour discuter avec les combattants dans le cadre d’une paix définitive en Casamance, et rend régulièrement compte au chef de l’Etat qui a initié des vastes programmes pour la fin des crépitements des armes. Ce qui a abouti une accalmie de plus de cinq ans.
Cependant, l’incident regrettable et déplorable de ce samedi 6 janvier 2018, faisant 13 personnes tuées, montre avec insistance, l’impérieuse nécessité pour l’Etat du Sénégal de se retrouver autour de la table avec toutes les factions rivales du Mfdc.
L’enjeu de cette signature pourrait permettre à l’économie casamançaise de se relever des quelque 35 ans de conflit et de déverser sur la Casamance une manne d’investissements provenant de bailleurs de fonds internationaux. Ce qui donnera à cette région la possibilité de reprendre totalement la culture de ses terres. Paramètre non négligeable lorsque l’on sait que c’est elle qui a longtemps été considérée comme le grenier du pays. La paix serait aussi un tremplin pour fortifier le secteur touristique, qui recommence d’ailleurs à prendre de l’ampleur. Ce que l’actuel pouvoir a bien compris en y initiant d’importants programmes. Dans cette relance des activités économiques de la Casamance, Macky Sall a ciblé le tourisme afin de reprendre une nouvelle dynamique et le désenclavement de la Casamance en mettant : Aguéne et Diambone, deux bateaux supplémentaires sur la liaison maritime Dakar-Ziguinchor.