QUAND LE FÉMINISME SÉNÉGALAIS INSTRUMENTALISE LA NUDITÉ À DES FINS POLITIQUES ET MILITANTES
"Autre temps, autres mœurs ! Les féministes sénégalaises ont décidé d'innover dans leur méthodes de lutte contre le patriarcat machiste et violent en ouvrant le 31 décembre prochain leur nudité à son usage politique et militant."
Autre temps, autres mœurs ! Les féministes sénégalaises ont décidé d'innover dans leur méthodes de lutte contre le patriarcat machiste et violent en ouvrant le 31 décembre prochain leur nudité à son usage politique et militant.
Pour agir ainsi, il faut avoir certainement touché le fond de l'indifférence face aux violences sexuelles infligées aux femmes, témoignant ainsi d'un véritable problème sociétal. On assiste à un déni de la société qui préfère ignorer les victimes féminines de violence en remettant en cause leur parole ou en les culpabilisant sur leur manière de s'habiller, de se comporter, pour les murer dans leur silence. Une culture de violence contre les femmes qui perdure, notamment dans notre environnement médiatique et influence notre perception du phénomène tout en dédouanant les adeptes de ces turpitudes et accablant les victimes.
On peut s'offusquer également du fait qu'à part les féministes convaincues, les femmes et les hommes se mettent rarement en ordre de bataille pour combattre les violences sexuelles. On peut comprendre dès lors le désemparement des activistes et autres influenceurs face au déni organisé et à leur choix de postures de lutte frisant le radicalisation extrême.
Le corps instrument de résistance et de militantisme
Au fil des dernières années, il s’est développé un intérêt marqué pour l’esthétique et les politiques des corps du point de vue des pratiques de résistance et du militantisme.
D'humeur anti-cléricale, anti-patriarcale, libertaire et féministe… du nu sur scène déjà éprouvé par les mouvements féministes, mais aussi par les militants pour les droits des animaux, dans des manifestations festives et étudiantes en Occident et dans le cas des Femen, pour reprendre leur vocabulaire.
Curiosité première au Sénégal pour revendiquer un usage provocateur du corps, nos féministes comptent franchir le rubicon pour se faire entendre en puisant dans leur fureur intérieure pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles d’un patriarcat hétéronormatif tyrannique. Et avoir ainsi l’audace de dire Fuck au patriarcat !
Le corps dénudé est un corps vulnérable. Ne pouvant dissimuler des armes, il est pourtant utilisé comme tel, dans un combat décrit comme guerrier. Si le top-less est arrivé de manière intuitive, il ne fait pas toujours l’unanimité. Que le politique traverse, façonne et marque les corps et que certaines personnes mobilisent leur corps, leur nudité ou leur sexualité aux fins de revendications politiques, ceci suscite nombre de discussions et de réflexions.... L’usage des corps comme outils de protestation et les tactiques de dénuement en particulier sont controversées, notamment au sein des mouvements féministes où leur pertinence politique est régulièrement contestée Tel est le cas, par exemple, du mouvement Free the Nipple qui visait précisément à dénoncer la censure des corps des femmes et à revendiquer le droit à la nudité. Ce mouvement, à l’instar des Femen ou encore de la SlutWalk, a été critiqué comme une forme de féminisme blanc et privilégié, insensible à l’imbrication des oppressions rendant certaines femmes (racialisées, classisées) plus vulnérables à la surveillance, à la violence et aux jugements portés sur leurs corps et leur sexualité.
Repenser en des termes radicalement nouveaux les constructions ontologiques de l’identité.
Dans la pratique politique féministe, il paraît nécessaire de repenser en des termes radicalement nouveaux les constructions ontologiques de l’identité afin de formuler une politique de représentation qui puisse faire revivre le féminisme sur d’autres bases. Par ailleurs, peut-être est-il temps de concevoir une critique radicale qui cherche à libérer la théorie féministe de la nécessité d’avoir à construire une base unique ou permanente, une base vouée à être sans cesse contestée à partir des positions identitaires ou anti-identitaires qui en sont inévitablement exclues. Les pratiques d’exclusion qui fondent la théorie féministe dans une notion des «femmes » en tant que sujet ne sabotent-elles pas paradoxalement les ambitions féministes d’en élargir « la représentation »?
Les hommes ne peuvent pas s’aimer eux-mêmes dans une culture patriarcale si leur propre définition de soi repose sur la soumission aux règles patriarcales.
Lorsque les hommes adoptent une pensée et une pratique féministes, qui mettent l’accent sur la valeur de la croissance mutuelle et de l’épanouissement personnel dans toutes les relations, leur bien-être émotionnel s’en trouve amélioré. Il a été démontré que cette approche est la plus efficace pour réduire la pauvreté et créer un monde inclusif, pacifique et prospère. En éliminant les obstacles à l’égalité et en contribuant à la création de meilleures perspectives, les femmes et les filles peuvent à la fois être de puissants agents de changement et améliorer leurs propres vies ainsi que celles de leurs familles, de leurs communautés et de leurs pays.
La mobilisation des hommes et des garçons est requise pour transformer les rôles et les normes rigides qui ont mené aux inégalités.
Au bout du compte, l’égalité des genres avantage tout le monde.
Il convient également de formater les esprits des plus jeunes à la masculinité positive en mettant en place davantage de campagnes de sensibilisation et de prévention, en développant notamment dès l'école primaire, des classes, qui éduquent les enfants au respect de l'autre et à la sexualité, s'il on veut pouvoir espérer réduire le nombre de viols et la culture de violence à l'encontre des femmes en général.
C'est le combat à mener: convertir le patriarcat aux valeurs humanistes du féminisme ou à la masculinité positive et le tour est joué.