KHALIFA, UNE RÉALITÉ POLITIQUE !
EXCLUSIF SENEPLUS - Khalifa Ababacar Sall est l’incarnation illustrée de la dignité, de la persévérance, de la résistance, de la cohérence, de la constance et de l’endurance en politique
Vouloir soi-même organisé son maintien au pouvoir peut s’avérer en moyen insoupçonné d’accélérer son départ, qui n’était peut-être, même pas à l’ordre du jour.
Disons-le. Khalifa Ababacar Sall était un potentiel intrépide adversaire politique. Il est devenu un véritable dangereux adversaire politique. Par une force d’acharnement flagrante, les tenants du pouvoir on involontairement réussi la prouesse, d’en faire un incontestable phénomène. «Loin des yeux, prés du cœur», cet adage s’applique véritablement au maire de Dakar, toute exagération et proportions gardées. Les Dakarois l’avaient à l’œil, les sénégalais l’ont désormais dans le cœur. Et pour cause, Khalifa Ababacar Sall est l’incarnation illustrée de la dignité, de la persévérance, de la résistance, de la cohérence, de la constance et de l’endurance en politique. Son parcours pas toujours parcheminé d’embuches l’avait mené au pouvoir. Il fut à tour de rôle très jeune député, puis ministre. C’est en 2000 que son Parti se retrouve dans l’opposition. Il s’était alors particulièrement illustré dans sa posture d’opposant, comme du reste, ce fut le cas, alors qu’il était au pouvoir.
L’homme ne se débine pas devant ses responsabilités. Il ne les fuit pas et préfère plutôt les assumer. Dans une approche polie et courtoise dénuée d’écarts de langage, il a toujours su honorablement défendre sa position, fut-il au pouvoir comme dans l’opposition. Lorsque les sénégalais se sont unis dans un élan majoritaire, pour réclamer le départ des libéraux, Khalifa était de ce combat. Il s’est remarqué dans son Parti d’abord et a par la suite fortement soutenu le candidat de l’opposition au deuxième tour. Une fois s’être acquitté de cette charge, Khalifa Ababacar Sall, contrairement à la plupart des acteurs de la classe politique, n’a été demandeur de quoi que ce soit, ni pour lui, ni pour son entourage. Il a poursuit sa route sans tambours ni trompette. Cette approche désintéressée lui a valu d’être une seconde fois élu à la tête de la ville de Dakar. Une victoire obtenue haut la main malgré les énormes moyens déployés par le pouvoir, afin de lui barrer la route. Il est quand même venu à bout.
Voilà un monsieur qui tire sa légitimité de la volonté populaire exprimée par des électeurs. Des postes électifs et non plus nominatifs. Il a fallu de deux tournées à Tambacounda puis à Saint-Louis pour que des militants viennent à lui en foules. Une véritable marée humaine. Cette affluence contribua à davantage mettre en ébullition les tenants du pouvoir, toujours réticents de constater un potentiel adversaire engrangé autant de sympathie. Khalifa Ababacar Sall n’était encore qu’une source bouillonnante, mais une source qui, on peut le prévoir, par la force naissante des adhésions, les vertus qui de toutes parts s’attache à ses eaux et à la convergence des ruisseaux voisins, va devenir un grand fleuve.
Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar, député à l’Assemblée nationale purge une peine de cinq ans prononcée, après une détention préventive d’un an. Il est poursuivi dans l’affaire dite «de la caisse d’avance», une caisse considérée comme fonds politiques par ses partisans. Les avocats du maire et une partie de l’opinion soupçonnent un mécanisme de neutralisation envers un sérieux prétendant de la présidentielle prévue en février prochain tant, sa popularité finissait de pénétrer les contrées les plus reculées du pays. Quoi qu’il en soit, la gestion procédurale de cette affaire n’a pas toujours mis le gouvernement à l’abri des critiques. Les diligences observées dans la procédure, les tergiversations de l’Etat dans la levée de son immunité parlementaire et la tenue du procès alors qu’il y avait des appels pendants devant les juridictions supérieures ont renforcé les suspicions. Les avocats du maire de Dakar ont fait appel ce 25 mars.
L’accélération dans la programmation du procès en appel risque t- elle pas de donner raison, aux adeptes de la thèse de l’instrumentalisation, surtout quand on connaît le nombre d’affaires qui attendent d’être jugées en seconde instance ? L’Etat va t-il accélérer la tenue du procès, en appel pour obtenir une condamnation définitive du maire de Dakar, avant décembre dans le dessein de l’empêcher de briguer la magistrature suprême ? Wait and see !
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