DAKAR, CAPITALE DES MOUVEMENTS SOCIAUX D’AFRIQUE
Université populaire de l’engagement citoyen - Les leaders des mouvements «Balai citoyen» du Burkina Fasso, «Filimbi» de la RDC ou encore «Gum Sa Bop» de la Gambie sont tous à Dakar
Les leaders des mouvements «Balai citoyen» du Burkina Fasso, «Filimbi» de la RDC ou encore «Gum Sa Bop» de la Gambie sont tous à Dakar. Ils ont tous répondu à l’invitation du mouvement «Y’en a marre» dans le cadre de la première édition de l’UPEC. Une rencontre qui se tient depuis lundi, à la Place du Souvenir.
«Il n’y pas de destin forclos il n’y a que des responsabilités désertées». Tel est en substance le credo des différents leaders de mouvements sociaux qui ont fait le déplacement à Dakar pour assister à la première édition de l’Université Citoyenne. Le chanteur ivoirien, Tiken Dia Facoly, l’animateur de Couleurs Tropicales, à RFI, Claudy Siar ou encore le learder du mouvement Balai Citoyen, Smocky ont tous fait le déplacement. Cette rencontre qui se tient depuis lundi, à la Place du Souvenir, a pour objectif d’offrir un cadre de rencontre et d’échanges pour mener une réflexion introspective et prospective sur les mouvements citoyens et renforcer le réseau panafricain pour susciter un éveil mondial citoyen. Un des artisans de la chute du président Burkinabé Blaise Compaoré avec son mouvement Balai Citoyen, Smocky a soutenu que «l’université est une belle opportunité et une bonne initiative, un ballon d’essai à transformer parce qu’il ne suffit pas de se rencontrer pour que les choses aillent dans l’ordre où l’on voudrait qu’elles soient et il faut aller plus loin en faisant une belle autocritique».
L’activiste et chanteur, originaire du pays des «Hommes intègres» explique qu’il est venu à Dakar pour partager son expérience et recevoir aussi celle des autres et connaître leurs parcours. Cependant, il met en garde les leaders de ces mouvements sociaux. «Il faut savoir où on va et intégrer certaines formes de citoyenneté, d’organisations internes de sorte que nous ne reprenions pas les erreurs du passé », philosophe le chanteur Smocky qui souligne par ailleurs que «cette génération consciente doit comprendre qu’elle n’est pas celle qui commence le combat mais celle qui prend le relai et il doit forcément aboutir à une victoire». Dans une ambiance bon enfant avec des concerts et des projections de films, Smocky a invité ses camarades à pérenniser ce genre de rencontres et à mettre en place une plateforme regroupant les différents mouvements sociaux.
Pour sa part, Serge Mayamba, coordonnateur du mouvement citoyen Filimbi de la République Démocratique du Congo (RDC) qui subit une répression sanglante dans son pays, estime que «cette rencontre inspire l’esprit panafricain légué par nos anciens comme Kwamé Nkrumah et Patrice Lumumba». Selon M.Mayamba «cet échange nous permet d’approfondir la connaissance et de revoir ce que nous faisions pour qu’à l’avenir nous le faisions bien». «C’est la renaissance de la jeunesse africaine et nous espérons que l’idée, l’esprit africain d’unité restera pour toujours et avec cette rencontre, on va mutualiser nos énergies et on essaiera de revoir, de recadrer les combats citoyens que nous menons», se réjouit l’activiste congolais dont plusieurs de ses camarades sont en prison depuis le début de leur contestation contre le régime de Joseph Kabila. Même son de cloche pour Fadel Barro qui soutient que l’idée de L’UPEC est de permettre à la jeunesse africaine d’avoir son propre agenda. «Les jeunesses africaines ont conscience qu’ils ont le même destin et ils veulent le construire ensemble », souligne le coordonnateur du mouvement Y’en a marre qui a organisé cette université populaire de Dakar
FELWINE SARR : «ALLER CHERCHER LE PEUPLE QUI MANQUE»
Venu présenter une conférence sur une nouvelle utopie africaine Pr Felwine Sarr a indiqué que «cette initiative s’inscrit dans un dialogue entre plusieurs forces vives qui sont mues par le désir de changement sociétal». Cependant, l’écrivain recommande aux activistes «d’identifier les points nodaux, là où si on répond à cette question là par le même geste, on répond à plusieurs questions plutôt que d’être sur des questions d’ordre périphérique». «Et l’une des principales questions, c’est la decolonialité épistémique et c’est l’objectif de l’intelligence et du savoir», dit-il. «Il faut qu’on sorte de la mentalité de la répétition et qu’on arrête de subir cette violence épistémique du discours dominant», préconise l’enseignant. Et pour ce faire, il préconise qu’avec ce genre de rencontres : « D’aller chercher le peuple qui manque».